Interview Rosemary Rodriguez, directrice artistique de la Maison Thierry Mugler

Mode | Publié le 16/02/2009 17:47:25
Rosemary Rodriguez, nouveau designer de Thierry Mugler, nous a accordé une interview exclusive afin d'évoquer avec nous sa première année à la tête des créations Homme et Femme chez Thierry Mugler. L'occasion aussi de mieux connaître une femme remarquable reconnue par ses pairs qui a su se faire une place dans le monde de la Mode .


Rosemary Rodriguez a suivi une formation chez Penninghen, célèbre école supérieure d’art graphique avant de collaborer avec Gianfranco Ferré chez Dior. Elle a également travaillé auprès de Thierry Mugler lui-même, dans le milieu des années 90. Les sept années passées à ses côtés en tant que directrice du studio de création de la ligne féminine, lui ont inculqué la rigueur de la coupe. Un sens qu’elle a appliqué avec bonheur chez Paco Rabanne de 2000 à 2006, en tant que directrice artistique. Elle est également directeur artistique des parfums Penhaligons.
Cette femme originaire de Salamanque en Espagne, fille de première d’atelier ayant travaillé chez Guy Paulin, Paule Ka, et Jean Paul Gaultier, est aujourd'hui à la tête de la création Thierry Mugler pour la femme pour la première fois pour l'homme.

Une maison emblématique avec un univers très fort

Cela fera bientôt un an que vous êtes à la tête de la direction artistique chez Thierry Mugler, comment vous sentez-vous ?
Je me sens plutôt bien, très contente d’avoir repris une maison emblématique avec un univers très fort et aussi très contente d’avoir relevé le défi de l’homme ce que je n’avais jamais fait. Une nouveauté assez angoissante il faut bien le reconnaître, car quand on ne connaît pas très bien un domaine on se demande toujours comment ça va être étant donné que je n'avais créé jusqu'alors que pour la femme. L’inconnu qui au début pouvait être angoissant s’est vite transformé en un vrai plaisir et depuis j’apprends. J’estime que la création est une éternelle remise en question, on apprend tous les jours, à partir du moment où on n'apprend plus je pense qu'il faut arrêter de faire de la création. Cela me plait énormément de développer un univers homme avec comme pour la femme d’ailleurs des codes très présents et aussi une envie de modernité. Thierry Mugler est une marque qui a été emblématique dans les années 80 et 90, une marque qui s’est un peu endormie comme la belle au bois dormant. Aujourd'hui on a envie de la réveiller de la projeter dans l’avenir.
Contrairement à ce coté caricatural qu’on a de cette marque elle est beaucoup plus que ça. Ce que j’aimerais réussir c'est dévoiler des facettes différentes de cet univers c’est ce qui me plait en fait, je ne veux pas faire un gimmick des années 80 mais faire quelque chose de réellement nouveau parce que ce qui a été fait dans les années 80 n’est pas forcément ce que j’ai envie de voir aujourd’hui. Je veux me tourner vers l’avenir, ma nature est ainsi, j’aime la modernité même si on s’inspire forcément du passé, mais les années 80 ce n’est pas du tout mon obsession.

 

