Fastes de Cour & Cérémonies Royales, l’habit fait l’Histoire
Culture | Publié le 06/04/2009 07:29:29
La France possède l’un des patrimoines historiques et culturels les plus riches au monde, des chercheurs, des conservateurs, des passionnés nous font partager ces trésors lors d’expositions et rétrospectives exceptionnelles. C’est le cas avec l’exposition « Fastes de Cour & Cérémonies Royales » qui se tient dans le cadre unique du Château de Versailles jusqu’au 28 juin 2009. Un retour sur un riche passé qui séduira aussi bien les amateurs de Mode, de Textile, d’Histoire ou tout simplement de Mode de vie. Pas moins de 13 ans auront été nécessaires aux conservateurs pour mettre sur pied cette exposition pionnière nous permettant d’imaginer la splendeur du costume des souverains à la cour de France.
Dans cette exposition on retrouve plus de 200 œuvres (costumes, joyaux, iconographies) qui retracent l’histoire du costume de cour en Europe entre 1650 et 1800. Des costumes venus de toute l’Europe puisqu’en France il ne subsiste qu’un nombre très limité de vêtements dits de cour, cela pour de multiples raisons dont les destructions liées à la Révolution Française. Mais également au manque de volonté de conserver de telles pièces, l’usage voulait qu’on abandonne les habits royaux de l’année aux officiers et dames d’atours, parfois les vêtements étaient revendus chez les fripiers parisiens.
C’est pourquoi l’exposition s’est enrichie de pièces issues de collections parfois privées en provenance de nombreux pays européens. Pour la première il est possible de voir des vêtements issus des collections royales de Londres, de Dresde, du Danemark (château de Rosenborg), de Suède, des tsars de Russie (Musée de l’Ermitage) et de la cathédrale de Cologne.
Grâce à ces collections historiques nous pouvons imaginer la splendeur des costumes de souverains et les symboles liés aux vêtements. Si de nos jours la tenue vestimentaire est symbolique et messagère, dès les XVII et XVIII ème siècles elle fût le symbole d’une hiérarchie. Un vêtement souvent lié aux grands événements de la vie des souverains, tels que scare et couronnement, cérémonies d’ordre, mariage, festivités. Un vestiaire européen qui a subit l’influence de la mode française. Par exemple, l’habit trois-pièces dit « habit à la française » et le grand habit féminin, probablement élaborés à la cour de Louis XIV se sont imposés au XVII et XVIII ème siècle dans toutes les cours d’Europe. Une influence de la mode française qui sert de fil rouge à l’exposition aux travers notamment de costumes confectionnés en France puis exportés comme un costume suédois de 1654 ou un habit de cour russe de 1796 prouvant le rayonnement de la France en matière de Mode et de Luxe avant et après Versailles.
L’exposition se découvre au travers un parcours en sept étapes : le costume royal français, le scare et les ordres royaux, mariages et cérémonies d’Etat, le grand habit, les fastes religieux, la journée d’un Roi, la mode et le costume de cour. Une vision unique de la mode au temps des rois.
La salle 1 s’ouvre sur une introduction au costume royal par une galerie de portraits dont ceux des rois Louis XIV, Louis XV, Louis XVI. Des œuvres qui montrent le décalage entre la réalité du costume de sacre et sa représentation montrant ainsi que derrière le costume de cour se cache un discours politique et déjà médiatique. Le Sacre et les ordres royaux vous entraîneront vers le faste des costumes, le luxe des vêtements, les liens entre mode et ordres. Les grands ordres dynastiques européens comme le Saint-Esprit en France, la Toison d’Or en Autriche et la Jarretière en Angleterre sont ici représentés. L’occasion de voir dans cette salle 2, des habits de couronnement, des robes de cour et même la couronne du sacre de Louis XV conçue par le joaillier Claude Rondé. Petite anecdote, les pierres précieuses furent démontées le lendemain de la cérémonie, remplacées par des imitations et réutilisées ailleurs.
