Saint-James, le style marin en héritage

HIstoireDesMarques | Publié le 25/06/2020 07:58:16
Pour cette nouvelle histoire des marques, votre magazine a voulu rendre hommage à une maison française emblématique du savoir-faire artisanal français qui a traversé le temps. En 2020, la marque Saint-James célèbre ses 170 ans. L'entreprise normande a fait du tricot un étendard reconnu dans le monde entier. Ce chandail marin tricoté en pure laine vierge lui a permis en 2013 d'obtenir le prestigieux label Entreprise du Patrimoine Vivant.

- Photo en haut : Pascale, Véronique et Nathalie, filles de Bernard Bonte, habillées en Saint James -

Détenteur d’un savoir-faire rare en tricotage, Saint-James a construit sa notoriété avec un vêtement destiné à l’origine aux marins pêcheurs, adopté ensuite par les grands navigateurs, plaisanciers et touristes. Aujourd'hui la marque est devenue plus globale et s'affirme comme une vraie griffe de prêt-à-porter s'adressant à tous. Un style "Made in France" qui a conquis non seulement les français mais aussi de nombreux clients hors de nos frontières notamment en Europe, aux Etats-Unis, au Canada et même en Asie… Un succès qui méritant bien de faire plus ample connaissance avec cette marque implantée en Basse-Normandie, à proximité du Mont-Saint-Michel, depuis 1889.

Filatures tricots Saint James

Les dates essentielles de la maison Saint James

1850 - Perpétuant une tradition textile millénaire, l'entreprise Saint James voit le jour vers 1850 dans la ville qui a donné son nom à la marque. A ses débuts l’entreprise teignait et tissait la laine pour la revendre sous forme d’écheveaux, de pelotes à des merceries, et de sous-vêtements, chaussettes à des magasins de bonneterie. Dès la fin du XIXe siècle, sous l’impulsion de Léon Legallais et sa famille, Saint James fabrique les fameuses chemises de laine de pays pour les marins de la région. L’ancêtre du pull marin est tricoté avec une laine à peine dessuintée assurant isolation et chaleur. Très vite le pull marin Saint James fait partie du « sac de marin » des pêcheurs de Granville, Cancale et Saint Malo, allant pêcher la morue à Terre-neuve.
1950 - Cent ans après ses débuts dans le tricot l’entreprise abandonne filature et teinture et se consacre uniquement à la fabrication du fameux « vrai chandail marin ». La société est reprise en 1950 par Julien Bonte, rejoint par son fils Bernard. Ils assurent le développement industriel et commercial de la marque qui s'impose peu à peu comme le « Leader de la Maille Marine ».
1970 - La marque est plébiscitée par les amateurs de voile. L’entreprise conforte sa position de leader sur le marché de la confection de vêtements de style marin. Elle profite également de l'engouement des français pour les vacances à la mer avec les premiers congés payés.
1976 - Julien Bonte cède les commandes de l'entreprise à son fils Bernard. Il impulse un certain dynamisme et construit une nouvelle usine de 1 800 m² d’ateliers et 300 m² de bureaux pour suivre la demande croissante du grand public. Avec cette nouvelle implantation l’entreprise affirme son attachement à la ville de Saint-James. 1989 - La marque fête son 100e anniversaire. L’entreprise met un record dans sa poche en confectionnant, d’un seul tenant, le plus grand pull du monde ( dimensions : 7,60 x 14,45 m et un poids de 45 kg) et en profite pour s’offrir un nouveau logo.
1990 - Bernard Bonte, Président, prépare son départ avec le souci de maintenir l’usine à Saint-James C’est dans ce cadre qu’intervient une Reprise de l’Entreprise par ses Salariés (RES), avec comme successeurs Yannick Duval en qualité de Président du Directoire et Joël Legendre comme Directeur Financier. Pour répondre à la forte croissance des ventes de l’entreprise, notamment à l'étranger, un nouveau bâtiment de 4 600 m² est construit pour augmenter la production.
2001 - Cette année là une nouvelle extension des ateliers voit le jour portant la surface totale à 11 000 m². Renforçant son réseau de dépositaires indépendants, Saint James étoffe son réseau de distribution. Après le Mont Saint-Michel, Nice, Paris, Saint-Malo la marque inaugure deux nouvelles vitrines, à Strasbourg et Lyon. En 2009 l’usine s’étend, désormais, sur près de 15 000 m² et l’activité à l’export représente plus de 30 % du chiffre d’affaires.
2013 - En décembre 2012, l’entreprise est transmise aux Cadres dirigeants. En janvier 2013, Luc Lesénécal devient Président et Patrice Guinebault Directeur Général. La même année l’entreprise reçoit le label d’État « Entreprise du Patrimoine Vivant », qui distingue les entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence. La marque poursuit son développement avec de nouvelles ouvertures de boutiques en 2014 à Dijon et au sein des Ateliers de Saint-James avec un flagship store de 300 m².

