Cette semaine votre magazine confirme plus que jamais sa volonté de vous présenter de jeunes créateurs et des marques en devenir. Plutôt qu de surfer sur des actualités qui font le buzz, ou imaginer des articles sur des célébrités (même si nous aussi parfois nous vous offrons quelques lignes sur ces stars) nous avons choisis depuis plus de dix ans d'offrir de l'espace et donner la parole à des talents créatifs. On débute avec une belle rencontre celle des femmes derrières la marque Token que nous avons rencontrés. Plus qu'un duo Token c'est un trio : Elena Budu, Nanjika Sallet et Marie Figueredo. Elena quitte son Brésil natal à 19 ans pour débuter des études de modélisme à Milan. Elle y suit également un cours de broderie à la Scala. Elle rejoint ESMOD en 2009 et obtient son diplôme de Couture en 2013 après une spécialisation lingerie. Sa collection de fin d’année remporte le prix « coup de cœur » du jury.
Nanjika grandit en Afrique du Sud où elle obtient un diplôme à l’université d’Arts de Johannesburg, option graphisme. Son intérêt pour la mode grandissant, Nanjika quitte l’Afrique du Sud pour rejoindre Paris et s’inscrit à ESMOD en 2009 où elle obtient le diplôme « Couture » en 2012. A sa sortie de l’école, elle intègre en tant que designer la marque de prêt à porter féminin April, May. Elle y apporte durant deux années son savoir faire et développe les imprimés de la marque ainsi que les broderies.
De leur rencontre à Esmod nait TOKEN une marque qui puise son inspiration dans les années 80 et ses icones pop.
Ces filles qui ont un vrai talent, une identité et un style méritent d'attirer les regards des acheteurs du monde entier et plus particulièrement les acheteurs des grands magasins qui sont souvent à la recherche de marques qui osent et développent des univers avec une vraie identité. Nous parions que Token a tout pour séduire la parisienne à la recherche de modernité.
Dans leur projet les deux créatrices sont aidées par la française Marie Figueredo, co-fondatrice et directrice de la marque qui gère les aspects administratifs, marketing et communication de Token.
Interview de Nanjika, Elena et Marie
Pourquoi avoir opté pour le nom Token ?
Token c’est un objet qui représente quelque chose de fort , nous on est dans cette optique de réaliser des pièces avec une forte personnalité tout en étant belles et de qualité, en même temps, elles sont symboliques avec du sens (rires). Token pour tout vous dire c’est un nom qui a plusieurs sens, cela peut être une monnaie d'échange, un trophée, en gros la fierté de tous ceux qui réussissent.
Token existe depuis combien de temps ?
Cela fait maintenant deux ans que notre bébé existe et que la marque a pris son envol.
Quelles mots pourraient définir le style Token ?
Nous essayons de proposer une allure qu'on ne voit pas ailleurs. Aujourd'hui dans le prêt-à-porter il faut arriver à se distinguer on le fait notamment en mélangeant des matières qui ne viennent pas toujours du milieu de la mode, toutefois on fait en sorte que cela reste beau et agréable à porter avec l'objectif de créer du désir avec ces matières.
Pourriez-vous nous expliquer votre rencontre ?
Marie : je ne suis pas designer, Elena et Nanjika se sont rencontrées à l'école Esmod à Paris , en 1ere année, avec leur bagage de designer free lance dans le passé Elena chez what project et Nanjika pour April May, au final il était assez logique que leur complicité donne naissance à leur propre marque. Elles sont très différentes à la base mais en même temps très complémentaires. Nanjika a un vrai talent pour les imprimés très forts et pour des illustrations très graphiques, des couleurs puissantes etc... Alors que Elena travaille sur les coupes, les tissus, les broderies. Mon rôle est plus dans l'ombre et je m’occupe de l'aspect un peu moins agréable avec la finance, le marketing etc... Mais je vous rassure j'y prends aussi beaucoup de plaisir, Token est un projet tellement stimulant.