La salle des Mariages et cérémonies d’Etat offre une autre vision des fastes de cour. La pièce maîtresse de cette salle est l’habit de mariage du prince héritier futur Gustave III de Suède. Un costume exceptionnel « à la française » composé d’un justaucorps, d’une veste et d’une culotte confectionnés dans un drap d’argent lisse et nacré qui constitue le fond de prodigieuses applications brodées de paillons bleus, de paillettes et de fil d’or. La salle du Grand Habit montre l’hégémonie du grand habit féminin en Europe grâce à la présentation d’un grand habit de poupée mannequin, les précurseurs des mannequins de vitrines actuels. Véritable prototype, les pièces présentés sur les poupées étaient les modèles auxquels il fallait se conformer. Cette œuvre exceptionnelle montre bien les trois pièces essentielles du grand habit de cour : le grand corps de robe, baleiné, très rigide avec un large décolleté et un départ de manches, la jupe, sur un large panier, et enfin le bas de robe ou queue (la traîne) … Il fallait 24 à 26 mètres de tissus pour une telle robe qui servait une seule fois et qui coûtait très chère (presque 10 fois le budget annuel d’un ouvrier tisseur).
La salle des Fastes Religieux montre à quel point le costume religieux peut véhiculer lui aussi un vrai message politique afin d’imposer pouvoir et autorité. La salle 6 où la Journée d’un roi est particulièrement intéressante avec différents habits. Le levé du roi avec par exemple la Robe de chambre du roi Frédéric IV du Danemark ou un habit de chasse donné par Louis XV au roi Christian VII du Danemark, montrant ainsi qu’à la cour il fallait changer plusieurs fois d’habits au cours d’une journée.
Le thème final de l’exposition, la salle 7, La Mode et le costume de cour montre l’influence qu’a pu avoir la mode sur le costume de cour au cours des siècles. On découvre ainsi une robe parée très à la mode dans les années 1780-1785 mais aussi une paire de chaussures blanches d’homme à talons rouges portées à la cour de Louis XIV. Des chaussures destinées à être portées par un souverain ou un courtisan qui étaient le signe d’une élégance particulière.
Si le pari était difficile de réunir ces pièces de collection, il était encore plus difficile de les exposer de manière originale avec les contraintes liées à la conservation et à la protection de telles pièces. Une scénographie parfaitement adaptée nous permet de revivre chaque moment lié au costume présenté grâce à des mises en situation. Pour animer et accompagner le défilé des costumes de véritable fond-décors ont été réalisés illustrant parfaitement les scènes de la vie de roi comme les couronnements, bals ou chasses. Majestueux travail offrant une belle perspective à l’exposition évitant ainsi la sacro-sainte déambulation autour de vitrines. Les mises en lumières et couleurs donnent également un relief exceptionnel aux différentes salles.
A noter que l’exposition « Fastes de Cour & Cérémonies Royales » réalisée sous la direction de Pierre Arizzoli-Clémentel et Pascale Gorguet-Ballesteros a été possible grâce au mécénat de Chanel et au soutien de la Réunion des musées nationaux. Si vous aimez la mode et l’histoire cette exposition est LA visite culturelle à faire ce printemps. Elle permet de découvrir un mode de vie, l’influence de la mode dans l’Histoire et les fastes d’antan. Incontournable.
Par Marie Joe Kenfack
INFOS PRATIQUES :
Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles
RP 834 - 78008 Versailles Cedex
Lieux d’exposition : Salles d’Afrique et de Crimée du château de Versailles
Horaires d’ouverture :
L’exposition est ouverte tous les jours sauf le lundi de 9h00 à 8h30 (dernière admission à 18h00)
Tarifs : 15 € (château + exposition), tarif réduit 11,50 €
Visites libres - Renseignements au 01 30 83 78 00 A lire également :
- Un rêve de château et de belles époques…
- Le regard de Karl Lagerfeld sur Versailles
C’est pourquoi l’exposition s’est enrichie de pièces issues de collections parfois privées en provenance de nombreux pays européens. Pour la première il est possible de voir des vêtements issus des collections royales de Londres, de Dresde, du Danemark (château de Rosenborg), de Suède, des tsars de Russie (Musée de l’Ermitage) et de la cathédrale de Cologne.
La salle 1 s’ouvre sur une introduction au costume royal par une galerie de portraits dont ceux des rois Louis XIV, Louis XV, Louis XVI. Des œuvres qui montrent le décalage entre la réalité du costume de sacre et sa représentation montrant ainsi que derrière le costume de cour se cache un discours politique et déjà médiatique. Le Sacre et les ordres royaux vous entraîneront vers le faste des costumes, le luxe des vêtements, les liens entre mode et ordres. Les grands ordres dynastiques européens comme le Saint-Esprit en France, la Toison d’Or en Autriche et la Jarretière en Angleterre sont ici représentés. L’occasion de voir dans cette salle 2, des habits de couronnement, des robes de cour et même la couronne du sacre de Louis XV conçue par le joaillier Claude Rondé. Petite anecdote, les pierres précieuses furent démontées le lendemain de la cérémonie, remplacées par des imitations et réutilisées ailleurs.
