Défilés de haute couture : des sentiments mitigés !!!
Defiles | Publié le 04/07/2008 09:19:30
Les défilés de haute couture pour l'automne-hiver prochain, qui se sont achevés jeudi, ont proposé des vestiaires assagis destinés à séduire la clientèle fortunée dans un contexte mondial morose. C'était "moins exubérant que d'habitude, cette saison est un peu calme", constate Donald Potard, agent artistique pour créateurs de mode, à propos des quatre jours de défilés parisiens. "Il y a une orientation générale qui va vers un certain apaisement", estime aussi Florence Müller, professeur à l'Institut Français de la Mode.
Cet assagissement a été particulièrement perceptible dans la collection de John Galliano pour Christian Dior. Le créateur britannique a dessiné une garde-robe d'une élégance époustouflante mais beaucoup moins extravagante que d'habitude. Il a multiplié les références au fondateur de la maison de couture et renoncé aux coiffures hors normes et maquillages outranciers qui étaient sa marque de fabrique.
Selon Mme Müller, l'assagissement observé dans de nombreuses collections conduit à "une sorte de nouveau classicisme" sans nostalgie ni passéisme. Les couturiers ont simplement "pris la mesure de l'air du temps, d'une certaine attente des femmes d'un vêtement qui les rend belles". Pour M. Potard, les créateurs "traduisent par leur mode des comportements sociaux, un état de la société". Or "on est dans une période de morosité totale". "Il y a aussi quelque part un rejet du bling-bling", ajoute-t-il. Peu de pierreries ont en effet brillé sur les podiums. Même Christian Lacroix a surtout brodé ses dentelles noires de jais, dans une collection plutôt sombre, avec cependant des éclats de couleurs vives. Assagissement ne signifie pas "renoncement", au contraire, "c'est pour aller aux sources d'un raffinement, d'une élégance", estime Mme Müller. "Ce qu'on a perdu en extravagance, on l'a gagné en élégance", résume M. Potard. Pour Béatrice Ferrant, de la jeune griffe Lefranc-Ferrant, si la haute couture et le prêt-à-porter de luxe s'assagissent, c'est parce qu'"il faut lisser, plaire au plus grand nombre". "Il y a une sorte de réalisme qui prévaut", estime l'historienne de la mode Lydia Kamitsis.
Les défilés ont aussi montré "une quête de virtuosité", souligne Mme Müller. C'était le cas en particulier chez Dior, Chanel, Gaultier avec son travail sur les structures de robes à crinoline, ou encore Givenchy pour qui le styliste Riccardo Tisci a poursuivi son travail sur les volumes. Beaucoup de créateurs ont mis l'accent sur la taille, soulignée par des tubulures inspirées d'un orgue chez Chanel, prise dans une ceinture-corset chez Dior. Les manches, souvent gonflées, et les cols ont été très travaillés.
La semaine a aussi montré la fragilité de certaines griffes. La petite maison Franck Sorbier n'a pu présenter que deux modèles de la collection prévue en raison de difficultés financières de dernière minute. L'Italien Maurizio Galante a proposé un manteau et quatre robes, la plupart en organza, des sacs et quelques petits meubles, le tout sous les arcades du Palais Royal.
La semaine s'est terminée sur un pied-de-nez. La créatrice Ma Ke, première Chinoise invitée dans le calendrier avec sa marque Wuyong, a proposé des vêtements de paysans réalisés dans des toiles de coton tissées, teintes et cousues à la main. Elle affirme rechercher des "qualités spirituelles" en "opposition complète avec les tendances de la mode moderne" et veut que "les vêtements retournent à leur simplicité originelle".
Par L.L
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