CinéMode : Gaultier fait son cinéma au Musée
Culture | Publié le 05/10/2021 08:32:14
Avec " CinéMode par Jean Paul Gaultier " La Cinémathèque française nous offre un voyage à la croisée du cinéma et de la mode. Où comment le 7ème art et la mode ont collaboré à travers les époques et les styles tissant un lien toujours plus fort. Une exposition orchestrée avec brio par le couturier Jean Paul Gaultier. Du 6 octobre 2021 au 16 janvier 2022, La Cinémathèque française de Paris avec le soutien de ”la Caixa” Foundation de Barcelone nous propose une incroyable exposition qui revient sur ce lien fort existant entre l'univers de la mode et le monde du cinéma. Avec pour commissaire général de l’exposition le créateur de mode français Jean Paul Gaultier qui a collaboré pour l'occasion avec Matthieu Orléan et Florence Tissot, commissaires associés. Jean-Paul Gaultier a également travaillé sur ce projet avec la réalisatrice Tonie Marshall, disparue entre temps.
CinéMode par Jean Paul Gaultier : une immersion dans le monde de la mode au cinéma et vice versa
Jean Paul Gaultier était probablement le couturier le plus légitime pour imaginer cette exposition. Depuis toujours il est passionné de cinéma et a collaboré avec les plus grands cinéastes comme l'espagnol Pedro Almodóvar ou Luc Besson sur le Cinquième Elément. Jean Paul Gaultier a développé très tôt ses passions pour la mode et le cinéma en découvrant dans sa jeunesse le film Falbalas, l’un des chefs-d’œuvre de Jacques Becker. Homme de spectacle reconnu, créateur de défilés comme des shows, Jean Paul Gaultier raconte et déploie à la Cinémathèque, son histoire personnelle du cinéma par le biais de la mode et c'est passionnant.
Quand on évoque le lien entre le cinéma et la mode, Jean Paul Gaultier est tout simplement incontournable. Tout au long de sa carrière le 7e art s'est imposé sur ses podiums. Et Dieu créa l'Homme (1985), Le Charme coincé de la bourgeoisie (automne-hiver 1985/86), James Blonde (2011), Sleepy Hollow (hiver 2006-2007) : les titres de ses défilés témoignent d'un mélange de genres, d'humour, de sexualisation, de cinéphilie et de pop culture. Très vite le cinéaste Pedro Almodóvar a trouvé le couturier idéal pour ses films, auxquels Gaultier est souvent associé en tant que costumier de cinéma. Mais il n'est pas le seul puisque le nom de Gaultier se retrouve au générique de plusieurs projets au cinéma : pour la première fois dans Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant (1989) de Peter Greenaway, à travers Catherine Deneuve dans Au plus près du paradis (2002) de son amie et réalisatrice Tonie Marshall (1951-2020), à qui l'exposition est dédiée. Mais encore de manière explosive dans Le Cinquième Élément de Luc Besson (1997), où des créatures intergalactiques hors normes font tout particulièrement état de la vision de l'humanité du couturier. Mais le couturier ne s'est pas arrêté là il a aussi transposé les codes du cinéma sur le défilé de mode qu'il a construit sur un scénario, une orchestration sonore et une scénographie élaborés en un spectacle proprement cinématographique.
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L'exposition nous permet de revivre quelques temps forts du cinéma mondial par le prisme de la mode. Redécouvrir des chefs-d'œuvre. Deux films trouvent une place particulièrement importante dans l'exposition. En tout premier lieu Falbalas, mélodrame de Jacques Becker (1945) dont l’histoire se situe dans l’effervescence d’une maison de couture d’après-guerre. Première école, film séminal par excellence, dont Gaultier transformera les images découvertes à l'âge de 13 ans en créations de mode. Le deuxième long métrage est Qui êtes-vous Polly Maggoo ? (1966) du photographe américain basé en France, William Klein. Regard aigu sur son époque, mise à nu de la téléréalité naissante, satire des délires égocentriques du milieu de la couture alors dominé par le Space Age : personne – du couturier misanthrope à la rédactrice en chef versatile – n'y est épargné. Parmi les autres films à l'honneur à la Cinémathèque on retrouve Blow-Up de Michelangelo Antonioni (1966), Barbarella de Roger Vadim (1968) et 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick (1968). D'autres films auront pour contexte le milieu de la mode comme The Women de George Cukor (1939), où le défilé de mode surgit comme une pause émerveillée en couleurs dans un film encore en noir et blanc.
