Interview Constance Boutet : la visionnaire

JeunesCreateurs | Publié le 02/04/2013 17:36:54
Etre un organe de presse qui défend les jeunes talents, voilà la vocation première de Fashions-addict.com. Avec notre rubrique « Jeunes créateurs » nous avons toujours souhaité mettre en avant les initiatives d'entrepreneurs qui débutent. On le sait la réussite d’un projet ou d’une entreprise peu importe son domaine se joue dès les premières années. C’est pourquoi on aime vous révéler ces jeunes créateurs qui apportent le renouveau, un peu comme le printemps. Des bourgeons aujourd’hui qui seront les fleurs et les jardins de demain.

Cette semaine on s’intéresse au cas Constance Boutet, une jeune créatrice à la tête de sa propre marque avec beaucoup de talents et d’ambition. Nous l’avons rencontré afin de faire un peu plus connaissance.

 

Petite présentation
Fille d’architecte Constance Boutet est née à Paris en 1982. Très vite elle s’oriente vers les arts appliqués puis étudie à Esmod et à l’Institut Français de la Mode. En 2005, durant la Fashion Week, Constance présente ses créations lors d’un défilé sponsorisé par la Fondation Pierre Berger – Yves Saint-Laurent. Elle travaille un temps pour les maisons Jay Ahr, Christian Dior, Louis Vuitton et Céline. Mais l’envie d’entreprendre est là. Tirant son inspiration de trois années passées en Chine, elle se spécialise dans la création d’imprimés sur soie. C’est en 2011 que Constance Boutet lance sa première ligne éponyme. L’aventure démarre …

La femme Constance Boutet essaye d'être un peu anti-conformiste, sans vouloir choquer personne, mais cela dit c'est un esprit libre.


Que retenez-vous de votre passage dans les maisons Dior, Vuitton, Céline ?
Chez Christian Dior je travaillais aux ateliers, j'ai appris beaucoup de rigueur technique sur les patronages. Il fallait être très précis. On me répétait souvent qu'il fallait travailler au millimètre près. Cette expérience était importante pour moi car je sortais de l'école et ça permet de se restructurer sur comment ça fonctionne une entreprise. Chez Louis Vuitton j'ai appris énormément sur les matières notamment les techniques d'ennoblissement, les imprimés, les lamés, des choses magnifiques. Malheureusement entre guillemets cela m'a donné le goût des très belles matières qui ont forcément un coût, ce qui peut aussi poser problème. Chez Céline, j'ai beaucoup travaillé sur ordinateur, sur des imprimés, sur des coloris. Toutes ses expériences m'ont finalement beaucoup spécialisé vers l'imprimé et les matières. J'ai acquis aussi une certaine autonomie. C'était très enrichissant de travailler avec des gens qui connaissent très bien leur métier et communique avec passion leur savoir-faire.

Pourquoi la soie comme matière de prédilection ?
Il y a plusieurs raisons à cela. D'abord quand on travaille l'imprimé le soie est l'un des supports les plus intéressants, ça renforce toutes les couleurs, elles deviennent chatoyantes et profondes. En plus j'ai habité en Chine et c'est quelque chose que l'on trouve facilement là-bas. Toutefois pour ma marque mes soies sont européennes, essentiellement d'Italie. Mais c'est vrai que c'est un matériau sur lequel j'ai beaucoup et j'aime travaillé. La soie a cette ambivalence, à la fois fraîche et chaleureuse. C'est une fibre à la fois délicate et solide.

Vous avez fait l'école Esmod, pourquoi ?
C'est une école qui est très axée sur la technique. On apprend beaucoup sur la construction du vêtement, son squelette. On peut reprocher à Esmod de ne pas assez pousser vers la créativité mais c'est vrai que lorsque l'on a une belle notion de ce qu'est le vêtement après on peut être créatif l'inverse est plus difficile à mon avis.

Votre leitmotiv quotidien ?
J'essaye toujours de donner le meilleur de moi-même. Lorsque je suis fatiguée j'essaye de me convaincre de continuer.