Comment définiriez-vous le style Thierry Mugler ?
Le style Mugler c'est avant tout un style dessiné, avec un sens de l’architecture du vêtement ainsi qu'une imagerie très forte au niveau de la femme quelque fois un peu trop caricaturale mais ce que j’aime c’est cette analyse qu’on peut faire de cette marque. Le travail de Thierry Mugler est assez fascinant parce qu’il a un rapport à une femme héroïne qui se présente sous différentes facettes voilà ce qui m’intéresse, voir ce qui il y a derrière des choses qui peuvent sembler évidentes et ce qui me plait surtout chez Thierry Mugler parce que je pense que c’est en adéquation avec ce que j’aime aussi c’est que lorsqu’on porte en tant que femme des vêtements Thierry Mugler on se sent belle, ça donne une attitude, ça donne une allure, ça donne un porté c’est à dire que l'on ne se tient pas de la même manière lorsqu’on est dans un vêtement structuré qui redessine les épaules, qui galbe la taille etc .. et je pense que les femmes se sentent belles en Thierry Mugler. Moi ma vocation quand j’ai choisi de faire de la mode c'était d’habiller les femmes c’est ma vocation majeure et donc j’ai envie que les femmes se sentent belles j’ai envie qu’elles puissent avoir différents rôles à la fois c’est à dire qu’elles puissent être aussi bien des femmes d’affaires que des maîtresses que des mères et je pense que c’est ce qui a changé aujourd’hui c’est à dire que dans les années 80 on était un peu sur des stéréotypes de femmes il y avait la femme au foyer, la working girl, la séductrice, moi je pense qu’aujourd’hui on nous demande d’être tout ça à la fois c’est pas une mince affaire c’est pas évident tous les jours mais on nous demande d’être plusieurs choses à la fois et c’est ce que j’aimerais transcrire à travers le vêtement. C’est pour ça que cette collection « Edition » est une collection très moderne où il y a un travail qui est fait sur l’architecture du vêtement mais aussi sur la souplesse et le travail des nouveaux tissus qui facilitent le mouvement de la femme qui permettent qu’elle soit belle mais en mouvement c’est à dire ce n’est pas une beauté figée et qui permettent aussi de donner cette espèce de fluidité, d’aisance, de volupté à une femme d’aujourd’hui.

 

Les difficultés économiques actuelles ont-elles changé votre façon de travailler ?
Ce qui va changer ne va pas venir des difficultés économiques, je pense qu’il y a des cycles c’est vrai que l’on remet les choses à plat. Lorsque je termine une collection je suis déjà sur la prochaine et celle que je suis en train de faire ne me plait plus du tout. En fait je pense qu’on est obligé de se remettre en question en tout cas c’est mon point de vue et c’est ce que je fais à chaque collection c’est pour ça que c’est fascinant parce que quelque part on fait un peu de l’éphémère et on doit tous les six mois passer à autre chose et se remettre en question ou tout du moins affiner des choses c’est ce qui fait la fascination de la mode et du métier qu’on fait.
Mais la crise elle a éclaté là, je ne veux pas m’appesantir là-dessus car je suis quelqu’un de positif mais en même temps réaliste, c’est vrai qu’on va rencontrer certaines difficultés. Je pense qu’on est à un cycle où il faut se reposer les bonnes questions. Je ne crois plus depuis quelques saisons aux collections "fleuve" , je crois à des collections plus ‘capsule’ plus centrées plus essentielles, les difficultés qu’on va rencontrer au niveau économique vont affirmer ça. On a envie d’avoir une offre qui corresponde à une envie de rêver mais aussi à un réel besoin et plus on sera concentré, précis, juste, mieux ça sera. Il faut toujours voir un côté positif au négatif je suis quelqu’un de très positif. Les choses n’arrivent pas par hasard si ces choses là arrivent aujourd’hui il y a une raison notamment pour nous faire poser un certain nombre de questions en tout cas à mon petit niveau en ce qui concerne mon travail de designer ce que j’ai décidé de faire sur les collections c’est quelque chose que j’ai déjà amorcé il y a deux saisons. Je trouve que le trop est l’ennemi du bien à un moment donné il y a une telle profusion une telle sollicitation que la femme ou l’homme sont un peu largués. On ne va plus à l’essentiel c'est ce qui fera la différence, mais ce n'est pas facile, c’est plus facile de beaucoup faire parce que finalement on noie un peu les choses, c’est pas facile d’être juste c’est assez compliqué mais c’est nécessaire et indispensable.
Tout est une question d’équilibre en fait, il faut qu’il y ait un équilibre entre une part de folie et une part de rationnel, un équilibre entre les modèles très chers, chers parce que ces modèles ont une vraie valeur ajoutée liée par exemple au travail fait à la main, et à coté il faut des choses accessibles. Parce que je pense qu’aujourd’hui l’accessible doit côtoyer l’exceptionnel et ce sont ces équilibres qui vont faire qu’on va arriver à des collections beaucoup plus justes où il y aura peut-être moins de dérives car finalement à l’arrivée qui décide ? La femme qui achète. Donc à un moment donné il faut la faire rêver, il faut la rassurer, la faire imaginer des choses auxquelles elle n’aurait pas pensé. Toutes ces choses misent bout à bout vont faire qu’elle aura envie. On fait des collections pour raconter des histoires, des collections pour faire rêver, pour permettre aux gens de s’échapper ou de s’encrer dans la réalité, c’est toujours cette dualité qui prime. Les difficultés d’aujourd’hui vont peut être aussi faire qu’il va y avoir une créativité différente. Je ne veux pas faire de stratégies ou de remarques qui ne mènent pas à grand chose, je ne peux pas prévoir les choses mais je pense que ça va faire bouger les créateurs qu’on va se poser encore plus de questions, en tout cas ça sera sûrement très très intéressant au niveau créatif.

