Interview : L'Eclaireur, une autre vision de la Mode

Boutique | Publié le 09/03/2015 08:55:14
Le concept store parisien L’Eclaireur est sans contexte l'une des plus belles Success Story française de ces 30 dernières années. En 1980 Martine et Armand Hadida ouvre une première boutique au sein d’une galerie des Champs-Elysées.
Très vite ils deviennent des acteurs indispensables du monde de la mode. Ils proposent à leur clientèle une sélection des créateurs les plus pointus du moment. Dix ans plus tard, L’Eclaireur ouvre le premier lieu parisien qui mêle les univers de la mode, du design, des maîtres verriers et orfèvres. Depuis le couple Hadida n'a cessé d'être à l'avant-garde et enchaîne les succès. Fashions-addict.com vous propose aujourd'hui d'en savoir plus sur cette belle réussite.

Une réussite commerciale exceptionnelle

Pourquoi le nom L’Eclaireur ?
Cela remonte maintenant à quelques années, je ne devrais plus avoir la mémoire pour ça mais je vais faire un effort. Nous avons créé L'Eclaireur à un moment où le nom de toutes les boutiques étaient anglophone. On a voulu se démarquer et rester assez français. On a trouvé "L'Eclaireur" car c'est celui qui indique le chemin, c'est le double sens de celui qui est devant et qui éclaire en même temps. Voilà c'était notre côté "boyscout" de l'époque et c'est finalement resté et ça fonctionne. On a fait quelques traductions pour les japonais et quelques autres nationalités.

 

Quelles ont été vos difficultés au début ?
Il n'y en a pas eu tant que ça. A l'époque où nous avons ouvert nous étions tous les deux et la boutique faisait 30 m². Pas de difficultés domestiques ni pour l'installation. J'avais une formation d'étalagiste donc j'étais qualifié pour prendre du matériel faire des vitrines novatrices. Mais c'est surtout grâce aux créateurs que l'on avait à ce moment que nous avons pu trouver la force et le fil conducteur de la suite.

 

Quelle partie de votre métier vous préférez ?
Les achats. Car c'est la première partie du travail. C'est être surpris par ce que font nos créateurs. C'est faire des choix par rapport à notre sensibilité. C'est un travail important et personnel. J'aurais beaucoup de mal à le déléguer même si je travaille en équipe avec Wendy et mon autre fille Merryl qui est à Los Angeles. Néanmoins nous avons le même esprit pour les choix donc tout va bien mais ça reste un travail personnel.

 

L'Eclaireur Paris

Et celle que vous détestez ?
Il n'y en a pas. Vraiment. J'aime aussi beaucoup la mise en place dans les boutiques car c'est la continuité des achats. C'est formidable de mettre tout ça en harmonie. La boutique c'est important sauf que nous, nous avons des lieux, donc là encore c'est un travail très personnel et c'est un travail de mise en scène en fait. C'est jamais ennuyeux, on change, l'espace prend de nouvelles dimensions à chaque fois.

 

Etre copier, est-ce pour vous une forme de succès ?
Oui pourquoi pas. Bien sûr. tant que ce n'est pas dans votre rue, tout va bien. Je plaisante. mais je sais qu'il y a de petits "éclaireurs" au Japon, en Corée, partout, c'est bien pourquoi pas. Mais ça reste compliqué de nous copier car nos lieux sont tous différents.

 

Pour être référencé chez L’Eclaireur que faut-il faire ? Comment vous séduire ?
Grande question. Aujourd'hui il y a les showrooms que l'on connaît avec qui on est fidèle avec les marques avec qui nous travaillons, ça c'est une partie de notre recherche. Nous parcourons aussi beaucoup les salons professionnels, nous en avons un nous-même dont on assure la direction artistique c'est le Tranoï où on fait le choix des collections. C'est souvent des créateurs indépendants qui ne font pas partie de grands groupes.
Quand aux critères, c'est avant tout l'originalité, il n'est pas question de copier l'un ou l'autre du moins pas à la lettre. S'inspirer c'est obligatoire, ils le font tous entre eux, peut être avec des références au passé ou sans le faire volontairement. C'est en l'air la création, les inspirations sont souvent communes. On essaye aussi de mettre en avant de jeunes créateurs car c'est vraiment difficile pour eux aujourd'hui de pouvoir percer, s'exprimer, produire, livrer. Des paramètres purement techniques mais qui sont compliqués.

Aujourd’hui L’Eclaireur c’est plusieurs boutiques, avez-vous encore le contrôle ?
Oui on y arrive encore. Nous avons des équipes qui sont bien en place depuis longtemps, elles comprennent tous le lexique de L'Eclaireur, ça fonctionne bien.

Concept store

 
La Mode vous séduit-elle toujours autant ? Arrivez-vous à être surpris ?
On essaye oui. Mais le mot mode on le voit au sens large, je préfère parler "d'expression". On aime aller vers des acteurs qui ont des choses à dire. Si leur discours nous convient on adhère. La vrai recherche c'est comprendre ce qu'a voulu dire le designer. Je suis surtout "addict" à cette expression, à ce travail qui arrive à se renouveler chaque saison. On est étonné non pas par les collections mais par le fait que les créateurs arrivent à se renouveler dans leur propre histoire, ça se sont les vrais designers.

 

Allez-vous encore nous étonné dans les prochaines années ?
J'espère sincèrement. A travers nos outils, mais aussi en allant plus loin, ne pas se contenter du vêtement. Aujourd'hui nos espaces existent aussi pour autre chose. Il y a une atmosphère, on trouve du design, de la technologie, des objets, du mobilier. On a ouvert à Saint-Ouen, ça dépasse la mode. On va au-delà, la mode est partout, aujourd'hui on veut proposer des lieux où l'on trouve plus.

 

De nouveaux projets ?
Oui. Mais je n'en dirais pas plus.

 

Par MJK
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