Le Musée de l'image d'Epinal se penche sur l'illustration de mode
Culture | Publié le 19/10/2020 08:47:29
Du 17 octobre 2020 au 3 janvier 2021, le très beau Musée de l’Image à Épinal nous propose l’exposition « Suivez-moi jeune homme » . Un thème qui devrait attirer les passionnés de mode mais aussi les amateurs d'histoire et celles et ceux qui s'intéressent à l'évolution de notre société.
A l'heure où la tenue des femmes fait encore débat dans notre quotidien notamment les tenues des jeunes filles dans nos collèges, cette exposition dévoile les liens entre la métamorphose des silhouettes et l’évolution des mœurs. Autant dire que ce sujet de société n'est pas vraiment nouveau. Quand une exposition est totalement en phase avec l’actualité nous sommes encore plus attentifs.
Des images comme des témoins d'une époque
Nous l'avons souvent évoqué ici l'histoire de la mode se confond avec l'évolution de nos sociétés. Le vêtement comme témoin des changements. De tous temps la mode féminine a été le reflet avec ses styles , ses tendances, ses créateurs, d'un état d’esprit d'une époque, illustrant à coup sûr les évolutions sociales et les changements de mœurs. Elle témoigne ainsi du statut de la femme, du rôle qui lui est assigné par une société jusque récemment très patriarcale où la présence de l'homme était prépondérante. Mais pour être ce témoin majeur la mode se doit d'exister à travers les époques. Ainsi la gravure de mode joue un rôle essentiel et connait un vrai succès au XIXe siècle. Ces gravures de mode que l'on découvre dans les journaux et magazines par le biais de réclames s'installent ainsi dans les foyers, modestes et huppés. Puis ce sont des affiches dans les rues. Inévitablement la mode se démocratise et une plus grande partie de la population a accès aux styles. L'exposition nous invite à découvrir ces changements. Le Musée de l'image d’Épinal nous offre un magnifique et passionnant regard sur l'illustration de mode.
La mode et son illustration témoignent ainsi du statut de la femme, du rôle qui lui est assigné par les hommes au fil des époques. De la gravure de mode à la photographie le vêtement féminin a connu des bouleversements accompagnant les changements de statut des femmes.
L'illustration de mode a déjà une belle histoire puisque elle est apparue sous Louis XVI avec la naissance des premiers périodiques qui s’intéressent à la mode vestimentaire et aux coiffures. Elle a aussi pour modèle le Lady’s Magazine anglais. C’est surtout sous le règne de Louis-Philippe (1830-1848) que cette "presse" se développe. De nombreux titres connaissent le succès parmi lesquelles Le Bon Ton, Le Journal des demoiselles… Des dessins qui sont souvent signés par des femmes. Deux illustratrices de l'époque se distinguent. Héloïse Leloir, épouse du peintre Auguste Leloir, et sa sœur Anaïs Toudouze épouse du peintre Gabriel Toudouze, dont les gravures sont publiées dans plusieurs supports différents à la fois, il n'existait pas de droits d'auteur mais elles étaient rémunérées par l'éditeur.
Les planches gravées sont alors placées hors texte, les techniques d’imprimerie ne permettant pas encore de combiner texte et illustration. C'est l'aristocratie qui donne le style. Parmi ces dames de la cour qui font les tendances Eugénie de Montijo, épouse de Napoléon III, inspire la haute bourgeoisie. Elle est une admiratrice de Marie Antoinette c'est elle qui introduit la crinoline à la cour. Elle est vivement critiquée car très dépensière notamment pour ses toilettes. A l'époque au sein de l'aristocratie on change de tenues trois à quatre fois par jour.
En pleine révolution industrielle, la mode va jouer un rôle important dans le développement économique de la France en faisant appel à l’industrie de la dentelle à Alençon, de la soie à Lyon, du velours… Il faut dire que les besoins en tissus et rubans sont importants. Au fil des années le vêtement ne cesse d'évoluer et de se transformer marquant l'évolution de la silhouette des femmes. Par exemple le corset s'impose sa forme évoluant au gré des modes il redessine dans al douleur le squelette féminin.