 

 

Cela fait maintenant de nombreuses années que vous évoluez au cœur de la mode parisienne dans différentes Maisons, comment a évolué ce secteur d’activité ? est-ce plus compliqué qu’autrefois ?
Cela n’a jamais été simple mais sans être maso la difficulté rend ce milieu passionnant parce que si tout était facile il n’y aurait plus de défis, plus de remises en question. Ce métier n'est pas si facile, on a l’impression qu’il est très 'glamour et paillettes' mais ce n’est pas vraiment ça, c’est un métier qui demande énormément de travail, c’est un métier pas toujours évident parce qu’on se remet en question tous les six mois, on travaille avec ses tripes de manière très intuitive, très instinctive et comme on est des êtres humains, on n'a pas la science infuse donc on peut se planter.
Je pense qu’il n’est pas plus difficile qu’avant c’est un métier qui demande énormément de travail énormément de remises en questions mais qui donne beaucoup de plaisir . C’est une passion, c’est quelque chose qui me tient à cœur que j’aime faire profondément. Je pense que le métier évolu, forcément on n'a pas les mêmes visions en fonction des maisons pour lesquelles on travaille mais je dirais que l’attitude est la même. Chaque fois quand on commence une nouvelle collection on est seul face à soi-même en se demandant ce qu’on va faire. Avant de travailler avec des équipes vous devez savoir ce que vous vous avez envie de faire donc c’est vrai qu’on se pose des questions, des interrogations etc .. Après on y va une fois qu’on a une ligne directrice. La mode est un métier qui implique beaucoup de gens donc vous avez une certaine responsabilité. Quand on fait une collection de vêtements on a aussi envie, en tout cas c’est mon cas, on a envie de la voir portée je n’ai pas envie de la voir sur des cintres, pour moi c’est pas des œuvres d’art, c’est de l’art appliqué. Quand je vois les femmes porter mes vêtements à leur manière avec leur personnalités en faisant cette interférence entre elle et le vêtement ça me plait énormément. C’est dans ce sens là que je trouve que c’est presque un métier interactif, que j’aime vraiment parce qu’il est dans la créativité mais aussi dans la réalité. C’est cette dualité qu’il y a dans ce métier qui me fascine.
Ce qui reste difficile c’est les timing et les délais entre les collections, on n'a pas le temps de se reposer de se ressourcer. C’est un métier où forcément il y a du stress car il y a des échéances mais je pense qu’il y a plus stressant que ça, il faut relativiser. Mais c’est un vrai bonheur, vous travaillez avec des artisans, vous choisissez des matières, vous travaillez sur un corps humain, vous travaillez avec des détails, c’est un vrai travail créatif. Je ne trouve pas qu’il soit plus difficile aujourd’hui, cela n’a jamais été facile mais c’est un métier qui apporte énormément de plaisir. Cette difficulté relative est largement compensée par les résultats quand on voit les vêtements portés et quand on voit ce vêtement en mouvement sur un mannequin. D’un seul coup vous voyez votre dessin prendre vie, c’est génial.