CinéMode par Jean Paul Gaultier est aussi une plongée dans les représentations genrées, sur le grand écran et à travers les vêtements. On retrouve ainsi de véritables icônes d'Hollywood, telles Mae West et Marilyn Monroe. Mais aussi la star française Brigitte Bardot, maintes fois accusée d'outrages aux bonnes mœurs et à l'avant-garde d'une mode prêt-à-porter simple, jeune et insouciante. Les symboles masculins ne sont pas oubliés : John Wayne, Sylvester Stallone, Superman au célèbre justaucorps. On n'oublie pas Marlon Brando qui inaugure une nouvelle masculinité. Icône de cinéma, l'acteur influence la mode de la rue et une nouvelle génération d'hommes. Les années 70 et 80 ne sont pas oubliés avec là aussi des personnalités fortes comme Divine ou Jane Birkin.
L'exposition est divisée en 5 sections. la première est consacrée au film Falbalas qui a déclenché la vocation du couturier. L'occasion aussi de rendre hommage à son amie la cinéaste Tonie Marshall (1951-2020), fille de l’actrice Micheline Presle, que Jean Paul Gaultier découvre à 13 ans à la télévision dans Falbalas de Jacques Becker (1945). Les costumes du film ont été réalisés par Marcel Rochas, l’un des premiers couturiers à avoir compris que le cinéma pouvait servir de vitrine à ses créations. La deuxième Section évoque les archétypes féminins et masculins du grand écran. La Section 3 est celles des transgressions. La Section 3 s'intitule Metal Hurlant. Récurrent dans les films historiques, le métal est l’apanage des guerriers et des guerrières, dont la plus célèbre icône, Jeanne d’Arc, a été tour à tour interprétée par Jean Seberg, Sandrine Bonnaire ou Milla Jovovich. En 1968, c’est Jane Fonda qui, sous les traits de l’aventurière Barbarella, revêt une tunique psychédélique en métal, spécialement créée par Paco Rabanne. La dernière section est consacrée au Défilé de mode au cinéma. De Funny Face (Stanley Donen, 1957) au Diable s’habille en Prada (David Frankel, 2006) en passant par Absolument Fabuleux (Gabriel Aghion, 2001), la mode et ses personnages font le show au cinéma. Mais le cinéma est aussi sur les podiums puisque dans les années 1980, Jean Paul Gaultier, mais aussi Thierry Mugler ou Vivienne Westwood font du défilé de mode un spectacle à part entière.
CinéMode par Jean Gaultier nous raconte comment les vêtements ont été les complices du 7ème art et ont bousculés les codes et les valeurs. Une histoire passionnante et merveilleusement mise en scène.
Pendant toute la durée de l'exposition de nombreux projections sont programmées afin de découvrir la plupart des films évoqués. Vous pourrez aussi découvrir la troupe des « Burden of Quirk » qui se produira à l’occasion d’une projection unique et exceptionnelle de The Rocky Horror Picture Show présentée par Jean Paul Gaultier. Le couturier sera d'ailleurs présent pour présenter de nombreuses séances.
Infos pratiques :
La Cinémathèque française - 51 rue de Bercy, 75012 Paris
Accès Métro Bercy Lignes 6 et 14
Exposition Cinémode par Jean Paul Gaultier - Du 06/10/21 au 16/01/22
Horaires : Lu, Me à Ve : 12h-19h / WE : 11h-20h / Vacances scolaires et jours fériés : 10h-20h
Fermeture les mardis, le 25 décembre et le 1er mai.
Nocturne gratuite pour les moins de 26 ans le 1er jeudi du mois jusqu’à 21h sur réservation.
Tarifs : PT 12 € / TR 9,5 € / - de 18 ans 6 € / inclus dans l’abonnement Libre Pass
Réservation obligatoire du créneau de visite sur cinematheque.fr et fnac.com
Par MJK
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