Femmes de pouvoir & Fans de mode ...

Mode | Publié le 04/07/2011 14:48:32
Selon un vieil adage, l'habit ne fait pas le moine. Certes mais il y contribue. Et ceux qui disent le contraire sont de fieffés menteurs. Nos hommes et femmes politiques ou dirigeants de grosses entreprises n'échappent pas à la règle.
Les hommes enfilent un uniforme, le fameux costume/cravate, pour les femmes l'exercice est plus délicat. Mises sur le devant de la scène, elles doivent séduire, convaincre et en même temps affirmer leur sérieux et leur compétence. Le tout en un seul coup d'œil. Oui, le monde est injuste. On regarde avec plus d'attention une jolie femme. Jolie certes, mais pas trop. Séduisante, oui, mais encore une fois, pas trop. Sinon, on risque de se perdre dans la contemplation de son décolleté et d'en oublier ce qu'elle a à nous dire. Bref, le look se manie avec doigté et professionnalisme. Le faux pas peut être fatal.

Un équilibre délicat à trouver

Elles doivent donc réussir l'exploit d'être attirantes sans pour autant attirer l'attention sur elles par leur tenue, un équilibre délicat à trouver. D'où le succès des experts en communication et en relooking. Etre naturel demande, en fait, beaucoup de travail. Elles doivent donner l'impression d'être comme nous, accessibles et réelles. Le but ultime étant de ne pas laisser paraitre combien cette apparence naturelle leur a demandé d'heures de préparation. Mais comment y échapper, alors que les magazines people décortiquent à longueur de pages le look des actrices mais aussi celui de toutes les personnes connues, à la recherche de la moindre bavure vestimentaire. Et de donner leurs commentaires sur le chapeau, la robe, le bijou, le sac... Et de gloser sur le look très Jackie Kennedy de Carla Bruni-Sarkozy, de railler l'allure très « brut de décoffrage » d'Angela Merkel, de s'extasier sur les escarpins de Rachida Dati. Elle a créé le buzz en décembre 2007 en posant en tenue Dior, bas résille, bottes à talons hauts. Ses conseillers lui avaient recommandé de renoncer à ces photos. Mais elle a tenu bon, affirmant qu'on avait le droit d'être ministre et coquette. Un acte courageux qui lui a valu bien des remarques.

" La mode est la forme la plus personnelle de la communication dont nous disposons .. "

Robin Givlan, rédactrice en chef mode d’un des plus réputés quotidiens outre-Atlantique, affirmait lors d'une interview : « La mode est la forme la plus personnelle de la communication dont nous disposons. Elle exprime qui nous sommes, et, plus important encore, elle exprime la façon dont nous voulons être perçus. »
Les hommes politiques ont acquis ces réflexes vestimentaires. Dès qu'ils s'adressent; par exemple, à un parterre d'ouvriers, ils tombent la veste et remontent leur manche de chemise. Une façon de signifier : Je suis l'un des vôtres. Ou bien encore lorsqu'ils acceptent de porter une casquette au logo d'un syndicat. Un moyen non verbal d'indiquer qu'ils cherchent à intégrer, s'infiltrer dans cette tribu. Instinctivement on a tendance à se sentir plus à l'aise avec des personnes vêtues comme nous.
Dominique Voynet confiait, déjà en 2002 : « Si on arrive dans une réunion publique en jean, les gens sont vexés, ils pensent qu'on ne les prend pas au sérieux. Si on est trop sophistiquée, ils se disent : Pour qui elle se prend celle-là. » Ardu pour les femmes de trouver la bonne tenue. Pendant longtemps, elles ont cherché « leur » uniforme. Ce fut le tailleur. Actuellement, un mouvement s'amorce. Elles tentent enfin de s'en affranchir et ne veulent plus calquer leur dress code sur celui des hommes. Le temps de revendiquer leur féminité, sans renoncer au pouvoir, est arrivé. Oui, talon aiguille, jupe étroite et haut moulant, si le tout reste décent bien évidemment, sont compatibles. On peut être belle et intelligente. Michèle Alliot-Marie, adepte des tailleurs pantalons, apporte chaque fois une touche personnelle et féminine à ses tenues avec son célèbre jeté de châle. Christine Lagarde, avocate réputée, ex-ministre de l’Economie et des Finances, et directrice générale du FMI (Fonds monétaire international) depuis le 5 juillet, a toujours affirmé son goût pour la mode. Déjà en 2006, alors ministre déléguée au Commerce extérieur, elle soulignait que le secteur de la mode était « un vecteur d’exportation important ». Quelques année plus tard lors d’une interview, elle affirmait encore sur un ton plus personnel : « J’adore la mode, c’est un fleuron français. Ma mère m’a transmis un sens de l’élégance avec assez peu de moyens, ce qui est assez typique de la Parisienne, telle qu’elle est romantiquement imaginée à l’extérieur .» Et elle assiste volontiers aux défilés haute couture, Chanel en tête. Elle a un style bien à elle. Classique et chic, le plus souvent dans des couleurs relativement sombres qu’elle agrémente d’ accessoires et d’une touche de couleur, surtout pour ses foulards. Ses vêtements aux coupes impeccables bien qu’un peu strictes, l’extravagance ne lui sied pas, sont souvent griffés. On l’a vue porter différentes vestes Chanel ou des pièces de Hermès, elle possède d’ailleurs l’indispensable sac Kelly. Elle est aussi connue pour être fan de chaussures et de bijoux – certaines publications ont même utilisé Photoshop pour supprimer sur leurs photos ses bracelet, bague et boucles d’oreilles afin de ne pas « heurter » les lecteurs. Un subterfuge repris aussi pour une bague à 16 000 euros de Rachida Dati… qui a disparu à la parution du cliché dans la presse. Comme la façon de se vêtir est méticuleusement étudiée, il ne s’agit pas d’indisposer le citoyen lambda pour un luxe qui serait jugé ostentatoire.
La crise étant passée par là, exit originalité et extravagance outrancière, la mode s'est assagie en même temps que l’économie déclinait. Il est désormais plus facile d'être mode sans être excentrique. Et la montée, certes encore trop faible selon nous, des femmes aux revenus élevés commencent à intéresser les marques de luxe.