 

Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je suis assez désorganisée dans mes sources d’inspiration, ça part un peu dans tous les sens. Ce qui m’inspire en fait c’est les gens, c’est l’attitude des êtres, ce qu’il dégage. L’humain m’inspire énormément parce que je trouve qu’il y a des gens pas particulièrement beaux dans les critères classiques ou bien habillés qui ont cette espèce d’allure et de manière d’être, d’un seul coup vous avez envie de les habiller donc forcément ça développe votre imaginaire.
C’est ma première source d’inspiration, j’arrive à voir chez des gens des choses qui ne sont pas évidentes et qui m’inspirent profondément. Après ce qui m’inspire c’est tout le coté visuel, ça peut être des images dans un film, dans la rue, dans des magazines, des peintures quand je vois une expo, j’ai une inspiration très visuelle.
Ensuite toutes ces images mises bout à bout forment un espèce de puzzle ou de grand patchwork et de là j’essaye d’en sortir le fil conducteur de ce que va être mon envie pour la saison prochaine. Mais au début c’est un collage de plein de choses différentes.
J’essaye de canaliser et de dégager sur ces différentes pistes celle qui me touche le plus pour la saison sur laquelle je vais travailler. A partir de là je commence vraiment à construire.
En tout cas j’essaye d’être réceptive à ce qui m’entoure. Parfois on fait de grands voyages pour trouver l’inspiration alors que souvent elle est juste à coté de nous. Mais ça ne veut pas dire que je n’aime pas les voyages bien au contraire c’est aussi un exotisme qui me nourrit mais j’aime surtout être réceptive aux belles choses qui se passent dans le quotidien.

 

Quelles sont les autres passions de Rosemary Rodriguez ?
Mon autre passion c’est d’abord de m’occuper de ma fille c’est très important, passer du temps avec elle et avec ma famille, c’est un équilibre nécessaire. Sinon j’aime beaucoup faire du sport car comme je suis quelqu’un de plutôt nerveux ça me permet de canaliser mon énergie. Plus le stress est intense plus j’en ai besoin.
Mise à part les trucs classiques comme la lecture, le shopping, j’aime beaucoup faire de la recherche , je pense que si je n’avais pas fait de mode, j’aurais fait de la recherche. En fait il y a des choses que je n’arrive pas à comprendre, pourquoi on n’arrive pas à guérir ou à trouver la clé de certains mystères, j’ai une profonde admiration pour les chercheurs parce que pour moi c’est de la création pure. Ils partent avec très peu de données et finalement ils arrivent à quelque chose qui va peut être sauver la planète ou les êtres humains. Je suis fascinée par ces gens, c’est un métier passionnant. Je suis fascinée par ces personnes qui trouvent des vaccins en partant de presque rien, c’est magique.

 

Quelle vision avez-vous de la France ?
Je ne me suis jamais posée cette question. Je trouve que c’est un peu réducteur. J’ai la chance de vivre à Paris et je trouve que c’est une ville magique qui est très inspirante. J’aime beaucoup la France, j’aime beaucoup aussi l’Espagne, l’Angleterre, je ne me suis jamais vraiment posée cette question car je me sens profondément européenne en étant espagnole. Je me sens bien en France pour plein de raisons comme tous les pays rien n'est parfait donc y’a des plus et des moins. Moi je me sens bien en France car on a la chance de croiser différentes cultures, différentes origines, tout ça se mélange, ça cohabite, c’est ce qui fait la richesse de la France aujourd’hui et moi je ne conçois pas le monde autrement que comme ça. Ce qui est intéressant c’est les échanges, le partage, c’est des gens de cultures différentes qui vont faire un projet commun. La France est un pays qui a une grande ouverture mais je ne me suis jamais posé la question de savoir ce que je pensais de la France. En plus les régions de France sont magnifiques et très diverses, j’aime beaucoup la Loire, la Touraine, le Berry, il y a énormément de paysages différents en France.

 

 

Pour vous, comment définiriez-vous le style ? Qu’est qui rend beau un homme ou une femme ?
Ce qui me semble le plus important c’est l’attitude qu’on a face à la vie, ce qu’on dégage avec nos moments de faiblesse, nos moments de poésie ou de force. Le style c’est vraiment une attitude. On vous dit tiens elle a du chien elle a du style et finalement elle n’a pas les vêtements qu’il faut elle n'a pas forcément la coupe de cheveux ou l’attitude.‘Le style’ on l'a en soi. Le vêtement est là pour accompagner, pour détourner ou pour accentuer le style que vous avez, pour moi le style c’est une attitude. Quand on fait une silhouette pour un défilé c’est la manière dont on va mélanger les vêtements qui va faire que ça va créer une dissonance ou une rupture ou cela va créer une harmonie. Le style n’est pas forcément dans l’harmonie complète, il peut être aussi dans la rupture. Et c’est cette différence qui fera que ça ne sera pas la silhouette ou le style de n’importe qui.

