2009 : l'année Coco Chanel

Mode | Publié le 05/01/2009 15:14:56
Vous avez passé la fin d’année 2008 avec Mademoiselle Chanel grâce au téléfilm en deux parties diffusé sur France 2 fin décembre, 2009 joue la continuité et s’écoulera aux rythmes des événements en relation avec la célèbre styliste française. Coco Chanel, l’une des femmes de 2009.

En effet pas moins de trois projets cinématographiques mettant en vedette Gabrielle Chanel envahiront les salles obscures cette année. Le film « Coco Chanel & Igor Stravinsky » réalisé par Jan Kounen (99 francs) sera le premier à se frotter à la critique et au public le 1er mars. Dans les rôles titres Anna Mouglalis et Mads Mikkelsen pour évoquer les liens entre la créatrice et le compositeur. En avril 2009 c’est le film de Anne Fontaine « Coco avant Chanel » qui sera sur les écrans. Inspiré du livre l’irrégulière de Edmonde Charles-Roux, le livre relate les premiers pas de Coco Chanel dans le milieu de la mode. On retrouve au générique Audrey Tautou et Benoit Poelvoorde. Un autre film était en projet sur la vie de Coco Chanel, mené par la scénariste et réalisatrice Danièle Thompson, un projet qui semble pour l’instant à l’arrêt, il faut dire que la concurrence est grande en 2009.
A ces projets cinema, nous pouvons également ajouter quelques livres à paraître en cours d’année notamment « Exceptionnelle Coco Chanel » de Matthews Elisabeth en mars 2009.
Avec une telle actualité Mademoiselle Chanel est la femme incontournable de 2009, 116 ans après sa naissance.
Gabrielle Chanel, héroïne moderne, il ne pouvait en être autrement au regard d’une vie romanesque incroyable. Née à Saumur en 1883 Gabrielle Bonheur Chasnel a vécu une enfance difficile. Sa mère couturière décède alors qu’elle a 14 ans, abandonnée par son père, elle se retrouve seule avec ses deux sœurs, Julia, 13 ans, et Antoinette, 8 ans. Elles sont placées dans un orphelinat et élevées par les sœurs. Coco Chanel elle-même est peu loquace sur son enfance s’inventant dès son plus jeune age des romans-feuilletons qui se confondent à la réalité. Quand à son surnom, elle l’évoque ainsi : « Mon père m’appelait Petit Coco. Il mourait de peur qu’on m’appelle Gaby. Petit est parti, Coco est resté. Je me suis toujours appelée Coco ». Pour d’autres ce surnom lui viendrait d’une chanson (Qui qu'a vu Coco sur le trocadéro ? ) qu’elle aurait interprété dans un caf’conc à Vichy bien des années après.
A 17 ans, Coco Chanel est placé dans une institution à Moulins, où elle apprend les bonnes manières et comment tenir une maison. Déjà Coco Chanel affirme un caractère unique, « Je me trouvais très différente des autres ». C’est à cette époque qu’elle rencontre le premier homme de sa vie : Etienne Balsan. Le premier d’une liste qui comptera des illustres, des richissimes, des nobles, des artistes, comme seule Coco Chanel peut se vanter d’avoir rencontrer : Balsan, Capel, Westminster, Reverdy, Diaghilev, Stravinsky, Cocteau, Iribe ….
Des hommes qui furent parfois ses protecteurs et mécènes (Balsan, Capel) où ses protégés (Diaghilev, Reverdy, Stravinsky) , souvent amants !

