L'histoire de Fauré Le Page ancrée dans l'Histoire de France

HIstoireDesMarques | Publié le 29/02/2016 15:23:50
Nos grandes maisons artisanales et industrielles s’appuient sur une riche histoire. Si Rome ne s’est pas construit en un jour, il en est de même pour nos grandes marques. A l’instar de Louis Vuitton, N°1 mondial du luxe aujourd'hui, la maison Fauré Le Page, plus discrète, peut se vanter d’avoir accompagné l’Histoire de France pendant plus de trois siècles.
Une histoire riche d'évenements, Fauré Le Page a su grandir et évoluer tout au long de ses 300 ans d'existence, pour devenir une référence de l’artisanat français. Historiquement arquebusier des rois la marque est aujourd’hui un spécialiste de la maroquinerie de luxe dont la boutique Rue Cambon à Paris est l’étendard majestueux. Une histoire de famille comme il en existe finalement assez peu. Fière de ses valeurs et de ses couleurs Fauré Le Page a fait de sa devise « Armé pour séduire » un slogan dans la mode. Séduire n’est pas un exercice simple ou anodin. Depuis bientôt trois siècles (1717-2017), la maison Fauré Le Page imagine avec ses collections les armes de la séduction pour une femme combattante.
En haut : Henri Le Page

Une marque couronnée de récompenses

Fondée sous Louis XV, en 1717, la Maison Fauré Le Page s’est dès l’origine illustrée comme arquebusier (aujourd’hui on dit armurier) des rois et des princes. Sept générations d’une même famille se sont succédées pour forger une légende parmi les grandes marques françaises.
C’est Louis Pigny qui est à l’origine de la marque. Il est officiellement arquebusier du roi Louis XV sur un acte du 23 octobre 1735 et sur un autre acte de 1756. En 1743 il cède son fonds à Pierre Le Page (ou Lepage), formé en tant que arquebusier et qui a épousé sa nièce. La maison Pigny devient Le Page et jouit d’une belle réputation. Il devient arquebusier du Maréchal de Saxe puis arquebusier et fourbisseur de la Maison d’Orléans.
Fauré le page

Sans héritier Pierre Le Page cède sa maison en 1767 à son neveu Jean Le Page (photo ci-dessus) qu’il a formé pendant quatre ans. Jean Le Page poursuit l’œuvre familiale et accroît le prestige de la marque. Au fil des années et des créations la marque apporte de nombreuses innovations techniques dans son domaine et dépose de nombreux brevets. Des inventions qui font le bonheur aujourd’hui des plus grands musées. Toute l’aristocratie et les plus grands notables viennent se fournir chez Le Page. Le Page conserve son adresse au 13, rue de Richelieu à proximité du Palais-Royal ce qui le place au cœur des événements de notre histoire. En effet la famille Fauré Le Page s’engage avec cran dans l’Histoire de France en armant les révolutionnaires de 1789 et de 1830. Balzac, Dumas, Chateaubriand, Pouchkine et d’innombrables auteurs célèbrent cette Maison dans leurs plus illustres romans. Jean Le Page aura six enfants dont quatre vont poursuivre dans le métier d’arquebusier mais c’est Jean André Prosper Henri Le Page, le quatrième enfant, qui succède à son père en 1822. Grâce à lui la notoriété de la maison Le Page s’internationalise grâce notamment à ses participations aux expositions de Paris de 1823, 1827, 1834 et celle de 1839 où il obtient une Médaille d’argent.
En 1842, il cède la direction de la maison à son gendre Gilles Michel Louis Moutier-Le Page. La marque est le symbole de l’artisanat français. La Maison fédère les plus grands talents des métiers d’art. Canonniers, fondeurs, soudeurs, serruriers, fourbisseurs, sculpteurs, modeleurs, ciseleurs, graveurs, incrusteurs, doreurs, bourreliers, gainiers, maroquiniers, orfèvres, joailliers ont participé à la réalisation des chefs-d’œuvre de la Maison.
A ce moment-là l’entreprise poursuit son expansion sous le nom Le Page-Moutier. Les succès sont toujours là et il fait fortune. Il s’associe à son neveu Émile Henry Le Page en 1865. Ce dernier devient l’unique propriétaire de la maison et 1868. Il développe la clientèle internationale et devient fournisseur breveté de la Cour impériale de Russie. Les prix récoltés lors des expositions universelles confirment le rayonnement mondial de la marque. Émile Henry Le Page est fait chevalier de la légion d’honneur en 1878 puis officier de la légion d’honneur en 1894.
La boutique historique s'installe au 8, rue de Richelieu. En 1913, l’armurier Dumond succède à Fauré Le Page mais la maison ancienne garde le nom et devient une société anonyme en 1925. Par la suite, la maison change plusieurs fois de propriétaire. Tout en conservant son activité d'armurerie et de vente d'accessoires de chasse, la Maison développe des produits de maroquinerie.
En 2012, la septième adresse parisienne de Fauré Le Page ouvre ses portes au 21 rue Cambon dans le 1er arrondissement de Paris. La collection de maroquinerie, ornée du motif Écailles, porte la marque de son glorieux passé et de son éternelle modernité. Comme autrefois la marque s’attache à préserver les savoir-faire : architectes, menuisiers, serruriers, dinandiers, graphistes, designers, stylistes, modélistes, coloristes, imprimeurs… complètent aujourd’hui les talents des artisans maroquiniers. Sa réputation de maroquinier s’appuie sur son histoire. En effet à la chasse comme à la guerre, les sacs accompagnent toujours les armes et transportent munitions, provisions, gibier, bottes et autres effets personnels. La maroquinerie actuelle de Fauré Le Page est l’héritière des cartouchières, sacoches, besaces, gibernes, musettes, carniers, gibecières, sacs de battue, seaux à cartouches… Aujourd’hui, la Maison propose toujours ces articles de référence fabriqués dans les ateliers historiques. En complément et pour conquérir un autre public la collection s’est enrichie de nouvelles armes de séduction… Des accessoires de maroquinerie pour femmes très tendance.

sac Fauré le page

Des articles qui reprennent la Toile Écailles héritière de l’emblématique motif Écailles et des toiles enduites. La Toile Écailles exclusive est élaborée selon des techniques artisanales. Imprimée au cadre « à la Lyonnaise » par un procédé semblable à celui utilisé pour l’ennoblissement de la soie, la Toile Écailles est ensuite cirée et grainée, ce qui lui confère, au-delà de son indéniable souplesse, un touché satiné et une grande résistance. La maison a pour symbole aujourd’hui le chiffre 7. Il a marqué les grands moments de l’histoire de la marque : 1717 ouverture de la première Maison de Vente, au cœur de Paris. 7 générations d’une même famille qui ont forgé sa légende. 7 souverains français, depuis Louis XV, ont distingué l’arquebusier. 7 étapes sont nécessaires pour élaborer la Toile Écailles. 7 Écailles séparent les signatures qui rythment la toile. 7 fois 3 = 21 rue Cambon, septième adresse parisienne de Fauré Le Page. 7 fois 2 = 14 septembre 2012, ouverture de la Maison de Vente.
Si aujourd’hui, le feu des fusils s’est apaisé celui de l’amour et de la séduction est toujours bien vif. Fauré Le Page offre ainsi avec ses créations de nouvelles armes de séduction. Une belle histoire qui entend bien perdurer encore quelques siècles.

Par L.L

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