Vous savez on est une toute petite équipe, toutes nos décisions sont prises ensemble même le design des collections on valide vraiment tout ensemble.
A quelles clientes s'adressent vos créations ?
Des fermes au caractère fort, nos créations ont vraiment de la personnalise et nous en sommes très fières, nous pensons que chaque femme a ce potentiel fashion caché en elle, c'est lorsqu'elle tombe en amour sur une collection comme la notre qu'elle se dit, whaouuuu je ne pensais pas être capable de mettre ça un jour. C’est comme dans tout, parfois il faut bousculer les habitudes, il faut être capable de changer et surtout d’oser, nous réalisons une collection mixte, les japonais adorent ce que nous faisons, et plus globalement les asiatiques en sont fans mais aussi les Américains. On a hâte de séduire les européennes.
Nous faisons pas mal de mélange par exemple on aime le cuir parce que c’est une matière très forte, très années 80 ou les gens aimaient le cuir funky, le cuir de couleur et le cuir brodé nous sommes très inspirées par ces années 80 c’est dans notre ADN, mélanger le cuir avec d’autres matières c’est ce que nous adorons faire.
/p>Justement les années 80 sont très présentes dans vos collections alors que vous ne les avez pas connues, pourquoi ?
C’est une affinité que nous partageons toutes les trois, tout ce qui est taille haute, crop top, des pièces structurées comme celles de Jean-Paul Gaultier qui a été très fort à cette époque, enfin les années 80 sont pour nous une époque très inspirante avec des artistes, comme Michael Jackson, Madonna, Freddy Mercury, David Bowie. Ces artistes avaient des looks qui exacerbaient leur personnalité et ça c’est l’inspiration de base de Token. Être quelqu’un qui sait porter des vêtements qui font ressortir une partie de la personnalité. L’idée n’est pas de rester dans les années 80, d'être rétro, au contraire l'objectif est d'adapter l'état d’esprit de l'époque, très positif, ou tout était possible, pour le réinterpréter et le remettre au goût du jour, une mode qui soit vraiment fun qui soit marrante à porter, on ose, on n'ose pas. Les coupes de nos modèles sont carrément actuelles.
Vos designers préférés ?
Nous avons toutes les mêmes références, ça va de Jean Paul Gaultier, Alexander McQueen, Thierry Mugler en passant par Christian Lacroix, pour nous ces créateurs ont vraiment su mettre la femme en valeur à leur époque respective.
Quelle est votre vision de la mode aujourd’hui ?
Nous pensons qu’il y a une vague de jeunes créateurs qui vont rapidement émerger et ils vont se battre pour le faire car rien n'est facile, on le voit déjà parce que pour nous c’est déjà très difficile en France au niveau du soutien et des aides. Il faut vraiment bosser, il faut vraiment travailler dur, on sent qu’il y a une envie, aujourd'hui si tu veux vraiment quelque chose il faut aller le chercher toi-même, comme on dit la vie n’est pas un long fleuve tranquille (rires). En France c’est compliqué, il y a énormément d'étapes à franchir mais petit à petit l’oiseau fait son nid, n’oublions pas que dans notre pays on a des grandes maisons de mode, donc il faut bosser. Parlez-nous de votre défilé à Paris au mois de mars
Nous réfléchissions à ça depuis quelque temps, après notre 5 eme collection nous avions vraiment envie de montrer ce que nous savons faire en défilant à Paris pendant la fashion week parisienne du mois de Mars, pour bien montrer que nous sommes là, pour nous faire connaitre du plus grand nombre, faire un défilés professionnel, à un autre niveau pour se présenter auprès des professionnels et journalistes du monde entier.
Paris reste quand même la capitale de la mode. Pour le moment nous sommes distribués dans le sud de la France et au Japon , on espère bientôt à Paris !
Propos recueillis par Marie Joe Kenfack