Depuis plusieurs semaines on est très attentif à la carrière de la chanteuse Suzane. Dès mars 2018 on avait eu un vrai coup de cœur pour le titre "L'Insatisfait" qui était alors une vraie découverte. Aujourd'hui Suzane est devenue une vraie révélation et confirme un vrai beau talent. Il était temps pour votre magazine de lui poser quelques questions.
Avec seulement trois titres dévoilés ces derniers mois ("L’insatisfait","La Flemme", "Suzane"), Suzane connait déjà un succès retentissant : déjà 5 millions de streams et plus de 90 dates au compteur, dont les plus grands festivals français (Solidays, Francofolies de la Rochelle…) et des tournées en Chine et au Japon. Son premier EP « Suzane » est sorti le 5 avril, un avant-goût d'un album prometteur. A cette occasion la chanteuse présente un nouveau clip "SLT" (voir plus bas) réalisé par Fred de Pontcharra (Damso, Booba, MHD…). , une vidéo qui est un appel à la protestation. A travers la description de plusieurs situations de harcèlement courant (qu’elle a parfois elle-même vécues), Suzane encourage les femmes à ne pas se laisser faire et à se battre ! Ce titre montre une Suzane battante, à la détermination tenace. Un caractère bien trempé qu'elle illustre dans ses propos et pas seulement en chansons.
" ... le harcèlement est un fléau qui ternit le quotidien des femmes depuis plusieurs générations ! "
Pourquoi avoir choisi comme nom d’artiste Suzane avec un seul N ?
Suzane c’est le prénom de mon arrière-grand-mère. Porter ce prénom, c’était une façon pour moi de me sentir plus libre. Personne ne choisit son prénom, nos parents le font, je me suis octroyé cette liberté de choisir « Suzane » pour me libérer de certains restes de mon éducation, pour affirmer mes choix, pour mieux m’assumer !
C’est très dur d’être soi-même, et je pense qu’il est parfois plus simple de l’être en pensant naïvement que l’on est quelqu’un d’autre ! Suzane c’est mon alter ego, c’est celle qui ose, qui ne s’impose pas de limite, c’est celle qui combat même quand elle a peur ! Ce choix ne veut pas dire que je me défais de mon histoire personnelle mais quand je monte sur scène, j’ai envie d’être cette fille-là, qui a longtemps été cachée par peur de montrer aux autres qui elle est !
Mon arrière-grand-mère était une femme de caractère empli d’une grande sensibilité, j’ai choisi de porter son prénom car je m’y sens très liée émotionnellement parlant et puis son esthétique me parle, j’aime ce Z qui sort de nulle part, je l’ai raccourci en l’écrivant de cette manière pour mieux me l’approprier, je le trouve encore plus esthétique allégé d’un N!
On dirait que vous avez créé un personnage ? Une volonté de se cacher ? De se protéger ? De quoi ?
Dans la vie, mes amis disent souvent de moi que je suis « un personnage », j’aime me mettre en scène, depuis gamine j’ai toujours été comme ça !
Je n’ai pas créé de personnage comme on créerait le profil d’un SIMS, j’ai juste décidé de montrer ma personnalité et ça commence avec cette combi bleu taillée sur mesure, ce carré rouge, personne ne m’a rien imposé, tout est sorti très instinctivement de ma tête quand j’ai enfin osé, en fait je m’amuse beaucoup de tout ça ! J’ai pas l’impression de me cacher mais au contraire j’ai plutôt la sensation de montrer aux autres la version la plus aboutie de moi-même, en constante évolution.
Vous avez sorti un EP de 4 titres, c’est pour nous faire patienter ?
En sortant cet EP, mon objectif premier c’était de faire découvrir mon univers à ceux qui ne le connaissent pas encore et de me livrer encore plus à ceux qui me soutiennent depuis mes débuts ! Cet EP c’est un avant-goût avant l’album, on peut déjà y retrouver plusieurs facettes de ma personnalité et de ma musique ! Je me laisse encore le temps d’écrire de nouvelles histoires pour terminer ce premier album.
