Regard sur un classique : le jean

Mode | Publié le 14/09/2009 14:23:49
Dès notre plus jeune âge il nous accompagne et il nous suivra tout au long de notre vie. Le Jean est devenu un vêtement universel, celui que tout le monde a porté un jour. Il a investit la plupart des civilisations même les plus lointaines ou les plus opposées aux symboles américains. Oui le jean est un symbole, celui de l’Amérique qui gagne mais aussi celui d’une certaine indépendance.
Le jean est un Classique de la mode. Nombreuses marques en ont fait leur spécialité d’autres en dessinent à leur façon car chaque marque se doit d'avoir sa ligne de jean, c’est un classique, une coupe indispensable comme le Tailleur

Le jean : une histoire américaine

L’histoire du jean est intimement liée à celle de l’Amérique. On retrouve l’origine de son nom en Italie et plus particulièrement à Gênes. Le mot « jean » est une déclinaison de « genoese » (qui signifie gênois en anglais). En 1567, on confectionne des pantalons de marins à Gênes. Le tissu lui vient de Nîmes. Il est produit pour confectionner les voiles des navires, il est connu de part le monde pour son extrême résistance. Devant ce succès les entreprises nîmoises se sont installées à Gênes qui est à l’époque l’un des plus grands ports de commerce en Europe. C’est ainsi que le tissu utilisé pour la confection du jean sera par la suite appelé « Denim » (De Nîmes). Oui le bon vieux jean américain doit tout à la France.
Mais ce tissu n’est pas bleu naturellement il doit subir un traitement. Pour obtenir ce célèbre bleu indigo il est nécessaire qu’il subisse un traitement à base de deux plantes : le pastel indigène et l’indigotier exotique. Une transformation réalisée par les « teinturiers bleus ». L’indigo est importé sous forme de petits blocs, il provient d’Asie et d’Amérique.

 

C’est en pleine fièvre de l’or vers 1848 aux Etats-Unis, que Levi Strauss (Loeb Strauss, il a américanisé son prénom) plutôt que de s’intéresser à la recherche de l’or, se penche sur les besoins des pionniers et sur leur argent. D’origine bavaroise, il ne tarde pas à comprendre que ces hommes manquent cruellement de confort pour travailler. A 24 ans, Levi Strauss a débarqué avec des ballots de toile marron qu’il compte bien transformer pour vendre des tentes aux chercheurs d’or. La légende raconte qu’un soir, dans un saloon, un mineur ivre le mit au défi de transformer sa toile super solide en pantalon pouvant résister à tout. C’est en 1853 que le patron du premier jean voit le jour. Il se présente sous forme d’une salopette coupée avec des boutons pour accrocher les bretelles. Ce n’est que dans les années 20 que des passants seront ajoutés à la taille afin d’y glisser une ceinture. A partir de ce modèle, Levi Strauss va confectionner une vraie collection appelée « Work ». En 1858 alors qu’il était brun, il devient bleu. En 1860 il fonde la Levi Strauss Company. Son pantalon est adopté par tous les ouvriers. Il se distingue avec 4 particularités : cinq poches, une braguette à boutons, des surpiqûres oranges, une étiquette de faux cuir cousue à la taille. En 1870, Jacob Davis, un tailleur de Reno (Nevada) décide de remplacer les coutures aux coins des poches et à l’entrejambe par des rivets en cuivre, histoire que le jean soit encore plus solide. Cet inventeur s’associera avec Levi Strauss. Par contre en 1933 le rivet de l’entrejambe disparaît, il posait quelques problèmes aux éleveurs de bétails lorsqu’ils s’accroupissaient près du feu. Quand à ceux des poches arrières ils disparaîtront en 1937, ils usaient trop les bancs d’écoles.

Le jean : le pantalon des mineurs

En 1890, le « Number One » de Levi Strauss devient le jean préféré des mineurs. Mais la concurrence est déjà là puisque depuis des années Henry-David Lee un tailleur du Kansas travaille sur le denim. En 1889 il fonde la H.D Lee Mercantile Company et lance la salopette « Bib Overall » en denim, c’est un succès. A partir de là les deux entreprises se livrent une lutte incroyable pour conquérir le marché du « Work » celui des mineurs, paysans, bûcherons, charpentiers et maintenant les cheminots. A partir du 20eme siècle de nombreuses compagnies tentent leur chance comme la Blue Bell Overall Company plus connue sous le nom de Wrangler maintenant.

 

La crise de 1929 aurait pu sonner le glas du jean tant il est lié à l’industrialisation bien au contraire le krach boursier de Wall Street sera une chance pour ce vêtement qui va séduire les citadins impressionnés par la robustesse et l’esthétique de ce pantalon pas comme les autres. Le jean devient un vêtement de détente. Pour Levi Strauss c’est une nouvelle étape importante. La seconde guerre mondiale sera une nouvelle opportunité pour la marque qui signe un accord avec la Défense Américaine qui lui commande les pantalons de permission des soldats. Il fait son arrivée en Europe et le vieux continent est conquis par ce symbole de l’Amérique (comme le chewing-gum ou le Coca Cola).

 

A partir de là le monde entier est conquis. Le jean est le symbole des gagnants, il apparaît dans de nombreux films et les plus grands acteurs le portent : Marlon Brando, James Dean, Gary Cooper. En France Jean Gabin portant un jean sera photographié en compagnie de Marlène Dietrich. Le jean est partout aussi bien dans les films que dans les pubs, tout le monde en porte, ouvriers, paysans, bikers, stars, rockers comme Elvis Presley ou The Beatles, en France Johnny Hallyday. C’est aussi dans les années 60 que le jean pars à la conquête des femmes, elles aussi convaincues de l’élégance du jean. Il est ainsi l’un des symboles de la libération de la femme dans les années 70 comme il fût dans les années 60 l’un des symboles de la cause noire aux Etats-Unis. Il a fini par conquérir les hommes de toutes les couleurs.

Les couturiers s'emparent de la toile indigo

Sa forme n’a eu de cesse d’évoluer dès lors que les couturiers se sont emparés de cette toile indigo : style 501 basique, en cloche, Jodhpur, délavé, destroy, à franges, pattes d’éléphants, brodé, noir, de couleurs, le jean se décline à l’infini.
Dès les années 70, le baggy s’impose lui dans les milieux urbains et devient le symbole d’un nouveau style de vie. Conçu par Marithé et François Girbaud le baggy s’impose en Amérique.
Aujourd'hui même les marques de luxe proposent leur collection de jean : Versace, Armani, Jean-Paul Gaultier, Karl Lagerfeld avec Diesel, Ralph Lauren, Tommy Hilfiger, Dior, Calvin Klein. ... Même Yves Saint Laurent déclarait "Mon seul regret ? Ne pas avoir inventé le jean."
En près de 160 ans d’histoire le jean aura sû s’imposer comme le vêtement incontournable, il aura surtout su s’adapter aux mœurs d’une société en constante évolution, le jean n’est pas statique, il vît, évolue, se transforme pour rester le numéro 1. Plus qu’un symbole pour beaucoup le jean est une seconde peau.

 

Par L.L

 

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