Haute Couture AH 2022-2023 : Julien Fournié triomphe de la morosité

Pendant 3 jours du 4 au 7 juillet la mode parisienne a pris son allure la plus luxueuse et originale avec la présentation des collections Haute Couture pour l'automne hiver 2022-2023. 29 marques au programme et comme toujours de grands noms aux côtés de créateurs plus confidentiels.
Parmi les talents français qui représentent notre pays dans l'exercice de la haute couture Julien Fournié est aujourd'hui une valeur sûre. Le couturier a obtenu l'appellation « haute couture » en janvier 2017 ; il est « membre permanent » de la Chambre syndicale de la haute couture. Cette collection automne hiver 2022-2023 présentée le 5 juillet était l'occasion pour le créateur de renouer avec les podiums après des saisons compliquées notamment en raison de la crise sanitaire.

Un créateur inspiré par la mer

Ce défilé intitulé "Premières créatures" proposait la vision d'avenir du créateur. Ces silhouettes suggèrent des pistes esthétiques pour triompher de la morosité qui gagne en ces temps perturbés. En effet dans un monde où l’espoir semble se raréfier, les créatures de Julien Fournié ne cèdent en rien au pessimisme bien au contraire. C’est dans leur vulnérabilité qu’elles puisent la force qui fait d’elles des héroïnes. Elles redressent le dos, assument leur féminité, induisent leur autorité salvatrice.
Cette saison pour sa haute couture Julien Fournié puise son inspiration en pleine mer. La raie manta s’érige en étendard symbole de grâce. Elle apparaît dans les colliers délicats, fruit de la collaboration de Julien Fournié avec Adrian Colin, artiste du verre. La découpe à la fois futuriste et organique de l’animal nommé jadis « diable des mers » s’inscrit dans de nouvelles incrustations d’organza ou de tulle. Elle se découpe aussi dans le bas de certaine veste, elle s’insinue jusque sur la chute des reins. Partout, elle souligne les formes anatomiques et allonge les corps de ces créatures mi-femme mi-alien qui intègrent dans une épure graphique les légendes virtuelles aux apparences physiques. On retrouve également un autre animal emblématique des mers. Ainsi les méduses suscitent à la fois fascination et effroi. Julien Fournié utilise leurs ombrelles et tentacules comme autant d’embellissements splendides et venimeux. Sur d'autres looks tentacules de céphalopodes et rostres de mammifères marins soulignent avec sensualité les moyens de perception de l’écosystème et les échanges avec ses habitants, qu’ils soient ou non de la même espèce, dans le milieu sans frontière des océans.
Du côté des couleurs on retrouve les noirs et le bleu nuit. Il choisit aussi de tisser entre eux les fils colorés métallisés, moule les corps dans un jersey de soie reliefé, évoque la peau des créatures océaniques qu’il chérit ici dans le motif formant la maille d’un fin jersey, là en soulignant d’écailles transparentes un fourreau en tulle « nude.
« Nous avons exploré, depuis deux ans de nouveaux moyens d’expression via des films originaux, » déclare Julien Fournié. « Mais rien ne remplace le défilé en présentiel devant un public choisi... pour vivre ensemble les mêmes émotions. Retrouver nos mannequins sur le podium, c’est essentiel, surtout pour la Haute Couture. La forme ici ne va pas sans le fond : celui d’une histoire personnelle racontée à qui sait lire les apparences, celui d’une épure résolue visant à mettre en lumière les aspérités qui font une personne. »

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Par la rédaction