Lieu culte : la place Vendôme

LieuxTendance | Publié le 27/10/2008 08:59:15
Après vous avoir emmener à la découverte de l’Avenue Montaigne dans notre premier épisode sur les lieux cultes du shopping parisien, nous vous proposons de découvrir un lieu à la fois culturel, historique et une place incontournable du shopping de luxe : la Place Vendôme.
Ce haut lieu du Luxe International fait parti des lieux incontournables pour les touristes. Son histoire et sa conception architecturale en font une des plus belles places de la capitale française. Une histoire qui s’est construite au fil des siècles. On retrouve les premières traces d’un hôtel de Vendôme au début du XVIIème siècle. L’hôtel fût cédé en 1604 à la Duchesse de Mercoeur qui le laissa à son gendre, César de Vendôme, fils légitimé d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, d’où le nom d’hôtel de Vendôme. On retrouve à proximité de cet hôtel, des terrains, un marché aux chevaux.

Une place royale

En 1685 le Roi Louis XIV décide de créer à cet emplacement une place royale pour y établir la grande Chancellerie de France, les académies, la Monnaie et la Bibliothèque Royale, elle se devait d'être exceptionnelle, tout autant que celle du Marais ou celle de la place Dauphine conçue par Henri IV. Pour rentabiliser l’affaire, les terrains étaient revendus et les acquéreurs devaient comme au Marais respecter un programme architectural uniforme. La place était conçue comme un vaste rectangle dont la face méridionale, sans construction s’ouvrait sur la rue Saint-Honoré. Jules-Hardouin-Mansart fût chargé de ce projet gigantesque. On édifia rapidement les arcades et les façades, on pouvait voir ainsi sur la moitié de la place des façades dépourvues de toit, sans rien derrière.

 

Ce projet immobilier s’avéra un vrai fiasco. Les travaux cessèrent jusqu’en 1699. Cette année là le roi Louis XIV décida de donner à la place une forme octogonale (celle d’aujourd’hui) et la ville fût chargée de démolir les façades et de construire une autre place, en contrepartie elle dût construire un hôtel pour les mousquetaires au foubourg Saint-Antoine.
La nouvelle place redessinée offrait plus de terrains à vendre. Ces derniers fûrent revendus par lot à des particuliers. C’est le financier Crozat qui fût l’un des premiers acquéreurs ainsi que des nouveaux riches : le fermier général Luillier, le financier Poisson de Bourvalais, le célèbre John Law et l’architecte Mansart. La construction de la place pris fin en 1720. Entre temps on avait érigé au centre de la place une statue de Girardon représentant le Roi à cheval portant la cuirasse et le manteau des empereurs romains.

 

 

La furie de la Révolution Française au XVIIIème siècle n’épargne pas ce lieu puisque c’est ici que l’on promène tout autour au bout des piques les têtes décapitées des aristocrates. Le 10 Août 1792, à la Chancellerie, Danton posté au balcon (visible encore aujourd’hui) proclame la première République Française. La statue de Louis XIV est détruite.

Une colonne en symbole

Au XIXème siècle Bonaparte au pouvoir réinstaure l’autorité et Napoléon apporte à la France la Gloire. C’est à cette période que la colonne Vendôme est érigée dans le bronze des canons pris sur les autrichiens à Austerlitz. On y installe une statue de Napoléon en empereur réalisée par Chaudet. En même temps les rues de Castiglione et de La Paix sont percées pour ouvrir la place sur les nouveaux quartiers. A la chute de l’Empire, la statue est remplacée par le drapeau blanc des Bourbons. Pendant plus de 20 ans la place sera un havre de paix. Louis-Philippe réinstalle l’empereur en haut de la colonne mais dans une autre situation : en colonel de la garde, la main dans le gilet. C’est l’œuvre de Seurre.
Au terme de trois journées insurrectionnelles (22, 23 et 24 février 1848), le roi Louis-Philippe abdique en faveur de son petit-fils, le Comte de Paris. La chambre des députés rejette le nouveau souverain et constitue un gouvernement provisoire formé par Lamartine, Dupont de l'Eure, Arago, Ledru-Rollin, Garnier-Pagès, Crémieux et Marie. La France va vivre plusieurs semaines dans une douce euphorie communément appelée « l‘Illusion Lyrique ». Mais la IIème République connaîtra rapidement son lot de troubles et s'achèvera dès décembre 1851 avec le coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte puis la restauration de l’Empire un an plus tard. Napoléon III se fait acclamer Place Vendôme au N°4 et N°6, à l’hôtel du Rhin, son habitation. En 1859, l’empereur donne une fête en l’honneur de son armée victorieuse à Magenta et Solférino, des victoires italiennes qui apportent à la France la Savoie et Nice. L’impératrice est au balcon de la Chancellerie, où l’on fait graver les grandes armes impériales pour remplacer les fleurs de lys de Louis XIV. Ces gravures sont encore visibles aujourd’hui.