La vie de la jeune Coco se déroule comme un roman ou un conte de fée. Une aventure humaine faite de rencontres et d’un courage lié à une volonté bien trempée qui l’ont mené au sommet en un temps record. Une vie tumultueuse où l’amour, la passion, le travail seront les moteurs d’une femme exceptionnelle qui ne pouvait vous laisser insensible.
Après s’être installée à Royallieu chez Etienne Balsan, elle le quitte pour s’échapper avec le meilleur ami de ce dernier l’anglais Boy Capel. Les deux hommes, dans une entente à trois, l’aideront à installer son premier atelier de chapeaux à Paris, Boulevard Malesherbes. C’est un vrai succès, Gabrielle Chanel a séduit les mondaines. En 1910, avec l’aide de Boy Capel elle ouvre une première boutique au 21 rue Cambon qui deviendra très vite un lieu incontournable pour la haute société de l’époque. Suivront une boutique à Deauville et à Biarritz.
C’est dans ces deux boutiques de province que le style Chanel va s’affirmer pendant la Grande Guerre. Elle va libérer la femme en tenant compte des contraintes du moment : les femmes travaillent , les hommes étant sur le front, et les matières nobles sont rares et chers.
Elle coupe des robes dans le jersey des sweaters de lads, ces tricots de corps pour les soldats, qu'elle même porte. Libérant le corps, abandonnant la taille, Chanel dessine une « silhouette neuve » pour la femme. Ainsi elle impose un nouvel art de vivre pour les femmes, peut-être sans le savoir. « J’ai eu de la chance, je suis tombée au bon moment » répétait-elle.
Toujours est-il que le succès est fulgurant et après la guerre les trois boutiques ne désemplissent pas et l’argent remplit les tiroirs caisses.
Mademoiselle Chanel s’impose dans le Paris mondain et culturel, l’argent aidant elle se prend de passion pour des artistes qu’elle subventionne avec la plus grande discrétion comme les Ballets Russes de Draghilev (1919). Elle créé également des costumes pour une opérette de Cocteau (« Le train bleu »). Elle dessinera également les costumes du film « La règle du jeu » de Jean Renoir (1939).
Pour faire face au succès elle investit les N° 27, 29 et 31 de la Rue Cambon, une adresse qui abrite encore aujourd’hui la Maison Chanel. Elle lance son premier parfum et s'associe avec les frères Wertheimer propriétaires de la marque Bourjois.
Vers 1925, Coco Chanel a plus de quarante ans, son charme irrésistible lui permet de faire succomber le Duc de Westminster, l’un des hommes les plus riches du Royaume-Uni. Une relation marqué du seau de la passion. « Si je n’avais rencontré Westminster, je serais devenue folle. J’avais trop d’émotions, trop d’histoires. Je vivais mes romans, mais très mal, avec trop d’intensité, prise entre celui-ci et celui-là, avec ma Maison sur les bras » .
Coté mode, elle adapte les panoplies masculines du Duc pour les intégrer aux vestiaires féminins. Elle est également l'une des premières à lancer la mode des cheveux courts, elle s’oppose résolument à la sophistication prônée par Paul Poiret, le styliste vedette de l’époque auquel elle s’est souvent opposée. Elle propose des tenues simples, bien étudiées et surtout pratique.
Sa liaison avec le Duc de Westminster ne dura pas plus de dix ans, ne pouvant notamment lui donner d’enfant. Un avortement dans la jeunesse de Coco ayant marqué à jamais cette femme.
Une Coco Chanel qui n’en était pas moins une femme séduisante décrite en 1932 par l’écrivain Maurice Sachs : « Elle n’était pas régulièrement belle mais elle était irrésistible. Sa parole n’était pas éblouissante mais son esprit et son cœur étaient inoubliables. » ²