 

Dans les années 60, Yves Saint Laurent incarne avec ses tailleurs la working girl, la génération suivante se laisse séduire par le look Giorgio Armani composé de vestes aux épaules larges et carrées, portées avec des pantalons assortis aux couleurs sombres. On est en pleine tendance androgyne. Quant aux années 90, c'est le règne des costumes impeccables, des chemises blanches et des petits talons avec des marques comme Jil Sander, Hermès et Chanel. Mais attention, la griffe ne doit pas heurter le citoyen et donner l'impression que le porte-monnaie est trop bien garni. Lisse, accessible... Désormais, les grandes marques de luxe, si elles gardent leur faveur pour les grandes occasions, sont moins ostentatoires. Le vestiaire minimaliste de Jil Sander requiert toujours l'unanimité, mais des marques comme Max Mara, Hugo Boss, Diane de Furstenberg ou encore Paule Ka tirent bien leur épingle du jeu avec les business women. Qu'il est difficile de plaire sans déplaire.

 

Un sujet léger, la mode. Pas tant que ca. Il y a eu un sondage en 2010 là-dessus. Quelles personnalités trouve t-on fashion ? Rama Yade dont le jury applaudit le positionnement libre et impertinent, Nathalie Kosciusko-Morizet qui a modifié son allure; plus délurée en noir et talons aiguilles. Et de revenir sur la passation de pouvoir, en novembre 2010 au ministère de l'Ecologie, avec Jean-Louis Borloo où elle était perchée sur des low boots à talons vertigineux. Pour les uns, elle avait un côté Catwoman, pour les autres, elle s'était tout simplement trompée de soirée, quand une voix perfide en profitait pour glisser qu'elle aurait d'abord dû, auparavant, s'entraîner chez elle, pour apprendre à marcher avec des talons hauts...

 

La mode apanage des Français ? Les femmes des dirigeants étrangers tiennent aussi à profiter de leur aura médiatique pour mettre en avant les créateurs de leur pays ou leurs convictions. On pense à Rania de Jordanie, femme au corps sublime et à la tête bien faite, qui veut changer le regard des Occidentaux sur les musulmanes en portant des tenues griffées des grands noms de la mode mais aussi des tuniques traditionnelles en soie brodées de fil d’or ou d’argent. La plus emblématique de toute est, sans conteste, Michelle Obama, la Première dame des Etats-Unis. Surtout, elle ose. Elle porte des créateurs jusque là inconnus du grand public, mixe des tenues bon marché avec un accessoire de luxe. Pas moins de trois sites Internet sont dédiés à sa garde-robe ! Et il y a de quoi faire, car Michelle Obama fait attention à donner un coup de pouce aux jeunes créateurs, si possible américains, en enfilant leurs vêtements. Maria Pinto, créatrice confidentielle de Chicago, a vu ses ventes exploser de 45 % en un an après avoir eu la chance d’habiller de ses fourreaux monochromes la First Lady. Et Jason Wu, Thakoon ou Isabel Toledo, pour ne citer qu’eux, ont eu leur notoriété boostée grâce à Michelle Obama.

 

Par D.M

 

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