 

En 1871 Paris capitule sous le siège des prussiens. C’est le début de la Commune et des conflits entre Versaillais (l’armée régulière du pouvoir réfugié à Versailles établit à l’armistice) et les parisiens qui se sentent trahis. La colonne Vendôme, symbole impériale est renversée, avec la complicité du peintre Courbet qui sera ensuite condamné à la remonter à ses frais. Chose qu’il ne fera jamais. C’est l’état qui s’en chargera.

 

 

La Belle Epoque marque sans aucun doute les heures de gloires de la Place Vendôme. Les grandes familles s’y installent dans le luxe : la marquise de Trédern, la princesse de Broglie, la baronne de Cargan y organisent les plus belles réceptions. Tandis que la belle Comtesse de Castiglione y finit ses jours dans la solitude au-dessus du joaillier Boucheron; elle ne sort que la nuit et on lui monte ses repas, dans un panier par une corde.
C’est à cette époque que les joailliers s’installent sur la Place Vendôme, venus du Palais-Royal. Boucheron fût le premier suivi par Chaumet, Van Cleef & Arpels, Mauboussin. Le Crédit Foncier installé dans l’hôtel d’Evreux achète la moitiè de la place dont il est toujours propriétaire. César Ritz venu de Londres y créé le célèbre hôtel du même nom. Les banques et assurances sont aussi présentes l’UAP siège au N°9 et la banque Morgan est au N°14.
Mais la Première Guerre Mondiale va bouleverser la quiétude du quartier. Dans la nuit du 27 au 28 juin 1918 une bombe de 50 kg tombe sur le Ministère de la Justice et une autre identique éclate à l’angle sud de la place, près de la rue de Castiglione. La Place Vendôme connaitra les fêtes de la victoire à l’Armistice et retrouvera son luxe et son succès dès la paix revenue.

 

Chaumet, orfèvres du Premier Consul et de l’Empereur peut s’enorgueillir d’une renommée deux fois centenaires. Il a repris une maison célèbre, Bréguet, le Suisse, horloger du roi et de la marine, sous Louis XVI. Ces deux noms associés occupent l’hôtel Saint-James où mourut Chopin. Mauboussin, Van Cleefs & Arpels sont toujours là. Mauboussin s’est installé après la seconde guerre mondiale dans l’hôtel Fitz-James ou vécut Chamillart.
Les grandes banques ne sont pas en reste. Le Crédit Foncier l’un des premiers établissements financiers à s’installer sur la place a son siège dans le bel hôtel d’Evreux, construit par Bullet pour Crozat et décoré par Constant d’Ivry. La finance a bâti la place, la haute finance y est toujours notamment dans les étages nobles des hôtels particuliers. La banque anglaise Westminster, l’américaine Morgan, la canadienne Royal Bank, l’allemande Deutsche Bank, la suisse Swisslife …
Faire son "shopping" sur la Place vendôme est un Luxe réservé à peu de personnes mais ce lieu va bien au-delà du lieu culte pour le shopping c'est avant-tout et aussi un lieu qui se visite comme on découvre un musée ou un monument avec un passé si riche qu'il vous émerveille autant que les vitrines de ces Maisons de Luxe.

 

 

Nomenclature des principales boutiques :


N° 1 : Chopard - N° 2 : Damiani, Guerlain - N° 4 : Gianmaria Buccellati - N° 6 Breguet - N° 7 : Dior, Fred, Jaeger-LeCoultre, Tournaire Paris - N° 8 : Mikimoto, Dior - N° 9 : Rolex - N° 10 : Philippe Patek, Bvlgari, Psaquale Bruni - N°12 : Chaumet, L'Artisan Parfumeur - N° 13 : Ministère de la Justice - N° 15 : Le Ritz - N° 16 : Piaget, Swatch - N° 18 : Chanel - N° 20 : Mauboussin - N° 21 : Alexandre Reza, Dubail, Madeleine Vionnet - N° 22 : Van Cleef & Arpels - N° 23 : Cartier - N° 24 : Van Cleef & Arpels - N° 25 : Bvlgari - N° 26 : Boucheron - N° 28 : Charvet

 

Par MJ. KENFACK
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