Marlies Dekkers expose ses dessous chics à Rotterdam
Culture | Publié le 13/06/2008 07:38:47
Audacieuse, provoquante, assurée, équivoque, jamais tout à fait sage et souvent sexy, la lingerie créée par Marlies Dekkers s'expose en rétrospective au centre d'exposition d'art Kunsthal de Rotterdam, une première qui marque les 15 ans de métier de la créatrice. Le noir domine dans les créations de la Néerlandaise, avec parfois une tache de blanc et quelques notes de couleur. Mais la constante, en filigrane sur la plupart des strings, guêpières et soutiens-gorges sortis de ses ateliers, ce sont les bretelles. Une, deux, parfois trois bretelles barrant le sein en surplombant un bonnet, parcourant une hanche en guise d'élastique. C'est la griffe d'une ligne dont les collections se ressemblent. Mais est-ce un défaut ? "Je raconte sans cesse la même histoire. Il n'y a pas de mal à cela", dit-elle, car elle produit "une lingerie parfaitement adaptée aux corps des femmes". Et pourquoi changer, "puisque cela plait aux femmes" ?
Un petit empire de neuf boutiques
En 15 ans, en partant d'une subvention du ministère néerlandais de l'Economie, les variations sur cette "histoire", et l'opiniâtreté de celle qui la raconte, ont permis à Marlies Dekkers, 42 ans, de bâtir un petit empire de neuf boutiques, de Rotterdam où elle crée, à Paris et New York, et de 1.000 points de vente dans le monde.
Le Kunsthal lève un coin du voile sur l'univers dans lequel Marlies Dekkers puise son inspiration. Et la créatrice de citer pêle-mêle, dès l'entrée de l'exposition, Platon, sur l'amour et la beauté incarnée, "Les larmes d'Eros" de Georges Bataille, en néerlandais et en lettres papillonnantes, ou d'imprimer du Baudelaire, en anglais, sur la ceinture d'un porte-jarretelles.
Un tableau de Mondrian et une chaise de Rietveld inscrivent l'œuvre de Marlies Dekkers dans "le design néerlandais", selon sa porte-parole Annabel Clossen. Un dessin de Picasso, des lithographies de Buffet, des huiles de la peintre sud-africaine Marlene Dumas illustrent les pérégrinations de la créatrice dans les méandres de l'érotisme. Le visiteur pour sa part n'en revient pas, troublé qu'il est par ces chefs-d'œuvre et les (très petits) bijoux de tissus imaginés par la styliste, entre lesquels le lien n'est pas toujours très clair. La Néerlandaise revendique pourtant ses références. "Platon, Nietzsche, Borges, Antonioni, Greenaway, Fassbinder, Botticelli : chaque artiste ou écrivain qui a dit quelque chose de sensé sur l'amour, la relation entre les sexes ou la représentation du corps (féminin), est adopté et incorporé dans sa pensée, et finalement dans son travail", explique Annabel Clossen.
Heureusement Helmut Newton et Nobuyoshi Araki sont là aussi, aux argentiques coquins, troublants, attirants... comme la lingerie de Mme Dekkers. C'est peut-être à cet émoi qu'il faut s'en tenir, sans chercher à déflorer le mystère d'Eros. Et puisque "les femmes lui envoient des lettres pour la remercier", ne pas en demander plus.
INFOS PRATIQUES :
Adresse : Museumpark, Westzeedijk 341 - 3015 AA Rotterdam
Entrée Plain tarif : 8,50 €
Jusqu'au 29 juin
Par L.L
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