Peu à peu le vêtement se fait plus moulant et dessine la silhouette féminine. L’élargissement de la jupe, quant à lui, apparaît avant le Second Empire avec la superposition de jupons destinés à donner à la femme une silhouette en sablier. Trop lourds, les jupons sont remplacés dès 1856 par la crinoline-cage. La démarche n’est plus entravée par les jupons mais l’encombrement est maximum voire dangereux. L’imagerie populaire et les revues satiriques s’emparent très tôt des excès de cette mode. Elle est moquée et caricaturée, la bourgeoisie en fait les frais.
Quelques temps avant la Révolution, les « magasins de nouveautés », spécialisés dans la toilette féminine, font leur apparition à Paris. Les grands magasins du XIXe siècle sont leurs héritiers. C'est le début d'une nouvelle ère avec une nouvelle façon de consommer. En 1852, Aristide Boucicaut fonde à Paris le Bon Marché qui sera au centre du roman d'Emile Zola " Au Bonheur des dames ". Les Grands magasins du Louvre (1855), Le Printemps (1865), La Samaritaine (1865), les Grands magasins de la place Clichy (1877) deviennent incontournables jusqu'en province en tant que temples d’une mode accessible. Avec eux les prix sont fixes, affichés, réduits grâce à l’industrialisation de la production, C'est une révolution dans le commerce. Pour assurer leurs ventes ces nouveau commerçants font appel aux premières réclames. L’Imagerie Pellerin à Epinal édite nombre de ces planches publicitaires, un même modèle pouvant être adapté à différentes enseignes.
La mode évolue notre société aussi
Avec le XXe siècle, le quotidien des femmes évoluent et sa mode aussi, les styles changent. Le couturier Paul Poiret libère le corps de la femme des contraintes du corset. À partir de 1916, quelle que soit la classe sociale, les jupes raccourcissent jusqu’à remonter sous le genou dans les années 1920. La pratique du sport et des danses venues des Etats-Unis (black-bottom, charleston…) imposent de nouveaux mœurs avec plus de mouvement. La crise des années 1930 renvoie, quant à elle, à plus de gravité. Le vêtement féminin se rallonge, la silhouette longiligne se reféminise après les années « garçonnes ». La toilette s’adapte à l’idéologie dominante où la femme est avant tout mère et femme au foyer. Dans le même temps l’apparition de matières nouvelles contribuent à démocratiser la mode. La simplification formelle des vêtements, liée à l’industrialisation de la confection, facilite l’appropriation de la mode par les classes moyennes et populaires qui copient les modèles à partir des gravures et des patrons diffusés à grande échelle dans les magazines. Cette presse ne cesse dès lors de se développer même si la photo se fait encore rare. Avec l’adoption de l’héliogravure, et la baisse des coûts de production induite, la photographie prendra définitivement le pas à partir des années 30. Lancé en 1879, Le Petit Écho de la Mode connaît un grand succès. Créé en 1901 par Pierre Lafitte (fondateur du célèbre journal Excelsior en 1910), Femina parait, comme beaucoup d’autres revues contemporaines, sous plusieurs versions, selon qu’on y trouve ou pas des patrons et autres ouvrages de couture ou de broderie. L’exposition nous dresse un panorama exceptionnel de ces magazines jusqu'à des titres plus récents comme " Modes & Travaux " , " Marie-Claire " et bien d'autres.
Le Musée propose en parallèle à cette exposition un espace ludique dédié aux familles avec des activités destinés aux plus jeunes avec également un livret d’exploration. Créé en 2003 et géré par la Ville d’Épinal, le Musée de l’image mérite vraiment le déplacement; Il faut savoir qu'il abrite l’une des plus importantes collections d’images populaires imprimées à Épinal mais aussi par d’autres imageries françaises ou étrangères, du 17e au 21e siècle. Cette collection de plus de 100 000 images est unique en Europe.
Infos pratiques :
MUSÉE DE L’IMAGE VILLE D’ÉPINAL
42 quai de Dogneville 88000 Épinal
Tél: 03 29 81 48 30
Horaires : Du 1er septembre au 30 juin
tous les jours 9h30-12h / 14h-18h sauf lundi 14h-18h (fermé le matin), vendredi 9h30-18h, dimanche et jours fériés (sauf lundi férié) 10h-12h / 14h-18h
Les tarifs :
Tarif normal 6 euros
Tarif réduit 4,50 euros
Tarif enfant (- 18 ans) 1 euros
Billet Famille 10 euros (valable pour 2 adultes + 1 à 3 enfants)
Par MJK
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