Vous faites tout toute seule. Pensez-vous que l'Etat soutient suffisamment ses jeunes créateurs de mode ?
Evidemment ça pourrait toujours être mieux ou plus mais il y a quand même des actions menées notamment le crédit d'impôts recherche, des subventions possibles, des concours de création organisés. C'est vrai qu'en France il y a beaucoup de charges et que c'est parfois difficile de développer une activité mais il existe quand même de vraies actions de soutien. Le marché quand à lui demeure assez timide même si j'ai quelques boutiques qui me font confiance.

Comment est la femme Constance Boutet ?
Elle essaye d'être un peu anti-conformiste, sans vouloir choquer personne, mais cela dit c'est un esprit libre. Elle vit au quotidien de la façon dont elle le décide.

Le futur de la marque Constance Boutet ?
J'espère déjà que la marque va poursuivre son développement . J'espère à terme pouvoir ouvrir une boutique, je pense que c'est un peu le but de tout jeune créateur. et que je pourrais la présenter dans plus en plus de pays à l'international. Avoir une boutique serait vraiment l'occasion de raconter ce que je suis et ce que je veux faire. Peut-être aussi des déclinaisons sur d'autres produits, de l'accessoire, enfin on verra ...

Où trouve-t-on vos créations ?
Pour le moment en France mais aussi à Londres, je suis en négociation avec des pays du Moyen-Orient, d'Europe du Nord mais aussi l'Allemagne et l'Autriche.

Peut-on imaginer un jour Constance Boutet à la direction artistique d'une grande maison ?
Pourquoi pas mais ça serait forcément une marque qui travaille beaucoup les matières et les imprimés. J'aime la recherche sur la matière et les motifs. Si j'osais je dirais que ça serait bien d'apporter des motifs à Balenciaga mais il y a d'autres maisons intéressantes (rires) !
 

 

Constance Boutet

 

Vos imprimés sont remarquables d'où vient votre inspiration ?
J'ai travaillé essentiellement sur des tests de psychologie et notamment les tests de Rorschach qui sont les tests où l'on voit des papillons imprimés à l'encre sur des feuilles pliées. Ce qui m'intéressait c'était ce mouvement de l'encre quasi imprévisible, mais aussi la dimension psychologique. Dans le vêtement on voit ainsi ce que l'on veut. Certaines trouvent les motifs très minéraux, on voit de la roche, d'autres y voient des champignons nucléaires. On se dit qu'il y a des gens qui ont plus de problèmes que d'autres c'est assez amusant.
Je me suis aussi inspirée des tatouages notamment ceux sur certains lutteurs chinois. On revient à nouveau à la Chine un pays qui m'a marqué.

 

Votre pays favori ?
Oh je crois que ça demeure la France quand même. D'ailleurs j'ai habité en Chine pendant trois ans mais je suis revenue. Je trouve que la France est un super pays, j'adore Paris, on peut y faire plein de choses, culturellement c'est incomparable. On a aussi un rythme de vie assez doux. On a un certain confort de vie, on peut se rendre la vie facile, ça me semble possible.

 

Quels sont vos créateurs préférés ?
Il y en a beaucoup. J'aime le travail de Riccardo Tisci pour Givenchy. Il apporte une certaine poésie dans ses créations, il est très pointu. Pour avoir travaillé chez Vuitton et Céline j'aime beaucoup Phoebe Philo et Marc Jacobs pour des raisons très différentes.

 

Qui est pour vous la fashion addict ?
C'est avant tout quelqu'un qui ne suit pas forcément les tendances qu'on lui a dit de suivre. Elle ira plutôt chercher les inspirations à venir. Elle a juste un pas d'avance sur les autres ce qui leur fait dire "qu'elle est originale" ...

 

Infos Pratiques :
Photos : Constance Boutet a joué au mannequin pour votre magazine et porte un pantalon byron (390 euros) et une robe Babo (320 euros)

Photos : Crédits Fashions-addict.com
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