L’histoire du luxe nous permet de mieux comprendre et d’appréhender ce marché. L’idée du luxe remonte au 17ème siècle avec les premières manufactures. Mais le luxe se concrétise réellement au 18ème siècle, on parle alors d’un luxe aristocratique. Une bourgeoisie influente en Europe qui avec l’essor des transports n’hésitent pas à voyager et à découvrir de nouveaux objets. A la fin du 19ème, début du 20ème siècle, la naissance des « maisons » dans des secteurs de la maroquinerie, de la mode ou de la joaillerie confirme cette réalité du luxe.
C’est à cette époque que des marques comme Louis Vuitton, Hermès, Gucci, Boucheron, Berluti, Guerlain, Chanel voient leur activité se développer à une grande vitesse. Des marques qui perfectionnent leur savoir-faire dans leur activité en visant toujours l’excellence. Mais c’est avec l’arrivée des marques comme Christian Dior que le luxe prend son envol. Il est le pionner à imaginer sa marque de manière globale et transversale. C’est le début du « Brand stretching » ou comment décliner sa marque sur différents supports. Il est le premier à appliquer le système des licences dans la mode. Ainsi en 1951 on trouve des bas, de la maroquinerie, des foulards, des chemises, des cravates avec la griffe Christian Dior. Après quelques années difficiles , le luxe redevient à la mode dans les années 80, ou le logo est roi. En 1983, 90% des ventes de la marque Christian Dior étaient réalisées sous licence. Dans les années 90 la marque Gucci signe elle plus de 22 000 produits différents. Une marque de luxe ne peut exister qu’en développant son activité autour de nouveaux produits et en développant son nom grâce notamment aux licences. Ce que Disney a réussit à faire avec son nom sur le secteur de l’enfant est applicable au secteur du luxe tant que le nom est symbole de qualité.
Mais cette vision à ces limites et les choix doivent rester pertinents car certaines « diversifications » ne sont pas toujours légitimes et la concurrence est vive. On n’imagine pas un jour voir un foie gras Chanel. Il faut donc être prudent avec sa stratégie de « brand stretching ». Lorsque la marque repose sur une histoire bien encrée sur un secteur (ex. maroquinerie) sur lequel vous êtes l’un des leaders, il est toujours plus aisé d’envisager un développement sur des supports différents. Ceci sera beaucoup moins facile pour une jeune marque en plein développement manquant parfois de solides fondations car le « brand stretching » n’est pas sans risques.
Pour s’imposer en tant que marque de luxe il faut soit le rester, soit le devenir. On peut devenir une marque de luxe à force de patience et d’investissement. En moins de 20 ans, on peut s’imposer dans l’imagerie collective comme marque de luxe. C’est ce qu’a réussit la marque de voitures Lexus (filiale de Toyota) aux Etats-Unis en devenant le N°1 de la voiture de luxe sur ce territoire (devant Mercedes). On peut aussi créer une marque ou redévelopper une marque en la montant en gamme, en gardant un niveau de qualité élevé, en faisant de cette marque un produit « à la mode » et en proposant un service client irréprochable.
Pour demeurer une marque de luxe il faut aussi développer son image, son nom, sur des secteurs parfois totalement étrangers comme Karl Lagerfeld réalisant une bûche de Noël pour Lenôtre ou Giorgio Armani s’associant à Samsung pour lancer un téléphone portable, les exemples ne manquent pas on pourrait aussi citer le portable Hummer.
Toujours est-il que pour devenir ou rester une marque de luxe il faut répondre à un certains critères incontournables. Offrir un service exceptionnel, le conseil d’expert ou un service sur mesure, le client doit se sentir unique et privilégié. Offrir des produits « exclusifs » avec une qualité irréprochable. Proposer de la nouveauté. Et bien sûr offrir du rêve, le client doit rompre avec son quotidien. Si vous n’adhérez pas à ces principes, la marque ne peut faire partie de l’univers du luxe. Une marque doit s’inscrire dans la durée dans l’histoire tout en restant connectée au présent, utiliser son patrimoine historique tout en proposant la nouveauté du moment. Ce que fait par exemple John Galliano chez Christian Dior.
Le luxe exerce un tel attrait et représente une clientèle si importante en terme de pouvoir d’achat que les initiatives pour « récupérer » ces clients sont nombreuses même par des marques n’étant pas liées directement à l’industrie du luxe. Comme Orange proposant un service de conciergerie à ses meilleurs clients ou bien encore Nespresso avec son Club et ses boutiques.Par MJ. Kenfack