La Haute Couture s’éloigne de ses codes

Defiles | Publié le 09/07/2012 08:53:38
La Haute Couture est bien un univers atypique et isolé. Elle est à la mode ce qu’est le cinéma indépendant au 7ème art, une sorte de laboratoire où tout est permis, un lieu d’expression pour les artistes. Oui, mais voilà en période de crise, il ne semble pas si simple de s’exprimer ou de se laisser aller.


Du coup l’essentiel des collections a mis en avant une certaine simplicité, voir même une austérité ambiante plus liée au climat économique actuel qu’à la saison automne hiver dévoilée ces jours ci à Paris. Oui une certaine rigidité a dominé tout au long de cette semaine de la haute couture qui semble quelque peu s’éloigner des codes qui ont fait son prestige international. On peut même se demander si l’originalité et l’audace n’étaient pas plus présentes dans les lignes Couture que l’on a découvert en marge des défilés promus par la Fédération Française de la Couture du Prêt-à-Porter des Couturiers et des Créateurs de Mode. La Chambre syndicale de la haute couture, elle, se charge plus que jamais de faire respecter les critères qui permettent d’obtenir le « label » Haute Couture.

Des pièces fait main

Rappelons que les pièces doivent être fait main dans les ateliers de haute couture qui emploient au moins 20 personnes, les créations sont réalisées sur-mesure avec une certaine quantité de tissus ... Des critères qui ont de plus en plus de mal à être respectés, du coup le nombre de Maison Haute Couture n’a cessé de se réduire au fil des années. Pourtant la haute couture est toujours là et rayonne sur le monde.
Quand est-il des codes « artistiques » et « techniques » qu’implique la notion de haute couture ? On peut se poser la question tant les looks de cette saison nous semblent parfois éloignés de l’opulence et de la richesse habituelles de cette discipline. Les coupes sont certes toujours travaillées et finement ciselées, les dessins toujours aussi élaborés, les matières toujours aussi magnifiques, mais voilà ces trois jours de défilés auront laissé un sentiment très mitigé.
Le plus bel exemple de cette « évolution », loin d’être une révolution, restera le défilé Christian Dior, inaugurant une nouvelle ère pour la maison de luxe française, avec à la tête de sa direction artistique le belge Raf Simons. Une collection qu’il a souhaité plus sobre et proche de ses clientes mais qui s’éloigne très nettement du spectaculaire auquel nous avait habitué John Galliano. Les looks sont austères, sobres, un brin rétro. Un superbe prêt à porter de luxe.
Chez les autres créateurs on note cette même tendance d’une certaine austérité et sobriété, l’exceptionnel venant de maison plus intimiste comme On Aura Tout Vu, Jantaminiau, Julien Fournié. Les grands noms (Versace, Giorgio Armani, Chanel, Givenchy, Elie Saab, Valentino) semblent être sur une autre stratégie resserrant les liens entre haute couture et prêt à porter. Ces défilés qui coûtent très chers proposant parfois une cinquantaine de looks sont avant tout une action marketing confirmant que la haute couture est pour beaucoup une vitrine. Ces collections n’étant pas rentables même si la clientèle haute couture est en pleine évolution. Un créateur comme Stéphane Rolland est l’un des rares à pouvoir se permettre une collection haute couture qui séduira une vraie clientèle de fidèles. Ce dernier va même s’aventurer dans le prêt à porter là où la concurrence est bien plus forte. Cette semaine de la Haute Couture n’aura peut-être pas autant suscité le rêve que les autres années mais elle a au moins le mérite d’exister et de se renouveler.

Par MJ.K

Défilé Stéphane Rolland
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