Débat sur le projet de loi pour lutter contre l’anorexie

News | Publié le 15/04/2008 12:49:03
Ce mardi 15 avril, l'assemblée nationale débat sur le projet de loi de Mme Valérie Boyer visant à combattre l'incitation à l'anorexie. Un projet qui prévoit deux ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende pour l’incitation à la maigreur excessive, notamment par la publicité quel qu’en soit le mode. Peines portées à trois ans et 45 000 € en cas de décès.

C'est la première fois que le Parlement devra statuer sur cette question de santé publique qu'est l'anorexie. En effet, l’anorexie est une maladie qui constitue non seulement un grand enjeu de santé publique mais aussi, « tant se trouve liée aux représentations du corps féminin dans nos sociétés, le symptôme d’une sorte de malaise dans la civilisation sur lequel les médecins mais aussi les philosophes, les sociologues et les psychologues auraient beaucoup à dire et beaucoup à nous apprendre », comme l’a très justement souligné la ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative, Mme Roselyne Bachelot.
Le projet de loi n'a pas pour but de résoudre, notamment en matière de santé, les problèmes liés à l'anorexie mais de prévenir certaines dérives, en luttant plus efficacement contre le développement des incitations à l’adoption de comportements alimentaires qui peuvent menacer la santé, voire la vie des personnes les plus fragiles, et de ne pas se résoudre à l’idée que l’on puisse continuer à faire des icônes de ces corps décharnés.

Gérald Marie (Président d’Elite) donne son point de vue sur ce sujet

Lors de la préparation de la finale internationale du Casting Elite qui se déroulera le 21 avril à Prague, la rédaction de fashions-addict.com a rencontré Gérald Marie co-fondateur de l’agence Elite et actuel président d’Elite Model Management, l’occasion d’évoquer avec lui ce sujet.

fashions-addict.com : L’an dernier, lors de la demi-finale du casting Elite nous avions été frappés par la maigreur d’une des candidates. Le jury ne l’avait pas retenu et lui avait conseillé de prendre du poids. Pouvez-vous nous dire ce qu’il s’est passé par la suite.
Gerald Marie : "Elle est revenue nous voir accompagnée de sa grand-mère, elle a pris du poids et elle travaille. Elle était extrêmement menue au moment du casting. C’est une enfant qui a eu des problèmes familiaux avec ses parents, elle a été élevée par sa grand-mère, elle a subit des chocs psychiques assez importants. Elle était limite anorexique. La grand-mère a fait un énorme travail, elles ont suivi nos conseils et quelques mois après on a vu revenir une gosse radieuse. Maintenant elle travaille même très bien. Dans le cas précis on est tombé sur un entourage familial qui s’est senti concerné. On n'est pas magicien, quand des jeunes filles viennent nous voir et qu’on soupçonne de l’anorexie, on essaye de les diriger vers les médecins, psychanalystes ou psychologues qui peuvent les aider. Mais on a besoin de l’accord et de l’apport des familles. Parce que ce problème concerne surtout des « gamines ». Les mannequins professionnelles qui travaillent depuis longtemps ne tombent pas généralement dans ce travers là car elles savent qu’elles s’éliminent elle-même sinon.
C’est un métier qui sera toujours destiné à des filles fines mais pas anorexique. L’anorexie est un vrai fléau que nous ne pouvons contrarier seuls. Il faut que les alertes soient données à tout les niveaux, dans l’entourage éducatif et familial notamment.
"

fashions-addict.com : Vous êtes donc satisfait qu'une charte pour lutter contre l’anorexie notamment dans le milieu de la mode soit mise en place ?
Gerald Marie : "Cela m’interpelle en effet mais je trouve que cette charte a été définie d'une façon un peu rapide. Il n’y a pas vraiment eu d’atelier de réflexions sur le sujet ni de concertations entre les professionnels. On a plus l’impression que certaines personnes ont trouvé là un bon cheval de communication et ont pris des décisions sans être vraiment en relation avec les professionnels, avec les éducateurs, avec les familles. Pour l’instant le projet est un peu alambiqué, il faudrait que les professionnels interviennent plus et travaillent vraiment à un projet constructif. L’anorexie n’est pas un phénomène nouveau cela existe depuis que le monde existe. Il faudrait aussi se pencher sur l’enfance. On distribue aux jeunes filles dès leur plus jeune âge des poupées très fines dont je ne dirais pas le nom. Ces poupées sont la première image qu’ont les enfants de la femme. La plupart des filles veulent ressembler à leur poupée quand elles seront grandes."»

fashions-addict.com : Vous qui dirigez une grande agence de mannequins, quels conseils donneriez-vous aux jeunes filles qui rêvent de faire ce métier ?
Gerald Marie : "Déjà pour devenir mannequin, il faut avoir les atouts. Tout d’abord il faut être très jolie. Une fille qui n’est pas très jolie, elle n’y est pour rien mais on ne peut rien faire. On n’est pas les seules décisionnaires, par la suite il faudra l’emmener vers des gens plus pénibles que nous comme les annonceurs, les groupes de cosmétiques, de parfums, de mode et des magazines qui sont très sélectifs. Les critères de sélection sont de plus en plus pointus, les jeunes filles ont des hygiènes de vie impeccables. C’est comme dans le sport de haut niveau, il y a beaucoup de candidats et peu d’élus.
Le conseil que je pourrais donner c’est de « tenter », de « respecter » les mensurations demandées au départ. Si on ne fait pas 1m72 minimum ce n’est pas la peine ou alors il faut être d’une extrême beauté, même Kate Moss dont on dit qu’elle est petite , elle fait quand même 1m74. Après l’hygiène de vie doit être du niveau de certains athlètes. Il faut beaucoup dormir, bien se nourrir, se relaxer, être passionné par ce que l’on fait et se cultiver en même temps car on a des chances de travailler avec des artistes incroyables.
Je dis souvent que ce métier est comparable à un athlète de haut niveau, il faut se battre, c’est un métier difficile, je dirais même très difficile.
"

Propos recueillis par Marie-Joe Kenfack
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