Histoire du parfum : du Moyen Age à la Renaissance
BeauteSante | Publié le 01/09/2008 11:43:58
Mi-août nous vous avons proposé de découvrir en plusieurs étapes la grande histoire du parfum comment il est devenu notre compagnon quotidien au fil du temps. Un premier chapitre se penchait sur l'Antiquité où comment le parfum est passé du sacré au profane. Lors de ce précédent article sur l’Histoire du parfum (voir les liens en bas de page) nous vous avions laissé sur les prémices de l’industrie du parfum développée par les grecques et les romains. La chute de l’Empire Romain en 476 marqua la fin de l’Antiquité et le début du Moyen-Age. Comme nous l’avons vu précédemment les parfums étaient déjà utilisés par nos ancêtres. Les Gaulois ont laissé peu d’écritures et il est difficile de savoir quelles étaient leurs habitudes en matière de parfums et de cosmétiques.
Nous savons toutefois qu’ils peignaient leurs corps avec des sucs de plantes, qu’ils se décoloraient les cheveux à l’aide de chaux ou de cendre de hêtre. Ils utilisaient également de nombreuses plantes aux vertus pharmaceutiques. Par exemple la verveine était considérée comme sacrée, son eau aromatique était parfumée et bienfaisante.
Des progrès grâce aux femmes et aux romains
Le passage des romains sur la terre gauloise laissa des traces en matière d’ us et coutumes de toilettes, notamment pour le bain. Avec le christianisme l’usage profane des parfums disparus et ce fût pire avec les invasions des Saxons, des Burgondes, des Francs, peuplades qui étaient étrangères aux usages des parfums. Une fois de plus, à l’instar de Cléopâtre, les femmes de pouvoir rétablirent la situation. Clotilde (475-545) épouse de Clovis puis Frédégonde (545-597), épouse de Chilpéric, s’inspirèrent des pratiques du monde romain pour les appliquer au monde barbare (cf. les écrits de Grégoire de Tours).
A l’époque carolingienne (751-911) les parfums demeuraient rares et peu utilisés. A l’age roman qui marqua une nouvelle civilisation basée sur le développement des villes et le commerce. Avec la prédominance de pays comme l’Espagne et l’Italie, le rôle des croisades, la parfumerie se développa dès l’âge féodal et se spécialisa même avec l’arrivée de la peste en 1348 nécessitant des recherches scientifiques.
Avec les croisés les échanges entre l’Occident et l’Orient se développèrent permettant ainsi l’arrivée en Europe de nouveaux produits et par la même occasion de nouveaux parfums. Dès 1450 Venise était un grand centre de distribution pour tous les pays d’Europe. Le commerce des drogues, épices et parfums (eau de rose, de violette…) venues d’Orient était fleurissant.
Rivale déclarée de Gênes, Venise s’imposa aux XIV et XV ème siècles comme le plus grand marché d’épices et de parfums de tout l’Occident. Le célèbre vénitien Marco Polo rapporta en 1295 parfums et épices dans sa ville natale.
Grâce à l’apport des Arabes en Espagne, ce pays diffusa sa connaissance dans tous les pays occidentaux. Jusqu’au XIII ème siècle Cordoue connut luxe et érudition grâce aux 900 bains publics et aux nombreux scientifiques résidents dans cette ville, rivale de Bagdad. La France bénéficia de cet apport via un commerce de plus en plus aisé. Ainsi de nouveaux marchands s’établirent en France : apothicaires, épiciers, vendeurs d’herbes et vendeurs d’aromates. Tous le monde vendant un peu de tout, notamment des huiles. Face à cette pagaille du commerce, Saint Louis imposa par l’intermédiaire du prévôt de Paris, Etienne Boileau, une réglementation plus précise. Les épiciers formaient avec les apothicaires une même corporation. Les apothicaires étaient toutefois bien plus puissants car ils connaissaient les secrets des cosmétiques et jouaient à la fois les rôles d’assistants médicaux et de parfumeurs. Mais à la suite de nombreux conflits les corporations se séparèrent. Ainsi on vit apparaître la corporation des « gantiers-parfumeurs » mais il est difficile de trouver une date précise mentionnant la création de cette corporation. Des ouvrages et documents font référence à l’année 1190 sans pour autant qu’il soit possible de certifier cette date.
