Dans les coulisses de la Maison J.M Weston
Luxe | Publié le 05/12/2011 15:53:16
Dans ce monde où la délocalisation et la sous-traitance sont devenues incontournables pour un grand nombre de sociétés françaises il existe encore des bastions et des localités qui se battent pour la préservation de nos savoir-faire et de notre entité industrielle. En tant que magazine d'information féminin, Fashions-addict.com a toujours eu à cœur de défendre ces entreprises qui font notre richesse. Nous nous devons de soutenir le "Fabriqué en France", c'est notre fierté et peut-être même notre devoir. Après Zilli, après la Maison Lesage, après Alexandre de Paris, c'est au cœur du Limousin que nous sommes allés à la rencontre de la société J.M. Weston, réputée dans le monde entier pour ses chaussures de luxe.
Un peu d'Histoire ...
Si l'on connaît tous la marque J.M. Weston, on sait assez peu de chose sur l'histoire de cette maison très discrète. Rappel de quelques dates afin de mieux comprendre J.M Weston. C'est en 1891 qu'Edouard Blanchard installe sa manufacture de chaussures pour hommes et femmes dans le Limousin région réputée pour son travail du cuir. Cette homme sera rapidement rejoint par son fils. Eugene est ambitieux et en 1904 il se rend aux Etats-Unis pour découvrir la technique du cousu Goodyear. Ce voyage à Weston va changer son approche du métier de chausseur. Un peu plus tard à Paris il rencontre un dandy du nom de Viard avec qui il collabore. En 1922 le nom J.M Weston est déposé et une boutique voit le jour. L'histoire de J.M. Weston était lancée. Après la seconde guerre mondiale la maison développe le Mocassin qui deviendra un objet culte. Dès lors la société J.M. Weston ne cesse de grandir et des boutiques ouvrent un peu partout dans le monde.
Au commencement, la semelle ...
Dans une chaussure la pièce maîtresse s'est bien la semelle et J.M. Weston l'a bien compris, l'entreprise est la seule marque de chaussures à posséder sa propre tannerie de cuir à semelle. Située à Saint-Léonard-de-Noblat elle en a fait l'acquisition en 1980. C'est dans ce lieu qu'arrive les peaux des vaches de races Algoyer et Simmental, des vaches de montagne réputées pour leur peau rustique. Une dizaine de personnes travaillent dans cette tannerie végétale.
Les peaux sont ensuite traitées et il faudra plus d'un an pour finaliser le tannage naturel. Un procédé très long qui se fait en plusieurs étapes. Les peaux sont plongées dans des bassins chargés en tanins végétaux, on appelle cela "la Basserie". Les peaux passent dans différents tonneaux où elles restent entre 6 et 8 heures. La deuxième étape appelé "le foulon" consiste à mettre les peaux en foulon afin d'homogénéiser le tannage. Les peaux trempent dans de l'eau avec de l'écorce de châtaignier pendant 40 jours. Puis c'est l'heure de la dernièe étape "la mise en forme" où les peaux reposent environ 12 mois entre des écorces de chênes broyées. Cette technique et le temps pris pour réaliser le cuir naturel des semelles font l'une des spécificités des chaussures J.M. Weston.

Les différentes étapes du tannage
200 personnes pour 200 opérations ....
Il est temps pour la chaussure de prendre forme. C'est donc à la Manufacture de Limoges qu'elle va naître. Il faudra pas moins de 200 opérations et manipulations pour qu'elle soit finalisée. Tout démarre par les découpes. Faites à la main pour les peaux les plus nobles. A la machine pour les autres. Ce sont les toutes premières étapes de création de la chaussure. Il fuadra deux mois avant d'aboutir au résultat final. Après la découpe l'opération suivante est le cambrage. Différent pour chaque pointure du 5 au 13, ici nous sommes en taille anglaise. Puis les étapes de piquages, de découpe de semelles, de montage ...
Dans "l'entrepôt du cuir" on stocke les découpes pour humidifier le cuir dans un air très humide. Après cette salle le cuir passe au montage, puis le collage, la couture pour que les semelles soient bien fixées. Puis les doublures en veau, les contreforts en cuir .... Un travail d'artisan entre patience et savoir-faire. Le "cousu Goodyear" est une sorte de signature pour cette maison française, il apporte une précision et un confort exceptionnel. Aujourd'hui la maison J.M. Weston compte 95% d'hommes dans sa clientèle mais elle fournit aussi des institutions comme la Garde Républicaine. 75 000 paires de chaussures sortent de cette manufacture chaque année et cela depuis 120 ans .... Ainsi on comprend mieux le prix d'un mocassin J.M. Weston (environ 600 euros) .... Comme toujours dans le luxe tout est affaire de temps, de qualité et de savoir-faire. C'est notre richesse artisanale que l'on doit défendre et préserver.
Par Marie Joe Kenfack
Quelques modèles finalisés dont à droite une version du célèbre Mocassin par Jean-Charles de Castelbajac
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