Jaeger-LeCoultre, 175 ans de garde-temps
HIstoireDesMarques | Publié le 12/09/2008 14:45:06
L’horloger Jaeger-LeCoultre fête en 2008 ses 175 ans, l’occasion de revenir sur le parcours d’une famille spécialisée dans le garde-temps. L’aventure de cette marque commence en 1833, lorsque Antoine LeCoultre horloger autodidactate s’installe à son compte dans la Vallée de Joux. Les racines de la famille Jaeger-LeCoultre plongent au plus profond de l’histoire de la Vallée de Joux dans le Jura Suisse. Dès le XVIe siècle, la famille LeCoultre y joue un rôle de pionnier. C’est Pierre LeCoultre d’origine française qui s’y installe le premier vers 1530 après avoir obtenu le titre « d’habitant » de Genève. Les LeCoultre seront les bâtisseurs de cette vallée.
Antoine LeCoultre, dixième génération des LeCoultre, sera le fondateur de Jaeger-LeCoultre. C’est dans la forge familiale qu’Antoine LeCoultre (1803-1881) s’initie aux mystères de la métallurgie. Il invente avec son père de nouveaux alliages, perfectionne les lames vibrantes des boîtes à musique et jette les bases de l’industrie des rasoirs. Sa soif de progrès et sa volonté à confronter les connaissances empiriques au savoir scientifique le mènent bientôt au plus noble des arts mécaniques : l’horlogerie.
Un premier atelier qui deviendra la Manufacture Jaeger-LeCoultre
En 1833, suite à l’invention d’une machine à tailler les pignons horlogers, Antoine LeCoultre fonde le premier atelier de ce qui deviendra la Manufacture Jaeger-LeCoultre. En très peu de temps, il invente de nombreuses machines qui franchissent des pas de géants dans le domaine de la précision. Il crée le Millionomètre (1844), premier instrument de l’histoire des techniques capable de mesurer le micron. En 1847, son « remontoir à bascule » est le premier système fiable permettant de remonter la montre et de la remettre à l’heure sans utiliser de clé. A partir de là, la Manufacture ne cessera de grandir sous l’impulsion d’Antoine et de son fils Elie. En 1888, la Manufacture LeCoultre emploie déjà près de 500 personnes. A la Vallée de Joux, elle est désormais surnommée « la Grande Maison » ! Sa créativité dans le domaine des mouvements est tout simplement prodigieuse. De 1860 à 1900, la Manufacture crée plus de 350 calibres différents ! La moitié comporte des complications : 99 répétitions différentes dont 66 répétitions minutes, et 128 chronographes, 33 calibres réunissaient dans un même garde-temps le chronographe et la répétition. Et à partir des années 1890, la Manufacture fabrique ses premières Grandes Complications, soit des montres contenant trois complications horlogères majeures : quantième perpétuel, chronographe et répétition minutes.
En 1903, l’horloger de la Marine parisien Edmond Jaeger (1858-1922) met au défi les Suisses de fabriquer des calibres ultraplats de son invention. Jacques-David LeCoultre (1875-1948) alors responsable de la fabrication chez LeCoultre & Cie relève le défi. De sa collaboration, puis de son amitié avec Edmond Jaeger allait naître l’une des plus extraordinaires collections de montres ultraplates, Suivraient des œuvres pionnières dans le domaine des montres bracelets. Et enfin : la marque Jaeger-LeCoultre.
Au début du XXe siècle, les hommes rejettent la montre-bracelet, arguant qu’elles demeurerait un attribut exclusivement féminin. De plus elle impose des contraintes aux fabricants : miniaturisation extrême, résistance aux chocs, étanchéité… Autant de défis que LeCoultre et Jaeger relevèrent pour accorder à ce nouveau type de garde-temps ses véritables lettres de noblesse. Menées de pair, les recherches esthétiques et techniques aboutirent à la création de calibres fins et compliqués destinés à épouser la forme de boîtiers minuscules, de la plus grande élégance.
Les premières icônes Jaeger-LeCoultre
Imprégnée des valeurs de l’Art déco, les années 1920-1930 donnent le jour aux premières icônes de Jaeger-LeCoultre. En une poignée d’années, naissent successivement la montre Duoplan (1925) à l’origine des actuelles Joailleries 101 ; la pendule perpétuelle Atmos (1928) et enfin la célébrissime montre Reverso (1931). Ces créations ont non seulement marqué l’histoire de l’horlogerie, mais elles ont traversé les décennies jusqu’à nos jours, accédant au statut de grands classiques.