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Une tradition textile millénaire

Située entre Normandie et Bretagne, à quelques encablures du Mont Saint-Michel, Saint-James fait partie de ces entreprises qui font la richesse de l'industrie française en se basant sur un savoir-faire unique et précieux. Ainsi la marque puise son inspiration depuis plus de 100 ans dans une tradition textile millénaire, Dès le XIXe siècle, Saint-James se lance dans le tricotage du fameux « chandail » marin. Ce pull en laine de pays, à la maille si serrée qu’on le dit « imperméable », protégeait du froid et des intempéries les marins partis pêcher dans les eaux froides de l’Atlantique Nord. Faire un pull marin ne s'improvise pas et il est nécessaire de respecter des étapes essentielles, du choix de la matière à l'assemblage du produit final.
La création de la Laine.
La laine provient des élevages de moutons situés en Australie, Nouvelle-Zélande et Amérique du Sud. Cette laine est issue de la tonte du mouton ; le suint du mouton (aspect gras au toucher) est encore présent. Cette laine brute est transformée pour devenir « apte » au tricotage. Avec 1,8 kg de laine brute, on obtient 1 kg de laine propre (environ 40 % de perte). Cette laine est ensuite lavée afin de diminuer le suint et la terre présents, cette étape est suivi d’un cardage, permettant d’enlever les grosses pollutions comme les chardons et les herbes. Le peignage est destiné à extraire les pollutions les plus fines. La laine sort de ce processus sous forme de ruban. Ensuite il faut lui donner une teinte, une couleur. En ruban, celle-ci est plongée dans un bac de teinture (minimum 600 kg). Une deuxième méthode, pour des quantités inférieures, consiste à teindre sur fil ; la laine est d’abord filée puis teinte une fois embobinée sur les cônes.
Il faut ensuite que la laine devienne du fil pour être tissé. Pour cela elle passe dans des machines qui donneront, à la sortie, des mèches de laine homogènes, enroulées sur des tubes. Les tubes sont disposés sur un continu à filer, affecté à la transformation des mèches en fil simple. Ensuite, deux ou plusieurs fils simples sont tournés, vrillés entre eux, pour obtenir un fil retors, doté d’une plus grande solidité. Enfin, pour finir, ce fil retors est paraffiné, afin de lui conférer une glisse indispensable au tricotage, puis rembobiné sur cônes prêts à intégrer les métiers à tricoter. La laine utilisée obtient le certificat Woolmark qui est employé pour identifier les marchandises qui contiennent de la laine vierge, c’est-à-dire provenant de la tonte d’animaux sains et vivants, par opposition à la laine récupérée sur les toisons d’animaux abattus et à la laine recyclée. L’étiquette Woolmark garantit un produit en pure laine vierge (100 % de la composition).