L’une de vos chansons a pour titre « L’insatisfait », est-ce un adjectif qui va bien au français ?
Je trouve que c’est un adjectif qui colle parfaitement à l’espèce humaine ! Toujours plus ... même quand le nécessaire est déjà là ! Les français sont plus insatisfaits ou pessimistes qu’ailleurs ? Je ne sais pas, peut-être qu’ils sont juste plus « râleurs », n’oublions pas que nous sommes un peuple révolutionnaire, quand l’insatisfaction est présente, la grève n’est jamais loin !
Sur la chanson « SLT » qui repose sur un texte très fort vous évoquez le harcèlement. Comment expliquez-vous la situation actuelle ? Comment en sommes-nous arrivés à de tels conflits et incompréhensions ?
Le harcèlement est devenu un sujet « actuel » depuis que les médias relaient la parole des femmes, qui enfin se libère mais malheureusement cette situation n’est pas actuelle, le harcèlement est un fléau qui ternit le quotidien des femmes depuis plusieurs générations ! Parfois j’ai l’impression que nous avons été « conditionnées » à entendre et à recevoir la violence des mots et des gestes auxquels nous sommes si souvent confrontées !
Une femme qui vient de se faire agresser, peu importe le degré de gravité de l’agression, elle a souvent honte et se sent très seule et je pense que ce qui nous a emmené à un tel conflit c’est de ne pas avoir pris la parole plus tôt, le sujet étant trop tabou ... nous nous sommes tus ! Aujourd’hui, je sens que la société est prête à évoluer, le débat commence et la solidarité entre femmes mais aussi entre hommes et femmes est de plus en plus solide et j’espère qu’à long terme, nos filles se sentiront plus en sécurité et plus libres.
Vous composez et écrivez. Quelle est votre préférence ?
Les deux exercices sont très différents mais complémentaires ! Je pense que j’ai un attrait et un rapport plus fort à l’écriture, c’est souvent les mots qui arrivent en premier et je brode ensuite la musique autour de ces mots, je fais toujours attention à ce que le texte puisse être bien entendu !
Vous luttez contre les diktats. Pensez-vous que ceux de la mode sont au final néfaste aux femmes ?
Vouloir entrer dans un moule est toujours néfaste, on s’abîme, on se courbe et à la fin on se perd ! La mode c’est la porte d’entrée d’un club VIP, autant tu te fais refouler aujourd’hui, autant dans 20 ans ça passe, donc je pense qu’il faut juste suivre sa propre mode, celle qui sert à montrer sa vraie personnalité !
A quoi ressemble votre journée idéale ?
Pour une journée idéale, il me faut 3 ingrédients :
1- De la bonne bouffe (du style : fromages et truffes, ou direct la truffe dans le fromage c’est bien aussi)
2- Un endroit nature où il fait du soleil (Je suis une grande adepte de la randonnée mais je ne m’habille pas en Quechua et je n’ai pas de bâtons)
3- Mes proches, pour partager le fromage et la truffe, histoire que ce soit convivial !
Un lieu, une ville qui vous enchante et pourquoi ?
Avignon, ma ville natale ! J’ai l’impression d’y être encore plus attachée et de l’apprécier à sa juste valeur depuis que je l’ai quittée !
Il n’y a aucun autre endroit où je me sens autant « à la maison ». J’aime me balader dans le centre-ville, dans les rues étroites et pavés, boire un verre avec mes amis sur la jolie Place des Carmes!
Vos projets dans les prochains mois ?
Continuer d’écrire des histoires, les raconter partout en France et peut être ailleurs, qui sait... Mon projet c’est vraiment de continuer à vivre mon rêve le plus intensément possible !
Infos pratiques :
EP déjà disponible chez Wagram Music
En tournée dans toute la France