Coco Chanel est une femme qui mena sa vie sentimentale, comme son entreprise, à la façon d’un homme. Dirigiste, intransigeante, exclusive, elle ne s’embarrassait pas de détours, elle savait tracer son propre chemin et n’avait cure des commentaires ou conseils. En 1939, elle n’hésita pas à fermer la maison Chanel sous l’occupation allemande. Une période trouble au cours de laquelle Coco Chanel eut un amant allemand, le baron Dingklag, qu’elle connaissait bien avant la guerre. En parallèle vers 1943, elle fût chargée par les allemands d’une mission secrète Madrid auprès de Winston Churchill (un ami du Duc de Westminster) afin de proposer une ouverture de négociations. Cette mission fût un échec, il n’y eu jamais de rencontre. Une période trouble qui lui ont valu quelques soucis à la Libération.
Après la guerre elle s’installe en Suisse, la maison de Couture restant fermé. Le succès est toujours au rendez-vous pour les parfums exploités par les frères Wertheimer auxquels Chanel fait un procès en 1939 afin de renégocier un contrat peu en faveur de Mademoiselle Chanel. Après de multiples manœuvres elle obtient réparation en 1947 avec d’énormes dédommagements sur les ventes faites pendant la guerre ainsi que le versement de royalties de 2% brut sur toutes les ventes de parfums Chanel dans le monde. Une aubaine quand on connaît le succès du Chanel N°5. Un succès qui doit beaucoup à la célèbre phrase de Marilyn Monroe, laquelle répondant à la question d’un journaliste qui lui demandait : « …. Comment vous habillez-vous la nuit ? ….» « Cinq gouttes de Chanel N°5 » *. Une phrase qui fit le succès du parfum et le désastre des marchands de pyjamas !
Malgré ce procès elle garda de très bonnes relations avec les frères Wertheimer, l’un deux étant éperdument amoureux de Coco.

En 1954, Coco Chanel décide a 71 ans de relancer se Maison de Couture afin de soutenir les ventes de parfums. Un retour qui sera un véritable fiasco à Paris, la presse n’ayant d’yeux à l’époque que pour le New look de Christian Dior. Pourtant à force de volonté et en passant par un succès à New York, Coco Chanel arrivera à imposer de nouveau des robes près du corps, une silhouette sobre et raffiné. Son style, son tailleur et son sac Chanel sont copiés partout dans le monde, elle habille les plus grandes stars.
Le magazine américain Life saluait ainsi le retour de la Grande Demoiselle : « La femme qui se cache derrière le parfum le plus célèbre du monde a peut-être fait sa rentrée un peu tôt mais déjà elle influence tout. A soixante et onze ans, elle apporte mieux qu’une mode, une révolution ». Un mot que Coco Chanel détestait.
Son style marqua à jamais les années 50, elle était la numéro un, Jackie Kennedy avait du sang sur son tailleur Chanel rose lors de l'assassinat de son mari John F. Kennedy. Lors des obsèques de du général De Gaulle, Mme Pompidou était en Chanel. Coco aimait être la première, l’unique, elle aimait qu’on le lui dise. Elle ne supportait pas la solitude et appréciait être entourée.

Dans les années 60 l’arrivée de la mini-jupe de Mary Quant et Courrèges désarçonna Coco qui ne su comprendre ce style et refusa de raccourcir ses tailleurs. A un journaliste elle répondait : « Bientôt les femmes sortiront nues. Vous saurez tout de suite à quoi vous en tenir, mon cher. On fait n’importe quoi pour épater trois ou quatre personnes. Les hommes vont avoir les femmes qu’ils méritent. » *
Celle qui avait libérée la femme dans les années 30 n’avait pas vu cette nouvelle libération il en fût de même pour Mai 1968 avec la vague hippie. Pourtant chaque année les défilés et les collections se suivent Rue Cambon, Coco Chanel se réfugiant dans le travail malgré son age.

Coco Chanel s’éteint le 10 janvier 1971 dans la suite du Ritz qu’elle occupait depuis de nombreuses années. Elle laisse derrière elle un véritable Empire qu’elle a construit par son seul travail avec une volonté incroyable. Une femme exceptionnelle, qui en 2009, exerce toujours autant de fascination, à juste titre !

Par L.L

*Coco par Chanel - Biographie Marcel Haedrich
²La décade de l’illusion de Maurice Sachs

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