Atelier Saint James

Fabrication d'un pull marin.
Dans ses ateliers la marque Saint-James conçoit des vêtements d’exception répondant à un cahier des charges très précis. Tout commence par le tricotage. La matière première (laine) doit satisfaire à une série de tests rigoureux avant d’être tricotée. Le corps (devant et dos), les manches, le col et les garnitures sont tricotés séparément dans un fil de même bain. Les panneaux, ainsi obtenus, sont stabilisés en dimensions par une vaporisation. Puis c'est le moment de la coupe. Ces panneaux sont tricotés aux dimensions et découpés, selon des gabarits, en fonction des spécificités des modèles et des tailles. Il faut ensuite les assembler pour créer le vêtement. Piquage, surjet, remaillage de l’ensemble des panneaux tricotés et pose des accessoires donnent forme au produit final. Pour finir le vêtement passe au contrôle qualité avant la réalisation des boutonnières, la pose des boutons et de la vignette col « Saint James » en signature.
 

Quelques chiffres à retenir :
23 km de fil de laine pour concevoir un pull matelot
La toison d’un mouton permet la fabrication de 3 pulls Matelot
800 g : poids d’un pull fini
18 étapes du tricotage jusqu’à la mise en sachet du pull
15 jours entre le tricotage et le pull fini
16 rayures bleues sur le corps, 13 sur les manches (taille adulte)
pour la marinière naval
Plus de 32% de la production à l’export

Une marque textile à part entière

Depuis 130 ans, Saint James puise son inspiration dans ses origines, la mer. Pulls marins, cabans et marinières… Des basiques incontournables qui ont forgé la renommée de Saint James. Pour autant la marque ne s'enferme pas dans son passé ou son héritage. À chaque collection, les stylistes réinterprètent ces modèles iconiques de mille manières, et inventent de nouvelles tendances. Aujourd'hui la marque nous propose un large panel de styles : sport, chic, sophistiqué, « casual », rétro-classique ou rock… Tout est possible, à condition de respecter l’horizontalité de la très « stylée » rayure, devenue une valeur sûre. A partir de là tout est possible du choix des formes, à celui des matières ou des coloris. Vêtement culte, à la mer comme à la ville, le pull marin constitue un vrai symbole d’évasion vers de larges horizons. Il se décline en de nombreuses variantes au masculin comme au féminin. La marinière demeure un incontournable et une valeur sûre. Le caban est lui redevenu tendance, un manteau authentique idéal pour les hivers un peu rudes. Les polos sont eux aussi devenus des incontournables. Des pièces iconiques qui traversent les générations et les régions du globe. Pour renforcer son aspect "mode" Saint James multiplie les collaborations avec des marques références partageant les mêmes valeurs comme Vuarnet, Le Parapluie de Cherbourg, Marie Marot, Le Slip Français, 1083, Le Bon Marché Rive Gauche ... Elle a su aussi se montrer solidaire en produisant des masques pendant la crise du Covid-19 transformant ses ateliers pour répndre aux besoins urgents.

Aujourd'hui la marque Saint-James est présente à Nice, Saint-Malo, Strasbourg, Lyon, Biarritz, Granville et à Beauvoir, au pied du Mont Saint-Michel. Elle est également présente un peu partout dans l'hexagone grâce à un réseau de boutiques partenaires notamment à Saint-Martin-de-Ré, Brive-la-Gaillarde, Nantes, Ajaccio, Bernay, Chartres, Orléans, Cherbourg, Arzon, Carnac, Lille, Beauvais, Alençon, Le Mans, Rouen, Fontainebleau et Saint-Valéry-sur-Somme. C'est aussi trois boutiques à Paris et une à New-York sans oublier une présence au Japon à Tokyo et Osaka. Saint James est la parfaite illustration d'une réussite 100% française.

Marinière Saint James

Infos pratiques :
adresses Paris :
Rive Gauche, 66, rue de Rennes, 75006 PARIS.
Rive Droite, 44 rue Cler, 75007 PARIS
« SAINT JAMES Madeleine »,  5 rue Tronchet, 75008 PARIS 
 

 

Par Fashions-addict.com
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