Interview Géraldine Maillet, quand un mannequin devient écrivain ...

Culture | Publié le 30/11/2009 07:54:17
Après avoir connue une belle carrière en tant que mannequin de 1991 à 1999, Géraldine Maillet s'est lancée en 1999 dans l'écriture. Depuis elle a écrit plusieurs romans avec succès. Aujourd'hui son nouvel ouvrage "Le monde à ses pieds" nous plonge dans le monde des top modèles et ses méandres.
Un livre poignant et passionnant sur le destin d'une jeune femme, à ne pas rater et à lire au plus vite que l'on soit amateur de mode ou pas. Votre magazine avait hâte de poser quelques questions à ce témoin privilégié du monde de la mode.

" La mannequin est une belle muette, un peu futile, un peu immature, un peu conne ... "

- Vous publiez votre 8ème roman, comment êtes-vous passé du mannequinat à l'écriture ? Quand on est mannequin, on attend beaucoup. Dans les aéroports, pendant les castings, dans les backstages des défilés... A cette époque, je tenais un journal de bord dans lequel je notais, mes impressions, mes états d'âme, je décrivais le monde fantasque et déjanté de la mode. Puis je me suis pris au jeu, j'habitais à New York, j'avais signé un gros contrat et les journées me paraissaient longues. J'ai commencé l'écriture de mon premier roman, Une rose pour Manhattan, que j'ai fini par envoyer par la Poste à cinq éditeurs parisiens.

 

- Comment vous est venue l'idée de ce nouveau roman ?
Quand j'ai appris la mort de Ruslana Korshunova, j'ai été bouleversée. J'ai voulu comprendre. Pourquoi une fille de 20 ans saute alors que le monde est à ses pieds ? Une quête passionnante, troublante, choquante...

 

- Est-il facile de s'imposer dans la littérature après avoir été mannequin ?
Non. En France, les étiquettes collent aux basques ! La mannequin est une belle muette, un peu futile, un peu immature, un peu conne... Les filles qui font ce métier et que j'ai rencontrées, m'ont pour la plupart beaucoup impressionnée. Pour la gentillesse, leur courage, leur pragmatisme, leur intelligence...

 

- Aujourd'hui quel regard portez-vous sur ce métier de mannequin ?
C'est un métier envoûtant et pervers. Une drogue dure. C'est tellement gratifiant d'entendre toute la journée, "tu es sublime, tu es géniale, on t'adore, on va faire de toi une star". Surtout quand on a seize ans et qu'on vient du fin fond de la Russie. Donc rien à perdre. La pression est énorme, très peu de filles explosent vraiment et les carrières sont de plus en plus éphémères.

 

- La mode des années 2000 est-elle très différente de celle des années 90 ?
Oui. dans les années 90, les top models faisaient la loi. Linda Evangelista, Carla Bruni, Claudia Schiffer, Cindy Crawford ... Elles imposaient leurs tarifs, leurs caprices et paraissaient plus célèbres que les marques. Aujourd'hui, on est dans une génération Kleenex, les filles passent et disparaissent à vitesse supersonique. D'ailleurs, les "vieilles" stars des années 90 font le forcing pour revenir. Naomi Campbell et Claudia Schiffer sont les égéries du nouveau parfum de Dolce et Gabbana, Christy Turlington est l'image de YSL ...

 

- Pensez-vous qu'il soit vraiment nécessaire de faire des lois (anorexie, retouche d'image ..) pour gérer la mode ?
La mode n'aime pas être gérée. Elle est versatile, insaisissable, elle n'aime pas être formatée ou codifiée. Impossible de combiner un monde de paillettes, de rêve, de glamour avec des décrets ministériels. La mention "image retouchée" permettrait toutefois de rendre les femmes moins frustrées, moins névrosées, moins flippées, sur leur âge, leur tour de taille, leur apparence...

 

- La mode vous fait-elle rêver ?
Oui. Le savoir faire des petites mains, certains photographes, le génie de certains couturiers ... J'ai eu la chance de travailler avec Galliano, il m'a beaucoup impressionnée. Ferré, Mac Queen, Issey Miyake, tous m'ont fascinée. Pour les photographes, je n'oublierai jamais mon entrevue avec Irving Penn, mon premier shooting pour le Vogue avec Michael Thomson, l'énergie de David Bailey, de William Klein, la discrétion de Tim Walker, la spontanéité de Jurgen Teller...

 

- Quels sont vos créateurs préférés ?
Yohji Yamamoto, Hermès avec Margiela ou Jean-Paul Gaultier, Galliano.

 

- Quels conseils pourriez-vous donner aux jeunes filles qui rêvent d'arpenter les podiums ?
De se méfier des métiers qui dépendent du désir des autres.

 

- Après l'écriture, la TV, quels sont vos futurs projets ?
Après avoir réalisé deux courts métrages, je rêve de passer à la réalisation d'un long métrage que je suis en train d'écrire.

 

Propos recueillis par MJK

 

Résumé :
Ruslana est une jeune élève sérieuse et mélancolique. Elle a seize ans quand la plus célèbre agence de mannequins anglaise la découvre par hasard dans une brochure touristique sur le Kazakhstan. Elle quitte son pays natal misérable, sa mère veuve et son frère footballeur amateur pour Londres. Le succès est fulgurant. New York, Paris, Saint-Barth, elle mène le grand train, côtoie les people, défile devant les stars, couvre sa mère de cadeaux, devient la référence... Elle découvre aussi l'amour, les hommes qu'elle subjugue, les rencontres éphémères, le tourbillon de la gloire, l'ivresse, le gâchis, la peur du lendemain... Après trois années sur les podiums du monde entier, son visage slave en couverture des magazines glamours, Ruslana s'achète un studio à Manhattan, où elle se terre. Quelques jours avant son vingt-et-unième anniversaire, elle est adulée mais terriblement seule. Alors que le monde est à ses pieds, elle saute dans le vide.
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