La création de jardins botaniques (à Padoue, à Leyde et à Montpellier en 1598) et la culture des plantes à parfum furent également un élément majeur au développement du parfum. Les métiers liés au parfum profitent de cet essor, les parfumeurs vénitiens sont les plus réputés, mais peu à peu les parfumeurs sont concurrencés par des particuliers qui possèdent des alambics chez eux.
En France, les parfumeurs de la cour sont étrangers. Catherine de Médicis lorsqu’elle s’installa à Paris importa avec elle son parfumeur italien René le Florentin qui ouvrit boutique sur le pont au Change, un endroit renommé pour ses essences et ses poisons.
Dans le sud de la France, le soleil est propice au culture de plantes aromatiques, ainsi se développe une industrie des produits parfumés. La première culture des plantes à parfum dans la région de Grasse fût le bigaradier, implanté tout d’abord à Golfe-Juan au 16ème siècle par les moines de Lérins. Montpellier étaient devenue la ville des parfums et de la médecine et développait des recherches dans ce domaine. Au 16ème siècle, médecine et parfum sont toujours très liés. Certains parfums sont utilisés comme remèdes, on prescrit des bains aromatiques pour soigner certains maux. La Renaissance étant frappée par la peste, de nombreux remèdes à base d’aromates sont testés pour lutter contre l’épidémie ; Nostradamus confectionne une pastille à base de sciure de cyprès, de l’iris, de la girofle …. Un parfum liquide venu de Venise fut vite réputé contre la peste … Les parfums ou produits odoriférants sont également utilisés pour assainir et purifier.
A cette époque les bains ont une mauvaise réputation et sont soupçonnés de propager les maladies, en conséquence on se lave moins. Une aubaine pour les parfums qui sont de plus en plus utilisés pour masquer les mauvaises odeurs et cacher la saleté. Toutefois le parfum conserve un rôle d’épanouissement de l’âme et du corps, il doit réjouir les sens.
Les cours européennes connurent la même frénésie pour les parfums et les cosmétiques. La poudre blanche parfumée pour les cheveux et les perruques apparaît à la Renaissance, c’est un signe de distinction entre les classes nobles jusqu’à la Révolution. La beauté extérieur revêt une importance de plus en plus marquée. Cette évolution des mœurs permit de gros progrès techniques. On ne parle plus d’alchimie mais de chimie. L’art de la distillation réalise de gros progrès grâce à l’analyse et à l’expérience. Les procédés évoluent, on limite les effets du feu sur les essences. On améliore aussi l’utilisation des alcools.
Plus tard , la cour de Louis XV fut même baptisée « cour parfumée ». Avec les règnes de louis XIV et Louis XV , la France influença l’Europe grâce à une période de calme ce qui permet le développement d’une civilisation brillante.
Le 19ème siècle marque un vrai tournant, on revint au naturel et aux parfums floraux, c’est le siècle du raffinement. Les grands parfumeurs de l’époque posent les fondations du monde des odeurs d’aujourd’hui. L’élégance et le bon goût sont à la mode, discrétion et retenue sont les mots d’ordre symbolisé par l’odeur délicat d’un délicieux bouquet. Cette plus grande sensibilité à l’odeur engendra l’ode de la propreté, et les traités de savoir-vivre et d’hygiène s’accordèrent tous à ne plus considérer l’hygiène comme un luxe mais comme une nécessité. Les bains redeviennent donc à la mode et un signe distinctif symbole de savoir-vivre.
La parfumerie industrielle et moderne dût son essor à l’abolition des édits corporatifs et au progrès de la chimie organique. On saisit l’importance croissante du procédé de l’enfleurage des graisses au travers d’un traité publié en 1809, le parfumeur impérial, de Bertrand. D’autres procédés apportèrent de vraies améliorations en matière de production notamment au niveau des pommades et des alcools. L’enfleurage étant un procédé très coûteux, on passa dans la deuxième moitié du siècle vers 1870 à l’extraction directe du parfum par des solvants volatils. Le dernier tiers du siècle vit apparaître successivement les grands produits de synthèse utilisés de nos jours : l’alcool phényléthylique, l’héliotropine (1869), la coumarine, la vanilline. En 1889, Baur mit au point le premier musc artificiel. L’apparition de ces produits de synthèse marque la naissance de l’industrie chimique des parfums. C’est ainsi que le parfumeur se transforma en véritable créateur de formes olfactives.
Devant l’importance accrue de la profession de parfumeur Aimé Guerlain fonde le syndicat de la parfumerie. A l’aube du 20ème siècle l’industrie de parfum prend conscience des enjeux économiques et intègre les notions de marketing mais également l’importance du flacon. François Coty l’un des grands parfumeurs de la Belle Epoque recherche les compétences des différentes branches artisanales et n’hésite pas à faire appel à des verriers comme Baccarat ou Lalique et à des graphistes de renom comme Mucha. Le couturier Paul Poiret saisit lui la subtilité du jeu entre le vêtement et le parfum, avec sa création Rosine en 1911 il ouvre la voie aux couturiers parfumeurs. Le 20ème siècle voit l’avènement de la grande parfumerie française qui s’est imposée dans le monde entier et représente tout le raffinement à la française. Aujourd’hui les parfums sont notre quotidien : bougies, huiles parfumées, encens, eau de toilette, diffuseur, cuisine parfumée. Tout nouveau produit intègre la notion de parfum pour convaincre ou séduire, c’est devenu un atout marketing.
L’histoire du parfum a émaillé l’Histoire des civilisations, elle s’est construit avec l’évolution des mœurs, des traditions, de la religion et des sciences. Une histoire passionnante qui va bien au-delà d’un simple produit. Le Parfum a une âme son histoire en est la preuve.
Par L.L
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