L'ex top-modèle Katoucha, qui a disparu mystérieusement depuis le week-end dernier, a été une des reines noires des podiums haute couture des années 80 avant de livrer le combat qui lui tenait à coeur contre l'excision.
Baptisée la Princesse peule, Katoucha Niane a été l'égérie d'Yves Saint Laurent qui "l'aimait énormément", se rappelle
Dominique Deroche, responsable de la communication de la Fondation du grand couturier. "Elle était exactement comme un dessin d'Yves Saint Laurent, la tête fière sur un long cou, très mince mais bien épaulée, faite pour la haute couture.
Elle défilait magnifiquement bien et a souvent porté des modèles très forts des collections, comme la robe cubiste bleu marine ornée de colombes autour du cou", se souvient-elle.
Fille de l'écrivain et historien
Djibril Tamsir Niane, Katoucha est née en 1960 à Conakry (Guinée). "J'ai grandi entourée d'hibiscus et d'ylang-ylang. Je m'enivrais des odeurs les plus suaves et me rêvais déjà parfumeuse ou mannequin chez Courrèges", confie-t-elle dans son autobiographie "Dans ma chair" (Editions Michel Lafon) parue fin 2007.
Sa vie bascule l'année de ses 9 ans, lorsque sa mère la fait exciser. "Nous vivions à Conakry, la vie était belle. Un jour, maman m'a dit qu'on allait au cinéma. Et je me suis retrouvée victime d'un film d'horreur. Un traumatisme inouï, dont je n'avais jamais réussi à parler, avant de rencontrer l'amour et d'écrire "Dans ma chair".
En France, elle entame sa carrière de mannequin chez Thierry Mugler. "En devenant top model, j'ai incarné la féminité la plus arrogante et la plus admirée, alors que j'étais censée être diminuée. Quelle revanche ! ".
Chaleureuse et spontanée, Katoucha abandonne les podiums pour monter en 1994 une petite maison de prêt-à-porter. Sans s'éloigner jamais de son couturier préféré, "Monsieur", comme elle l'appelle : lors de la finale de la Coupe du monde de football en 1998, elle défile avec quelque 300 autres mannequins pour la rétrospective
Yves Saint Laurent dans le Stade de France.
En 2005, elle participe à l'émission de M6 "Top Model" où elle guide et conseille des candidates au métier de mannequin. A Dakar, elle poursuit l'expérience avec "Ebène Top Model" pour lancer de jeunes mannequins africains.
Mais, surtout, Katoucha s'implique dans la lutte contre la pratique ancestrale de l'excision en créant sa propre association, KPLCE (Katoucha pour la lutte contre l'excision).
"Aujourd'hui à 47 ans, je veux des combats de femmes. J'ai choisi celui contre l'excision. Je travaille avec Tostan, une ONG formidable qui ne fait pas étalage de la barbarie: pas de campagne avec des photos de petites filles en pleine mutilation", explique-t-elle dans une interview récente.
"La dernière fois que nous l'avons vue, c'est pour la sortie de son livre. Elle est venue gentiment en offrir un dédicacé à Monsieur Bergé, à Monsieur Saint Laurent et à moi-même", raconte Dominique Deroche.
Mère de trois enfants, Katoucha a disparu à la fin de la semaine dernière après avoir été raccompagnée par un ami à proximité de la péniche où elle vivait près du pont Alexandre III à Paris.
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