Difficile de vous croiser à Paris, la vie de Tara Jarmon est-elle devenue une course contre la montre ?
Comment définiriez-vous Tara Jarmon aujourd’hui ?
Des vêtements pour une femme indépendante , intelligente, qui ose, qui veut être remarquée et reconnue par elle même. La femme Tara Jarmon a une sensibilité artistique et elle est plutôt citadine.
Vous habillez de nombreuses jeunes femmes, comment percevez-vous la femme moderne ? Est-elle si différente d’un pays à l’autre ?
La femme moderne, elle est encore une fois indépendante, elle peut tout faire, la femme moderne c’est pour moi une femme libérée, contrairement aux années passées où la femme n’avait pas autant d’opportunités, on ne pouvait pas étudier et on était limitée à des métiers comme infirmières ou institutrices. A notre époque la femme peut exercer tous les métiers, policier ou pilote d’avions. Pour moi la définition de la femme moderne c’est une femme qui a le choix de tout faire, le choix de faire son bonheur.
Quelles difficultés avez-vous rencontré à vos débuts ?
Au départ c’est surtout des difficultés financières car pour investir dans la création et dans des magasins il faut pas mal d’argent. Mais moi j’ai commencé dans les années 80 et c’était plus facile qu’aujourd’hui parce qu’il y avait plus de magasins indépendants qui achetaient des produits pour leur seul magasin, pour leur compte. Maintenant les magasins d’habillement c’est essentiellement des grands groupes qui réfléchissent autrement, c’est beaucoup plus calculé et moins spontané. C’est plus difficile pour des jeunes marques de trouver des clientes, des distributeurs, des points de vente.
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Auriez-vous des conseils à donner aux jeunes femmes qui veulent se lancer dans la création d’entreprises ?
Il faut vraiment bien concevoir son projet. Offrir, proposer quelque chose qu’on ne trouve pas encore. Il ne faut pas faire comme tout le monde, comme ces grandes structures, ces enseignes impersonnelles que nous venons d’évoquer . Je pense qu’il y a toujours de la place pour de la nouveauté, les femmes, les consommatrices, elles ont envie de nouveaux produits, d’être étonnées, elles sont toujours à la recherche de ça. Quand on lance un projet il ne faut pas se décourager, il faut faire, il faut vraiment faire. Se pousser, oser.
Comment s’organise votre travail au sein de Tara Jarmon ?
Maintenant j’ai une équipe, ce n’est pas moi qui fait tout (rires) . Elles, je dis elles car cette année nous sommes que des filles, non pas que j’ai quelque chose contre les garçons, elles, les filles de l’équipe de style, proposent des créations et ensuite je décide, je donne mon avis, je donne des idées sur des tendances. Mais ce n’est plus moi qui dessine, il y a une équipe de 8 stylistes. Non pas que je n’ai plus envie de dessiner mais je ne peux plus tout faire comme à mes débuts. Actuellement on est en train de produire les vêtements de l’hiver 2008/2009 tout en travaillant sur des prototypes pour l’été 2009, c’est donc très compliqué physiquement d’être partout ! Je trouve que c’est bien aussi de donner l’opportunité à de jeunes stylistes qui apportent de nouvelles idées et du dynamisme. Elles sont même plus qualifiées que moi. (rires)
En dehors de la mode, quelles sont les passions de Tara Jarmon ?
J’aime être avec mes enfants, j’en ai trois, j’aime jouer avec eux . Sinon en ce moment je suis très tennis, c’est ma période tennis. Je suis plus sportive que culturelle, j’aime bien les expos mais le sport a toujours eu une grande place dans ma vie, j’en ai toujours fait.
Vous n’êtes pas une passionnée de shopping ?
Oh si j’ai oublié c’est vrai, j’adore ça !
Plutôt fashion addict ou fashion victim ?
addict c’est certain
Que faites-vous lorsque vous ne travaillez pas ?
Je fais du shopping, je joue au tennis, je rigole avec mes amis, j’aime beaucoup rire même parfois je suis obligé de dire notamment à mes enfants que je suis fachée car je donne l’impression que je suis décontractée.
Votre dernier coup de cœur ?
Il y en a beaucoup mais en ce moment j’ai très envie d’un sac Chanel, mais je ne saurais vous dire quel modèle en particulier.
Quels sont vos projets ?
Alors la grande nouveauté pour l’été 2009, c’est que je lance une ligne de maillots de bain et je vais développer ma ligne d’accessoires, sacs et chaussures, ça c’est mes projets à court terme d’un point de vue professionnel. D’un point de vue personnel je suis en train d’organiser pour les vacances un tour de Toscane en vélo avec ma fille de 18 ans qui veut faire une visite culturelle surtout sans shopping. Pourtant elle est accro au shopping elle aussi.
Avez-vous envie de vous exprimer par rapport à un sujet qui vous tiens à cœur ? Une cause ? Quelque chose qui vous révolte ?
Dans l’actualité il y a cette affaire avec cette femme dont le mariage a été annulé. J’avoue que je ne comprends pas très bien comment la sexualité d’une femme peut intervenir dans un jugement de la sorte. Rachida Dati s’est exprimée à ce sujet puis elle a changé d’opinion, c’est assez bizarre tout ça à notre époque. Je ne savais même pas que la justice pouvait annuler un mariage et où c’est écrit que l’on doit être vierge pour se marier. J’avoue que cette histoire me met en colère. Je ne comprend pas.
Comme on l’évoquait précédemment, est-ce que la situation de la femme dans le monde peut être une source d’inspiration dans votre travail ?
C’est plus des voyages qui m’inspirent comme en Amérique latine ou en Inde avec des vêtements très riches en couleurs. Sinon ce que je souhaite pour la femme c’est vraiment qu’elle se libère et cela dans tous les pays, la femme moderne doit être une femme libérée et indépendante. Si je peux à l’avenir aider la femme dans ce sens je le ferais.
Vos boutiques préférées ?
Il y a un styliste, qui n’est pas français, que j’adore c’est Albert Elbaz chez Lanvin, il y a aussi biensûr Chanel. Une fille dont on ne parle pas assez c’est Véronique Leroy, j’adore ce qu’elle fait. Pour les boutiques j’adore aller chez Colette où dans des multimarque comme Mona, rue de Bonaparte, j’aime beaucoup aller au Printemps et dans les grands magasins, le Bon Marché, j’adore le maquillage, j’aime aller chez Sephora.
Un mot pour vos fans ?
ah ce que je vous aime
INFOS PRATIQUES :
Interview réalisée par Marie Joe Kenfack