Quelles ont été vos sources d’inspiration ?
Au départ, c’est le personnage de Germain Crèvecœur qui a mené une bonne partie de la construction du récit. Je voulais un créateur, un homme torturé par son passé, son héritage familial, et qui tente de trouver dans son art une forme de salut. Le monde de la mode, et plus particulièrement de la chaussure, était idéal pour ce roman parce qu’il créait un lien entre Germain Crèvecœur et les femmes, tout en ajoutant une part de rêve à son univers autrement très sombre. Et puis il y a eu Bayeux, la Tapisserie et cette maison étrange que j’ai souvent visitée et comme par magie, tout le reste s’est mis en place assez facilement. Une fois que la structure du livre était là, ce sont les personnages, et non plus moi, qui ont mené la danse.
On s’identifie facilement au personnage principal (de Romain), Est-ce voulu ?
Je ne sais pas si tous les lecteurs s’identifieront nécessairement à un fétichiste ! Mais il était important de comprendre en effet la mécanique avec laquelle ce personnage fonctionne. Romain est un arriviste, un séducteur hors pair, mais c’est aussi un homme en quête de sérénité. Il est tourmenté par son obsession des chaussures féminines et il tente désespérément de trouver une forme de normalité à travers son mariage avec Édith et sa vie dans le magasin de cordonnerie. Avec ce personnage assez fort, je voulais introduire l’excès et montrer le fantasme de la chaussure poussé à l’extrême. Toute la question sera maintenant de savoir comment cet homme va pouvoir devenir père et concilier sa folie avec le réel.
Êtes-vous vous-même une passionnée de chaussures ? de Mode ? Des créateurs qui vous font vibrer ?
Il est vrai que j’ai toujours adoré la mode et tout ce qui touche à la notion du beau en général. Mais je me suis surtout intéressée à l’univers des souliers historiquement et socialement pour construire ce roman. Il est absolument fascinant de voir à quel point l’évolution de l’esthétique des chaussures est tout à fait l’image de l’évolution de la femme dans la société, surtout au 20e siècle. Plus les femmes ont gagné en indépendance, plus les talons se sont levés et plus les peaux se sont montrées. Et puis l’univers des chaussures fascine toutes les femmes, quel que soit leur âge, et c’est pour cela que le soulier était un véhicule idéal pour ce roman et pour le personnage de créateur qu’est Germain. Entre nous, quelle femme n’a pas rêvé un jour d’une paire de Manolo…
Une suite est-elle prévue ?
Absolument. Le deuxième volet de la saga des Crèvecœur devrait paraître en juin 2014 aux Éditions La Bourdonnaye et s’intitulera Romain. Les lecteurs seront plongés dans la jeunesse tumultueuse de Germain Crèvecœur et ils pourront notamment découvrir les circonstances étranges dans lesquelles sa vocation pour la création de chaussures va naître. Mais je ne vous en dis pas plus …
Infos pratiques :
Les Crèvecoeur /Edith/ de Antonia MEDEIROS
Collection « Fictions »
186 p. - Prix : 12,99 €