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Date clé dans l’histoire de Jaeger-LeCoultre, 1931 marque la naissance de la montre Reverso. Lors d’un voyage d’affaire en Inde, César de Trey, distributeur des garde-temps Jaeger-LeCoultre rencontre d’anciens amis, officiers britanniques. Ces grands amateurs de polo mettent le Suisse au défi de créer une montre capable de supporter les chocs de leur sport favori. De retour en Suisse, De Trey confie son projet à Jacques-David LeCoultre. Ainsi naît la Reverso dont le nom s’inspire du latin « je me retourne ». Un simple geste permet de faire pivoter son boîtier sur son brancard pour protéger le verre de la montre. Le verso peut être personnalisé à volonté. Mariant élégance et sportivité, la Reverso devient un grand classique de l’Art déco, un mouvement culturel dont elle concentre toutes les valeurs : raffinement, artisanat d’art, clarté esthétique et goût de la fête.
En 1946, Jaeger-LeCoultre présente son premier calibre automatique : le Calibre Jaeger-LeCoultre 476. Depuis cette date, la Manufacture n’a cessé d’innover dans ce domaine : masse à butées, masses à rotor, masses en or, remontage unidirectionnel puis bidirectionnel, haute fréquence, billes en céramiques, etc.
Dotées de fonctions d’usage quotidien (réveil, remontage automatique, fuseaux horaires…), les créations des Trente Glorieuses comme la Memovox, la Futurematic ou la Geophysic ont légué leur philosophie à l’actuelle ligne Master Control. Créée en 1992, cette dernière marque une étape fondamentale dans la conquête de la précision puisque que, pour mériter son titre de « Master », chaque montre finie doit dès lors sortir victorieuse d’une batterie de six épreuves redoutables effectuées durant 1000 heures, soit environ six semaines ! Pour créer cette nouvelle référence, la manufacture jouit à cette époque d’une expérience plus que séculaire. Elle s’appuie en particulier sur les travaux relatifs aux calibres à haute fréquence, introduits en 1970 et sur les progrès des systèmes de remontage automatiques à rotor, introduits en 1959.
En 1991, la Reverso accueille ses premières complications. La saga des série limitées Reverso en or rose puis en platine peut commencer : tourbillon, répétition minutes, calendrier perpétuel, chronographe rétrograde… En 1994, la Reverso Duoface propose pour la première fois deux cadrans dos à dos offrant deux fuseaux horaires. Sa petite sœur la Reverso Duetto est créée en 1997 pour les femmes : son verso évoque le temps du jour alors que son verso serti célèbre les heures de la nuit.
Les années 2000 symbolisent le développement
Les années 2000 marquent un fort développement notamment au niveau de la création, depuis le passage à l’an 2000, la Manufacture a créé plus de 50 nouveaux calibres. Simultanément, plus de 50 brevets ont été déposés pour protéger des inventions aussi bien dans les domaines des mouvements que des boîtiers. Des montres ultra-compliquées aux créations de haute joaillerie, en passant par les Atmos compliquées, les AMVOX, Master Compressor Diving ou encore les Reverso Squadra, Jaeger-LeCoultre s’impose comme la référence de la Grande Horlogerie.
Ces années la création des premières montres-bracelets à grandes complications (soit au moins trois complications majeures dans une montre). En 2004, les horlogers de la Manufacture créent la Gyrotourbillon I. Montre superlative, elle offre le tourbillon sphérique gravitant sur deux axes ; un calendrier perpétuel à indicateurs double rétrograde et une heure solaire marchante.
En 2008, Jaeger-LeCoultre rend hommage à l’esprit pionnier de ses fondateurs en créant quatre séries limitées en or rose, chacune pourvue de complications emblématiques de l’histoire de la marque : la répétition minutes, le calendrier perpétuel, le tourbillon et les calibres ultraplats. Réplique des Memovox Polaris de 1965 et 1968, la Memovox Tribute to Polaris rappelle les grandes heures de l’histoire de Jaeger-LeCoultre dans le domaine des montres de plongée.
Depuis 175 ans, décennie après décennie, à mesure que de nouveaux savoir-faire ont été intégrés à la Grande Maison de la Vallée de Joux, les bâtiments se sont ajoutés les uns aux autres, dans le prolongement de l’atelier originel d’Antoine LeCoultre, au cœur du village du Sentier, à un jet de pierre de l’endroit où Pierre LeCoultre acquit son premier terrain en 1559. Un lieu qui ne cesse de grandir puisqu’en 2008, la première pierre est posée d’un imposant bâtiment qui offrira 9000 m2 d’ateliers supplémentaires.
Aujourd’hui la Grande Maison, abrite plus de 1000 personnes maîtrisant plus de 40 métiers horlogers et plus de 20 technologies inventent, conçoivent, fabriquent, assemblent, règlent, sertissent, gravent ou émaillent des garde-temps uniques qui font rayonner et renouvellent en permanence la grande tradition horlogère suisse.
Regardez une Jaeger-LeCoultre et vous contemplerez 175 ans d’histoire.
Par L.L
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