La salle des Mariages et cérémonies d’Etat offre une autre vision des fastes de cour. La pièce maîtresse de cette salle est l’habit de mariage du prince héritier futur Gustave III de Suède. Un costume exceptionnel « à la française » composé d’un justaucorps, d’une veste et d’une culotte confectionnés dans un drap d’argent lisse et nacré qui constitue le fond de prodigieuses applications brodées de paillons bleus, de paillettes et de fil d’or. La salle du Grand Habit montre l’hégémonie du grand habit féminin en Europe grâce à la présentation d’un grand habit de poupée mannequin, les précurseurs des mannequins de vitrines actuels. Véritable prototype, les pièces présentés sur les poupées étaient les modèles auxquels il fallait se conformer. Cette œuvre exceptionnelle montre bien les trois pièces essentielles du grand habit de cour : le grand corps de robe, baleiné, très rigide avec un large décolleté et un départ de manches, la jupe, sur un large panier, et enfin le bas de robe ou queue (la traîne) … Il fallait 24 à 26 mètres de tissus pour une telle robe qui servait une seule fois et qui coûtait très chère (presque 10 fois le budget annuel d’un ouvrier tisseur).
La salle des Fastes Religieux montre à quel point le costume religieux peut véhiculer lui aussi un vrai message politique afin d’imposer pouvoir et autorité. La salle 6 où la Journée d’un roi est particulièrement intéressante avec différents habits. Le levé du roi avec par exemple la Robe de chambre du roi Frédéric IV du Danemark ou un habit de chasse donné par Louis XV au roi Christian VII du Danemark, montrant ainsi qu’à la cour il fallait changer plusieurs fois d’habits au cours d’une journée.
Le thème final de l’exposition, la salle 7, La Mode et le costume de cour montre l’influence qu’a pu avoir la mode sur le costume de cour au cours des siècles. On découvre ainsi une robe parée très à la mode dans les années 1780-1785 mais aussi une paire de chaussures blanches d’homme à talons rouges portées à la cour de Louis XIV. Des chaussures destinées à être portées par un souverain ou un courtisan qui étaient le signe d’une élégance particulière.
Si le pari était difficile de réunir ces pièces de collection, il était encore plus difficile de les exposer de manière originale avec les contraintes liées à la conservation et à la protection de telles pièces. Une scénographie parfaitement adaptée nous permet de revivre chaque moment lié au costume présenté grâce à des mises en situation. Pour animer et accompagner le défilé des costumes de véritable fond-décors ont été réalisés illustrant parfaitement les scènes de la vie de roi comme les couronnements, bals ou chasses. Majestueux travail offrant une belle perspective à l’exposition évitant ainsi la sacro-sainte déambulation autour de vitrines. Les mises en lumières et couleurs donnent également un relief exceptionnel aux différentes salles.
A noter que l’exposition « Fastes de Cour & Cérémonies Royales » réalisée sous la direction de Pierre Arizzoli-Clémentel et Pascale Gorguet-Ballesteros a été possible grâce au mécénat de Chanel et au soutien de la Réunion des musées nationaux. Si vous aimez la mode et l’histoire cette exposition est LA visite culturelle à faire ce printemps. Elle permet de découvrir un mode de vie, l’influence de la mode dans l’Histoire et les fastes d’antan. Incontournable.
Par Marie Joe Kenfack
INFOS PRATIQUES :Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles
RP 834 - 78008 Versailles Cedex
Lieux d’exposition : Salles d’Afrique et de Crimée du château de Versailles
Horaires d’ouverture :
L’exposition est ouverte tous les jours sauf le lundi de 9h00 à 8h30 (dernière admission à 18h00)
Tarifs : 15 € (château + exposition), tarif réduit 11,50 €
Visites libres - Renseignements au 01 30 83 78 00 A lire également :
- Un rêve de château et de belles époques…
- Le regard de Karl Lagerfeld sur Versailles
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