Le défilé Dior est depuis toujours l'un des temps forts de la fashion week parisienne dédiée à la Haute Couture. Si certains pouvaient encore avoir des doutes sur la légitimité de Maria Grazia Chiuri à la tête de la direction artistique de la maison Dior, la créatrice italienne a mis définitivement tout le monde d'accord avec cette collection été 2020-2021 absolument remarquable.
Des looks dignes d'un péplum
A l'occasion de cette collection haute couture printemps-été 2020, la créatrice Maria Grazia Chiuri poursuit sa réflexion engagée sur la complexité des rapports entre féminisme et féminité. Écrin du défilé, l'œuvre monumentale The Female Divine, spécialement conçue par l'artiste américaine Judy Chicago et figurant le corps d'une déesse, illumine les silhouettes à la beauté triomphante. Reflet de cette puissance créative, le péplum, au caractère essentiel et atemporel (décidément à la mode chez Dior), est sublimé par le savoir-faire virtuose de la maison française. Une palette de couleurs douces et des tissus plus masculins, magnifiés par l'or, ponctuent ces modèles d'exception empreints de spiritualité.
Le message « What if Women Ruled the World ? » attire les regards dans ce décor grandiose. Cette question engagée, soulevée par Judy Chicago est au cœur des inspirations des créations haute couture printemps-été 2020. Pour Maria Grazia Chiuri, chaque collection offre l’occasion d’étudier un sujet précis et participe à l’évolution de sa démarche singulière. En s’ouvrant à d’autres pensées, elle souhaite saisir la complexité des rapports entre féminisme et féminité. Consciente du lien fondamental entre la mode et le corps, elle le redessine, tel un manifeste. De cette philosophie naissent des rencontres avec des écrivaines, des chercheuses ou des artistes, avec lesquelles la Directrice Artistique dialogue pour imaginer le décor et l’esprit de ses défilés. The Female Divine, l’installation spécialement conçue par Judy Chicago dans le jardin du musée Rodin, est à la fois un refuge, une scène et une oeuvre monumentale. Mais, elle est surtout l’éloge et la réappropriation d’un pouvoir ancestral au-delà de l’idée de procréation. Maria Grazia Chiuri met en lumière la vision de cette pionnière, fondatrice de l’art féministe américain, ayant redonné vie à une conception divine de la féminité, triomphante, maîtresse de ses choix.
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Le péplum, vêtement d’une modernité atemporelle, se décline en robes de soirée. Le drapé, de sa ligne épurée, épouse et structure les silhouettes, telles les vestes cintrées aux cols amples, les jupes et pantalons qui se transposent en smoking dans des matières plus masculines – comme le pied-de-poule et le chevron – tissées avec de l’or. Revenir aux origines de ces parures antiques prolonge l’interrogation « Are Clothes Modern? » – fil d’Ariane du processus créatif de Maria Grazia Chiuri – tout en sublimant les codes de Dior. Ces nouvelles réinterprétations se colorent d’une palette merveilleuse et sont embrassées par des cordons tressés.
Pour réaliser ses looks, la Directrice Artistique s’est inspirée des représentations classiques des déesses à l’instar d’Athéna. Son allure majestueuse est une allégorie néoplatonicienne de la beauté, magnifiée par des oeuvres iconiques comme la Victoire de Samothrace ou encore Le Printemps de Sandro Botticelli, conjuguant force intellectuelle et harmonie esthétique. Motifs essentiels de cette collection : des épis de blé, dorés et nourriciers, rappellent une fois encore l’inaltérable puissance créatrice des femmes.
On a également beaucoup aimé la musique du défilé avec la chanson "Ashes to ashes" de Jenny Hval extraite de l'album "The Practice of love".
Par la rédaction avec Dior