Rencontre avec Fabrice Pernot, cofondateur de Le Labo. De new York à Paris…

JeunesCreateurs | Publié le 26/02/2008 15:10:36
Fabrice Pernot et Edouard Roschi ont créé Le Labo à New York en 2006. Avec très peu de points de vente dans le monde, ils sont pourtant devenus aujourd’hui, les maîtres du parfum sur mesure. votre magazine a rencontré Fabrice, véritable passionné par son métier, dans un café français à côté de sa boutique phare de Nolita.
Pourquoi avez-vous choisi le milieu des cosmétiques à New York ?
Fabrice : Je voulais travailler dans la pub. Mais lorsque l’Oréal m’a fait une proposition, j’ai accepté. Mais, je voulais améliorer mon niveau d’anglais, alors je suis parti à New York. J’ai eu la chance d’y être le bras droit de Roger Schmid, président d’une maison de parfums. C’est lui qui m’a permis de voir plus grand et m’a donné envie de me battre, pour créer ma propre société.

Comment est né Le Labo et pourquoi ce nom ?
Fabrice : C’est d’abord une envie de liberté, un besoin d’entreprendre. Mais il faut avouer aussi qu’Edouard et moi, nous avions le sentiment qu’il y avait un marché niche à prendre, un besoin de qualité et de personnalisation de parfums. Nous avons donc utilisé toutes nos économies et convaincu des copains de nous aider pour nous lancer dans cette nouvelle aventure. Le concept et le nom sont nés tout simplement. Alors que nous étions en train de faire visiter des laboratoires parfums, nous nous sommes rendus compte à quel point cet univers fascinait les gens. Nous, nous avions oublié tous ces éléments, ces matières premières et ces frigos car ils faisaient partie de notre quotidien. Le Labo met donc en scène le backstage de la création des parfums.

Comment définissez-vous vos produits ?
Fabrice : Tout est mis dans le jus. Les parfums sont créés par les plus grands nez et donc ils sont d’une excellente qualité. Les parfums sont frais puisqu’ils sont composés au moment. Nous n’avons aucun stock en magasin. Mais attention, les fragrances ne sont ni limées ni parfaites ; elles sont intègres. Je dirais même que nos parfums correspondent au style japonais Wabi Sabi, cet art de l’imparfait, de la simplicité et la dissymétrie reliée à l’altération du temps.
Nous personnalisons l’étiquette de chaque flacon avec le nom de la cliente. Chaque parfum porte aussi son propre nom composé d’une fleur et d’un numéro, le nombre d’ingrédients de sa formule.

Comment est venu le succès ?
Fabrice : Au départ, personne autour de nous n’y croyait ! Une boutique dans Nolita, pas beaucoup de passage, un concept particulier, original… Mais nous avons la chance d’être à New York et 6 mois après l’ouverture de la boutique en février 2006, les gens faisaient la queue devant la porte. Notre meilleur pub est le parfum lui-même puisque nous ne faisons aucun investissement en marketing. Une pleine page dans le magazine W et un article dans le New York Times nous ont tout de même bien aidé !

Quels sont vos parfums préférés ?
Fabrice : «Iris 39» car il est très daté et représente à mes yeux les années 30 ; il est le symbole de l’élégance. «Rose 31» car c’est le best-seller. Et je rajouterais aussi «Fleur d’oranger 27» car j’ai beaucoup travaillé sur sa formule.

Comment naît un nouveau parfum ?
Fabrice : Il n’y a pas vraiment de processus, c’est instinctif ; ça vient d’un coup. Par exemple, nous venons de créer une nouvelle fragrance exclusivement distribuée à Paris, chez Colette, «Vanille 44».  Nous avons choisi la vanille car les gens ne la connaissent pas très bien. Nous souhaitions faire un jus unique pour certaines villes. A New York, nous avons «Tubéreuse 40».

Quelles sont vos clientes ?
Fabrice : En général, nos clientes sont très ouvertes, elles sont ravies d’apprendre et de découvrir de nouvelles fragrances, aussi bien aux Etats-Unis qu’en France ou au Japon.

