Un air de provocation très britannique a soufflé dimanche sur les passerelles milanaises au deuxième jour des défilés masculins avec une Vivienne Westwood plus canaille que jamais, tandis qu'Alexander McQueen faisait dans le bionique avec une collection seconde-peau.
Authentique voyou ou faux méchant, l'homme vu par la reine du punk
Vivienne Westwood, 67 ans et toujours aussi décoiffante, cultive un art de l'excentricité qui ferait pâlir le plus dévergondé des mauvais garçons. Le fond des pantalons pend entre les cuisses, le bas se retrousse en d'épais bourrelets ou ose se faire trop court, les petits gilets sans manches s'ouvrent sur un torse tatoué que vient caresser une énorme breloque
bling-bling.
Les chemises en perdent leurs cols et poignets qui pendent ou rebiquent, les coutures partent en biais : cigarette sur l'oreille, l'homme Westwood, sous sa mèche rebelle qui lui couvre la moitié du visage, offre soudain aux spectateurs un mauvais rictus qui découvre un râtelier de dents en or.
Chez son compatriote
Alexander McQueen - parmi les rares non-Italiens à défiler à Milan - l'homme se glisse dans des tenues bioniques qui lui font une silhouette des plus épurées. Les sous-pull sans coutures, sable ou orange, adhèrent au corps comme une seconde peau, les vestes sont remodelées et épaissies comme des carapaces et leurs cols et revers apparaissent en transparence sous une matière qui ressemble à un bas féminin de soie.
Les matières sont étonnamment légères: un pull est tricoté dans du lurex doré, les manches et les flancs d'un polo sont découpés dans du voile, un top se drape de mousseline beige, pour une collection qui ne quitte pas une seconde un corps qu'elle moule au plus serré. Encore plus étonnants, des petits gilets, habituellement troisième pièce des costumes classiques, se transforment en corset intégré à la chemise. Un autre corset constitue la pièce la plus détonante du défilé: alors que le dos est comprimé par des baleines, le torse se couvre entièrement de petites barres de métal qui remontent jusqu'au cou pour l'enserrer.
La maison
Salvatore Ferragamo fait exploser les couleurs avec des ensembles chemises-costumes-cravates-chaussures coordonnés - framboise, bleu canard, orange vif - parfois complétés par un inattendu collier en grosses perles.
Même topo chez
Roberto Cavalli où une armée de jeunes hommes bronzés débarquent sur la passerelle en petits maillots de bain ultra colorés pour donner le ton à une collection pleine de peps.
Une veste rouge rubis est retenue par des sangles aux manches et à la taille; un blouson de cuir fauve joue les arlequins grâce à une découpe en losanges. En bas, les pantalons sont extra-larges et se découpent dans du tissu girafe, zèbre violet et orange, ou tie-and-die fushia veiné de noir.
Chez
Bottega Veneta, l'homme ne sort pas sans sa veste, pièce maîtresse qu'il décline à l'infini pour accompagner toutes ses tenues, décontractées comme formelles.
On la glisse, classique et noire, sur un pyjama rayé pour aller acheter son journal le matin ou on la pose, blanche et ceinturée, sur un pantalon bien large. Rabats ou poches, col Mao, boutonnée, dézippée, avec noeud papillon, sur un pull, un petit polo ou une chemise, la veste s'invente des dizaines de variations pour une silhouette toujours impeccable.
Chez
Gianfranco Ferré, une pointe d'imprimé léopard, discret et à peine tacheté qu'on retrouve en cravate, chemise ou sur les savates, vient pimenter juste ce qu'il faut une ligne sobre et classique qui continue de faire la réputation de la maison.