Contrairement à ce que le Moyen Age souhaitait faire en déclarant la guerre à la propreté et à la chair, la pratique des bains était répandus. La privation de bain était plus considérée comme une pénitence. Comme dans l’Antiquité les bains étaient aromatisés d’herbes et de parfums.
Jusqu’à la Renaissance, les parfums de qualités aux odeurs venues d’Orient, étaient utilisés par des dames de qualité, riches ou nobles, car leur coût était trop élevé. Les parfums à la violette, à la lavande, au romarin et à la fleur d’oranger se développèrent dès la fin du XIV ème siècle, ce qui engendra et marqua le début de l’exploitation de certaine fleurs en France.
Avec le développement de ces nouvelles senteurs, le parfum se répandit dans toute la maison et son utilisation plus fréquente. C’est ainsi que l’on vit apparaître de nouveaux objets pour contenir ces parfums. Des sachets, appelés coussines, étaient mélangés aux linges, ils renfermaient des parfums en poudre. On trouvait également de petits barils ou barillets, réalisés en cristal ou en métal. Ces objets contenaient du parfum liquide, des « eaux de senteur ». A l’époque, on utilisait des aspergeoirs (sorte de goupillons) pour diffuser le parfum en fines gouttelettes.
La fin du Moyen Age, malgré un manque de volonté autour du parfum et des cosmétiques, marqua un renouveau autour de l’emploi des parfums et des produits de beauté avec une utilisation générale.
La culture musulmane apporte l'alchimie en Europe
Les connaissances et les pratiques de fabrication évoluèrent grâce à la culture musulmane via l’Italie et l’Espagne. Une culture qui apporta aux européens des notions d’alchimie. Pour appréhender ces notions, les européens créèrent d’importantes universités comme Salerne, Tolède, Paris et Montpellier. L’usage de l’alambic en Espagne est probablement dû aux Arabes, un usage qui va marquer l’art de la distillation.
C’est à Salerne que l’on découvrit la distillation de l’alcool, un apport majeur à la chimie et à la parfumerie. En remplaçant l’huile comme excipient du parfum, ce liquide volatil et neutre fût d’un apport capital pour la parfumerie. On lui donna différents noms : eau-de-vie, esprit ardent, eau ardente, âme du vin, eau flagrante, alcool etc …
A partir de là les techniques et matériels de distillation ne cessèrent d’évoluer afin d’améliorer les résultats. C’est vers 1348 qu’Ortholain publia un mode d’emploi pour expliquer la nature des produits obtenus par distillation. Les premières combinaisons d’alcool et d’huiles essentielles n’apparaissent qu’en 1370.
Le rôle de l’école de Montpellier est remarquable à cette époque. En combinant des huiles extraites de la flore du Languedoc (récoltée selon les signes du Zodiaque, le temps de la cueillette étant déterminant), aux produits d’importations, les apothicaires créèrent des senteurs, réputées jusqu’au XVIII ème siècle et considérées comme les ancêtres de la parfumerie française.
A cette époque la ville de Grasse était connue pour ses tanneries et son commerce avec Gênes. Les paysans distillaient les plantes sauvages et vendaient sur les marchés les produits issus de cette distillation, mais nous sommes encore loin de l’importance que prendra cette ville dans l’industrie du parfum par la suite …
On le voit le Moyen Age n’a en rien été un frein au développement du parfum au contraire son usage s’est largement répandu en Occident. Les progrès énormes de l’industrie du parfum à cette époque marqueront l’évolution de la parfumerie notamment en France.
Nous verrons prochainement comme la parfumerie s’est adaptée à la Renaissance, l’âge d’or pour l’art …
Par L.L
En complément :
- Histoire du parfum : du sacré au profane
- Fragonard vous caresse avec son nouveau parfum
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