Après 4 ans et demi passés aux Etats-Unis, auriez-vous des conseils pour les Français qui voudraient y faire carrière ?
Fabrice : Si on veut rester Français, cela ne sert à rien de venir ici ! Il faut savoir accepter la chance et l’opportunité que nous offre New York pour se «défranciser». Il ne faut pas venir avec le même état d’esprit et surtout il faut aimer le risque.

Vos projets pour 2008 ?
Fabrice : Nous allons ouvrir une boutique à Los Angeles dans 2 mois et plus tard nous en ouvrirons une autre à Hong Kong. Et pour 2009, nous pensons à une boutique à Londres !

Le Labo à Paris
Colette
213, Rue Saint Honoré
75001 PARIS

De notre correspondante à New-York : Anne Corrons

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Interview with Fabrice Pernot, co-founder of Le Labo

Fabrice Pernot and Edouard Roschi created Le Labo in New York in 2006. Despite only a few stores, they have today become the masters of tailored perfumes. Fashions-addict met Fabrice, impassioned about his job, at a French café, close to his store in Nolita.

Why did you choose cosmetics in New York?
Fabrice: I wanted to work in publicity. But, when l’Oréal offered me a job, I accepted. But I wanted to improve my English, so, I came to New York. Here, I had the opportunity to become Roger Schmid’s right hand man, president of a very important perfume company. He showed me how to think big and gave me the desire to work to launch my own company.

How was Le Labo born and why did you pick this name?
Fabrice: First, it was a desire of freedom, a need to start something. But I also admit that Edouard and I, we had always thought that there was a niche market for development, a need for quality and personalization of perfumes. So we used all our savings and convinced our friends to start this new adventure with us. The concept of the store and the name were born simply. While we were showing people our perfume laboratories, we realized to what degree they were fascinated by this universe. We had totally forgotten all these elements, raw materials and refrigerators because they were part of our everyday lives. Le Labo reflects the backstage of perfume creation.

How do you define your products?
Fabrice: Everything is based on the liquid. Our perfumes are developed by the most famous perfume creators, so they are very qualitative. The perfumes are fresh since they are mixed on demand.  We do not have stock in the store. However, the fragrances are either perfect or lime; they are uncorrupted. I would also say that our perfumes correspond to the Japanese Wabi Sabi style. It’s this art of imperfection, where simplicity and dissymmetry are together. We personalize each bottle with the client’s name. Every perfume also has its own name composed by a flower and a number, the quantity of ingredients.

How did you succeed?
Fabrice: In the beginning, no one close to us believed in our idea. They said:
 “ A store in Nolita, not a lot of traffic, a strange concept store…” But, we are lucky to be located in New York and, 6 months after the opening, people were staying on line in front of the door. Our best publicity is the perfume itself since we do not invest in marketing. Well, a one-page article in W magazine and an article in the New York Times also helped us!

Which are your favorite perfumes?
Fabrice:  There are “Iris 39” because it’s vintage and for me represents the 30’s. It’s also the symbol of elegance, “Rose 31” because it’s the best-seller, and I would add “Fleur d’oranger 27” because I worked a lot on its formula.

How is a new perfume created?
Fabrice: There’s not really a fixed process – it’s instinctive and comes all of a sudden.  For example, we have just created a new fragrance, « Vanille 44 », distributed exclusively in Paris at Colette.  We chose vanilla because many people don’t know it very well.  We also wanted to create a unique scent for certain cities.  In New York, we have « Tubéreuse 40 ».

What are your clients like?
Fabrice: In general, our clients are very open-minded.  They are delighted to learn about and discover new fragrances here in the US, in France, and in Japan.

After four and a half years in the United States, do you have any advice for French people who want to make a career here?
Fabrice: If you want to remain French, there is no need to come here!  You have to know how to accept the opportunity that New York offers to remake yourself.  You shouldn’t come with the same state of mind you had in France and you should particularly like taking risks.

What are your projects for 2008?
Fabrice: We are going to a boutique in Los Angeles in two months and, later we  are opening another in Hong Kong.  And in 2009, we are thinking about a boutique in London!

From New-York : Anne Corrons