 

Comment définiriez-vous la parisienne ? Est-elle si différente des autres femmes du monde ?
L’image que j’ai de la parisienne c’est un peu un cliché, le côté pimpant, léger, sautillant, aérien, un peu comme la parisienne de Kiraz. C’est une femme qui a de la personnalité, qui a du chien, qui a une attitude. Cette image c’est l’image qu’on se fait de la parisienne mais la parisienne d’aujourd’hui ça veut dire quoi ? Aujourd’hui la parisienne est beaucoup de choses en même temps et c’est ça aussi qui est intéressant. Elle peut avoir un côté plus sport, un côté plus pimpant et même parfois un côté plus gouailleur, parfois plus classique. Autrefois il y avait un mythe de la parisienne surtout dans les années 50, je trouve qu’aujourd’hui on a renversé le mythe et il y a plusieurs types de parisiennes. J’aime bien qu'aujourd’hui la parisienne mélange les genres, qu’on ne reste pas sur des stéréotypes. La modernité c’est ça aussi. Si on reste sur les vieux chemins des années 50 on ne va pas beaucoup évoluer.

 

Comment voyez-vous la haute couture aujourd’hui ?
La haute couture en tant que laboratoire, je trouve cela très intéressant parce que c’est de la création pure. Au niveau de la recherche, au niveau de l’artisanat, au niveau du savoir-faire, du fait main, c’est magique. On va très loin avec la haute couture, on peut se permettre des choses qu’on ne peut pas toujours se permettre en prêt à porter parce que ce sont des vêtements beaucoup plus chers et plus élaborés. On a moins de contraintes on est un peu plus libre. Par contre je pense que la haute couture restera mais elle va devoir évoluer peut être vers un prêt à porter très haut de gamme avec ce soucis du détail fait main. Ce que j’aime dans la haute couture c’est cette recherche comme je disais tout à l’heure mais aussi ce travail sur le vêtement. Pour moi le vêtement est beau dans sa construction aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Je dirais que c’est presque une œuvre quelque part. Mais la haute couture va forcément évoluer vers quelque chose de plus épuré de plus vrai dans le sens de plus de rigueur sans être austère, plus essentiel, plus contemporain.

 

N’avez-vous jamais eu l’envie de créer votre propre ligne ?
On m’a souvent posé la question. Je me la suis posée aussi à un certain moment. Mais je n'en ai pas éprouvé le besoin parce que je pense que pour faire de belles histoires de marques il faut souvent un tandem entre un créatif et une personne axée sur le côté business. Alors peut-être que je n’ai pas trouvé cette personne qui aurait pu construire cette histoire avec moi et aussi parce que j’ai toujours été très heureuse en m'exprimant à travers des noms pour lesquels j’ai eu la chance de travailler donc je ne suis pas frustrée. Très sincèrement mettre mon nom sur une étiquette ça n’a jamais été ma priorité. A partir du moment où j’ai une certaine liberté où je suis épanouie et heureuse dans mon process créatif à travers des marques qui me correspondent, je n’ai jamais travaillé pour des marques que je n’aimais pas, je n’ai jamais travaillé pour des marques qui ne me correspondaient pas j’ai toujours eu la chance de pouvoir travailler avec des marques qui étaient en adéquation avec mon point de vue sur la mode et avec ma sensibilité. C’est pour ça que je trouve que j’ai eu beaucoup de chance et que je n’ai jamais lancé ma propre marque. Si c’est pour faire une ligne de plus parmi toutes celles qui existent cela je n’en ai pas envie, parce que qu’est-ce que cela apporterait et m’apporterait, par contre si c’est pour faire quelque chose de différent, d’autre, avec un concept, une réflexion, pourquoi pas !

 

Interview réalisée par Marie_Joe Kenfack
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